Il y a deux ans tout pile, les supporters de l'OM rêvaient de Romain Alessandrini. Le joueur de Rennes, qui devait alors se remettre d'une rupture ligamentaire au genou droit, avait réussi à marquer les esprits. Sur le terrain, où son style spectaculaire et engagé permettait à l'équipe bretonne de jouer les premiers rôles, mais aussi en dehors, où il donnait l'image d'un joueur différent. Passé par Gueugnon, Alessandrini affichait sa joie d'être là, dans l'élite, après déjà une grave blessure. Sa volonté était alors liée à sa bonne humeur dans le vestiaire, qui le poussait à faire des choses (comme faire les initiales OM avec ses doigts après un but au Parc des Princes) que d'autres joueurs pros n'auraient jamais faites, de peur de se fermer des portes. Pour tout ça, Alessandrini était ardemment désiré, plus que d'autres joueurs à son poste, comme Antoine Griezmann par exemple. Comparer de nouveau les deux joueurs aujourd'hui n'aurait pas de sens tant il en a bavé pour revenir. Après une saison à retrouver toutes ses sensations à Rennes, Romain apprend à vivre le contexte marseillais de l'intérieur. "C'est vraiment une année d'adaptation pour moi, et je sens que je peux mieux faire", assure-t-il. En tout cas , il est déjà à l'aise face aux micros.
Avec Souleymane Diawara, le vestiaire de l'OM avait perdu son meilleur client pour la presse. Comprendre un joueur capable de répondre avec franchise à la quasi-totalité des questions qui lui sont posées, non sans faire de l'esprit, mais tout en prenant soin de ne pas mettre non plus le feu à l'intérieur du groupe. Mieux qu'un joueur qui vide son sac une fois avant de disparaître, Alessandrini peut distiller ses messages, semaine après semaine, tout en finesse. Et surtout sans en faire des tonnes lorsqu'il faut faire de l'intox. Il est, par exemple, revenu sur tous les articles publiés la semaine dernière sur les limites de la méthode Bielsa. "Ce qui se passe dans un vestiaire ne devrait pas sortir. Après, est-ce que c'est la vérité ou pas ? C'est nous qui le savons". Il ne dit pas que c'est faux, il ne donne d'ailleurs pas dans la langue de bois pour couvrir le préparateur physique, Jan Van Winckel, à propos de sa reprise prématurée : "C'était une période assez délicate. Il manquait Dédé Ayew, il manquait des joueurs... Oui, j'ai voulu bien faire. C'était peut-être un peu tôt, mais ça fait partie du football, ça me servira d'expérience pour la suite". Mais Alessandrini est également capable de dire ce qu'il pense de Bielsa, comme c'était le cas à la sortie des vestiaires à Saint-Étienne ("Vous savez très bien que le coach a mis en place une équipe très définie depuis le début de saison") ou de jouer un rôle dans le vestiaire ("J'essaie d'aiguiller Ocampos, quand on arrive dans un club, ce n'est jamais évident. J'aurais aimé qu'on fasse ça avec moi aussi.") En toute simplicité, sans polémiques.
Reste maintenant le principal, redevenir le joueur flamboyant qu'il était sur le terrain, il y a plus de deux ans donc. Ses deux passes décisives à Saint-Étienne vont peut-être agir comme un déclic. Le positionnement d'André Ayew au milieu du terrain pourrait également l'aider à gratter plus de temps de jeu sur son aile gauche. "Mais vous oubliez Thauvin !" s'exclame-t-il, avant d'expliquer qu'il n'est pas dans le même état d'esprit qu'à ses débuts à l'OM. "Je n'étais pas au meilleur de ma forme quand j'ai débuté mes matchs. Ce n'était pas dans les meilleures conditions aussi, à mon goût. C'est vrai qu'en commençant les matchs, je me mettais un peu de pression". Espérons que maintenant, tout soit réglé. Il n'y a plus de temps à perdre pour rattraper Griezmann.
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