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Interview

Aliaga : "Je suis passé au zapping avec Guy Roux !"

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 02/01/2024 à 01:00

Aliaga : "Je suis passé au zapping avec Guy Roux !"Aliaga : "Je suis passé au zapping avec Guy Roux !"

Michel Aliaga, chef des sports de France 3 Provence-Alpes, revient sur ses souvenirs aux commentaires des matchs de coupe de France. Le 32e de finale de coupe de France de l'OM dimanche contre Thionville sera diffusé à 14h30 sur les antennes de France Télévisions et de BeIN Sports. Entretien avec celui qui suit l'OM pour France 3 depuis près de 30 ans.

Michel, l'OM va jouer contre Thionville sur France 3, c'est fréquent avec la Coupe de France. Comment on va pouvoir voir le match ?

Michel Aliaga : "C'est le fameux "à chaque région son match". Il y a deux options. Est-ce que l'OM sera choisi comme le match fil rouge ? Si oui, à ce moment-là, vous allumez France 3 n'importe comment et vous avez l'OM, ou alors vous allez sur France 3 Provence-Alpes et France 3 Lorraine-Champagne-Ardennes." (Le match sera également diffusé sur un canal de BeIN Sports, ndlr)

Et cette année, tu n'es pas aux commentaires, Michel ?

M.A. : "Et non, figurez-vous que j'ai pris quelques jours de vacances ! Et en plus, ça tombe bien, puisque l'OM joue à l'extérieur. Donc j'aurais pu revenir si l'OM avait joué à domicile, mais non je regarderai le match à la télé".

Souvent tu as commenté ces matchs-là, une bonne douzaine de fois. Que gardes-tu de ces expériences et de ta première ?

M.A. : "Ce n'était pas la Coupe de France, j'ai commenté un match amical en 1996, c'était ma première fois, à Tunis, l'OM jouait contre l'équipe nationale de Tunisie dans le stade de Tunis. Et je l'ai commenté dans des conditions rocambolesques puisque j'avais les moyens techniques tunisiens et rien ne marchait. Et donc pour une première je peux vous garantir que vous commentez l'OM, c'est peut-être l'un des plus beaux jours de votre vie, et en fait ça se transforme en cauchemar puisqu'il y avait des coupures de son... c'était sur France 3, mais avec les moyens de la télévision tunisienne, et donc c'était un cauchemar. Sinon, la Coupe de France c'est des moments extraordinaires."

"J'étais totalement congelé, j'avais du mal à parler, je tremblais"

Quel est ton meilleur souvenir en coupe de France, que ce soit en tant que commentateur ou en tant qu'homme de terrain ?

M.A. : "Alors je vais en dire deux. Il y a un souvenir extraordinaire, puisque c'est la première fois que je suis sur la pelouse du Vélodrome, en bord terrain, et l'OM joue contre Auxerre en 1998, et l'OM perd 3 à 2 avec 3 buts de Guivarc'h, ce qui l'amènera d'ailleurs à être sélectionné pour le mondial quelques mois plus tard et il sera champion du monde. Il a mis notamment un but extraordinaire dans les arrêts de jeu. Donc j'interviewe Guivarc'h, puis je vais dans les vestiaires et j'interviewe en direct Guy Roux, qui pourrit tous ses joueurs parce qu'il a peur qu'ils prennent froid... et je passe au zapping le lendemain avec Guy Roux, qui est dans la grande période Guy Roux. Donc ça, ça m'a marqué. Et puis évidemment, il y a le 5 janvier 2007. C'est un Cambrai-OM en 32e de finale de Coupe de France. Je le commente en prime time avec mon collègue de France 3 Nord Pas-de-Calais. L'OM va gagner après prolongation 4 à 1 avec un triplé de Djibril Cissé. Mais je suis resté 3 heures dans un stade à ciel ouvert où il faisait -9° au début, donc je pense -15° à la fin, et j'ai cru que je ne pourrais pas finir le match parce que j'étais totalement congelé, j'avais du mal à parler, je tremblais et j'ai eu froid... le froid était sur moi pendant quatre jours tellement il s'est imbibé dans mon corps, comme si j'avais bu pendant trois jours et que l'alcool ne voulait pas partir !"

Souvent tu as commenté par grand froid, le premier match de l'année, début janvier...

M.A. : "Comme c'est à chaque match sa région, c'est surtout le premier tour, puisqu'après les grands pontes parisiens débarquent au Vélodrome et ne veulent pas que les journalistes de province leur fassent d'ombre. Donc oui, ça s'est toujours limité aux 32es et 16es de finale. Mais oui, j'ai fait du froid. Après j'ai fait aussi au Vélodrome, il fait moins froid qu'à Villeneuve d'Ascq ! J'ai fait Martigues (Hyères-OM la saison dernière par exemple), Montpellier, je suis retourné à Lille... mais c'est que du bonheur. Après c'est très difficile pour moi, parce qu'il faut rester professionnel quand c'est le direct, alors ça va que c'est un 32e de finale, qu'il n'y a pas un titre au bout, mais j'avoue qu'il faut savoir rester professionnel..."

Oui parce que c'est l'OM aussi !

