"Alessandrini, pourquoi t'as fait ça ?"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 16/08/2015 à 11:40
Le réveil est difficile pour de nombreux supporters olympiens. Alors que l'OM joue à 14 heures pour tenter d'obtenir sa première victoire de la saison à Reims, il faut faire avec une interview de Romain Alessandrini dans le Journal du Dimanche. Au vu de sa cote auprès des fans de l'OM, il aurait pu faire partie sans mal des pages suivantes, celles du classement des personnalités préférées des Français, rien qu'avec le soutien de son fan-club phocéen. Mais peut-être pas après son interview du jour. Le milieu offensif ne passe rien à son ancien entraîneur, Marcelo Bielsa. Morceaux choisis : "Les joueurs, comme les supporters qui scandaient son nom chaque semaine, se sentent trahis", "humainement, Bielsa ne m'a pas marqué, je n'en garderai pas un grand souvenir", "pour ses adieux, il n'y avait pas d'émotion, il ne nous a même pas serré la main", "ça fait du bien de retravailler la conservation du ballon à l'entraînement car pendant un an, on n'a fait que des oppositions". Le milieu offensif place même que son ancien entraîneur à Rennes, Frédéric Antonetti, a les épaules pour réussir sur le banc du Vélodrome avec un autre tacle : "Il a beaucoup de caractère et une large connaissance de foot. Lui m'a fait progresser". Le message est passé. Mais pourquoi tant de haine ?
Romain Alessandrini a passé une année frustrante avec Marcelo Bielsa l'an dernier. Remplaçant d'André Ayew, il aurait pu briller avec le départ de ce dernier à la CAN. Mais il est revenu trop vite au mois de janvier, aggravant sa blessure au pied et, de fait, sa relation avec Marcelo Bielsa et son staff, Jan Van Winckel en tête. Joker important à Saint-Etienne avec deux passes décisives une poignée de minutes après son entrée en jeu, il enchaîne derrière avec un long séjour sur le banc. Il ne fera son retour qu'en toute fin de saison sur l'aile droite. C'est sur ce côté qu'il a marqué les esprits contre la Juve. A ce même endroit qu'il a été beaucoup plus décevant contre Caen. Bielsa l'a alors sorti à la mi-temps. Sans un mot. Un traitement que n'a pas apprécié le joueur. Mais il peut pourtant s'estimer heureux. Si par un mécanisme un peu fou, les virages du Vélodrome avaient pu jouer à l'entraîneur le temps du match contre les Normands, il serait sorti au même moment, sûrement accompagné de noms d'oiseaux. De même, ce n'est pas Marcelo Bielsa qui a fait signer Alessandrini en lui expliquant qu'André Ayew n'en avait plus que pour quelques semaines au club, laissant l'ancien joueur de Rennes découvrir à la toute fin du mercato que son ancien partenaire en U15 à l'OM irait finalement au bout de son contrat. En tirant ainsi à boulets rouges sur son ancien entraîneur, Alessandrini rend un fier service à son président, qui s'efforce de tourner le plus rapidement possible la page du technicien argentin. De quoi y voir une nouvelle opération de communication téléguidée avec l'aimable participation du numéro 11 ?
Il ne faut peut-être pas aller si loin. Romain Alessandrini a peut-être tout simplement été maladroit. Dans une Ligue 1 de plus en plus aseptisée, où un joueur qui n'a pas dix matchs avec les pros se tourne vers ses conseillers avant la moindre déclaration, où les clubs se barricadent pour ne rien laisser filtrer, il y en a encore pour dire ce qu'ils pensent, quitte à choquer. Ca serait quand même dommage de s'en plaindre. Que l'on soit pro ou anti-Bielsa, les propos d'Alessandrini troublent car on s'attend à une solidarité entre un joueur et son ancien coach. Mais le Marseillais n'a jamais caché ce qu'il pensait depuis le départ, n'a jamais joué au faux-cul, même la saison dernière. Alessandrini sait faire la part des choses et rappelle les bons moments qu'a fait vivre Bielsa au club ainsi que son impact sur l'envie collective dans la même interview. Le soir où Bielsa présente sa démission, il ne fait pas partie des joueurs qui quittent le vestiaire avant son retour. Et avant de partir du stade, il est des rares éléments à s'arrêter et à se risquer à donner ses impressions à chaud aux journalistes présents. Son message était alors dans la même veine, à ses yeux, l'OM est bien au-dessus de Bielsa. Sa franchise lui joue donc peut-être des tours là où un de ses coéquipiers a usé de bien plus de vices pour "faire le métier" : poli et prudent face caméras, il s'en est pris à Bielsa à mots couverts qu'une fois les micros éteints avec un de ses amis journalistes. Parce qu'il a toujours été cohérent dans sa posture, Alessandrini peut donc plaider la maladresse. Attention, ça ne marche qu'une fois.