La frustration du transfert raté l'année précédente avait décuplé sa joie au moment de signer à l'OM l'été dernier. Celui que l'on a rapidement surnommé l'enfant des Chartreux, son quartier, revenait à l'OM par la grande porte, après avoir loupé le cut de la formation quelques années auparavant. Il était, de plus, la première recrue de l'ère Bielsa, et ses performances lors des matches de préparation laissaient penser que la greffe était en train de prendre. Mais, après des débuts en championnat sans grand relief et surtout le début d'une série de pépins physiques, Romain Alessandrini a finir par disparaître peu à peu des radars.
En plus de sa cheville récalcitrante, qui l'a tout de même mis sur le flanc deux bons mois, si l'on compte une reprise trop hâtive et la rechute qui en a découlé, l'ailier gauche s'est, de plus, heurté à une concurrence sans pitié. Un André Ayew indéracinable dans son couloir gauche, Thauvin de l'autre côté, indéracinable également quelles que soient ses performances, et puis la surprise du chef, Lucas Ocampos, débarqué fin janvier dans ce secteur ultra-concurrentiel. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir tout fait pour forcer la décision, en jouant pour l'équipe avant de jouer pour lui-même et en faisant preuve d'un état d'esprit irréprochable, à l'entraînement mais aussi devant la presse lorsque le bateau tanguait dans la houle du mois de janvier. On l'a même vu sauver l'équipe du naufrage, à St Etienne, avec deux offrandes pour Batshuayi quand l'OM prenait l'eau.
Mais rien n'y fait, et pour le moment Alessandrini reste cantonné au rang de quatrième choix pour deux postes. 31 petites minutes de jeu depuis son entrée à St-Etienne, et pas une seule à Toulouse et face à Lyon. "Ce n'est pas quelque chose que l'on avait prévu, explique au Phocéen son agent Yvan Lemée. On pensait qu'il allait s'imposer tout de suite, mais il y a eu sa blessure avant le début du championnat, ce qui l'a gêné au démarrage. Lorsqu'il est revenu sur le terrain, il a eu la malchance de se blesser à nouveau puis de rechuter car il n'était pas prêt". Des pépins inhérents au métier, mais le retour dans l'oubli après la belle entrée à Geoffroy Guichard est plus difficile à avaler : "C'est un peu moins compréhensible, admet Lemée, il est à quatre passes décisives et un but en cinq matches comme titulaire, ce qui n'est pas rien. C'est dommage, il subit un peu cette situation, mais c'est un guerrier Romain, c'est un Marseillais qui a toujours voulu s'imposer ici, donc ce ne sont pas quelques semaines difficiles qui vont tout remettre en cause". Même si la situation s'éternise ? "Bien sûr, il faudra avoir un peu plus de visibilité en vue de la saison prochaine. On fera le point avec le club à la fin de la saison sur le projet à venir, mais sa volonté, c'est de s'imposer à l'OM".
L'Equipe révélait dimanche dernier que Sunderland et Villareal s'étaient renseignés cet hiver, en vain. Reste à savoir si Alessandrini sera encore en mesure de les refouler l'été prochain. Une nouvelle fois, les clés sont dans la poche de Marcelo Bielsa.