M.A. : "Quand on joue contre le Canet-Rocheville au Vélodrome et qu'on prend un but ... on sent qu'on va repartir pour une élimination contre une équipe de National 2 et que vous voyez vos deux collègues qui sont enthousiastes, il faut garder son sang froid, il faut interviewer un joueur du Canet Rocheville à la mi-temps et un joueur de l'OM aussi, il faut être professionnel et j'ai su le faire, mais parfois c'est difficile."

Tu peux nous parler du métier d'homme de terrain, car tu l'as aussi fait. On voit Laurent Paganelli... On ne mesure peut-être pas la difficulté de ce rôle, on se dit que c'est tout confort, ils sont sur le banc, ils attendent leurs interviews, ils font 2-3 phrases par match. D'ailleurs il y en a qui interviennent beaucoup plus que d'autres...

M.A. : "Pour moi c'est très difficile. Pourquoi ? Parce que tu viens de le dire. Il faut avoir une complicité avec ceux qui commentent. Parce que sinon on peut te taxer d'être trop interventionniste et de vouloir prendre la vedette aux deux commentateurs. Donc un bon commentateur de terrain, c'est celui qui apporte quelques petites informations qui se passent sur le banc, à petite dose, qui sait être pertinent, mais de temps en temps. Et surtout, il y en a qui ont un ego très très fort quand ils commentent, et qu'ils n'acceptent pas que l'homme de terrain puisse prendre la vedette. Ce qui a valu d'ailleurs des problèmes notamment à Canal+, entre Paganelli et un commentateur, parce que Paganelli c'est trublion, il s'en fout, il rigole, il intervient... et certains le prennent mal. Donc homme de terrain, encore une fois, un bon homme de terrain, il doit savoir en gros être au service des deux commentateurs, apporter sa connaissance et ce qu'il voit, mais par petites touches."

Et justement quand tu fais homme de terrain et que c'est l'OM, est-ce que t'arrives à prendre aussi du plaisir ?

M.A. : "Oui. J'ai pris du plaisir en interview avec Tudor tout seul sur le banc avant le match, Sampaoli tout seul sur la pelouse du Vélodrome, Guendouzi, Rongier à la mi-temps ou à la fin d'un match, et que tu as une complicité, tu es seul avec lui. À ce moment-là, tu te rends compte de la chance que tu as, tout en étant extrêmement concentré, puisqu'encore une fois tu dois être professionnel, tu ne dois pas laisser paraître une certaine complicité, mais d'un autre côté tu dois être le plus décontracté possible et pertinent. Ce n'est pas si facile que ça, surtout quand il y a le cœur au milieu."

Est-ce qu'il n'y a pas un regret de n'avoir pas eu un peu des gros matchs à commenter justement ? Un OM-PSG, par exemple, est-ce qu'il n'y a pas un petit regret de ne pas être en bord-pelouse ?

M.A. : "Oui, oui clairement. Oui... mais il faut forcer sa nature. Quand tu restes toi-même, peut-être que tu as moins de regrets. Pour faire ça, il faut peut-être avoir un peu plus de lobbying, un peu plus cirer les pompes, un peu plus avoir des relations en n'étant pas soi-même. Et donc, je préfère rester moi-même et ne pas l'avoir fait plutôt que de m'être un peu fourvoyé, m'être un peu trahi et avoir fait un OM-PSG..."

On ne dit pas que ceux qui ont fait ces matchs-là ont fait ça...

M.A. : "Je n'ai pas dit ça."

C'est parce que c'est plus dur quand on travaille en région ?

M.A. : "Voilà. Mais après, j'ai eu des propositions pour aller à Paris et je les ai refusées parce que je préfère être prince à Marseille que roi à Paris. Et surtout je n'ai pas voulu partir de ma région, donc ça je l'assume totalement, je suis tellement heureux d'avoir fait tout ce que j'ai fait. C'est plus que ce que j'aurais imaginé et je m'en contente très bien. Mais c'est vrai, qu'un OM-Lyon en finale de la Coupe de la Ligue, ça m'aurait bien plu. Surtout quand il y a victoire, mais ce n'est pas "mon dieu je suis passé à côté de quelque chose".

Pour finir, il y a un grand événement cet été sur France Télévisions avec les Jeux Olympiques. Et à Marseille il y aura de la voile et du foot. On va te voir sur nos écrans lors de cet événement ou ce n'est pas prévu ?

M.A. : "Deux choses. J'ai tout fait : Le Tour, je vais d'ailleurs faire 4 jours sur Le Tour cette année qui passe dans notre région, la Coupe du monde de rugby, la Coupe du monde de foot, Marseille-Cassis, j'ai commenté les matchs de l'OM, j'ai tout fait pour moi. Et la voile, les Jeux Olympiques, je ne suis pas assez compétent et je n'ai pas envie en fait."

Et le foot ?

M.A. : "C'est verrouillé, je préfère voir les JO en étant en vacances à la télé, me régaler. Je préfère le regarder, j'ai trop fait de choses et encore une fois je le laisse aux autres. J'aurais préféré encore une fois, à choisir, une finale de coupe de France de l'OM".