"Abdennour est victime de sa timidité"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 18/09/2018 à 16:30
Il y a un peu plus d'un an, l'OM allait chercher Aymen Abdennour (29 ans) à Valence en toute fin de mercato, alors que la défense de Rudi Garcia donnait d'inquiétants signes de faiblesse. Un prêt assez inhabituel de deux ans, mais aussi un soulagement pour les supporters marseillais, qui avaient encore en tête le défenseur central impitoyable de l'AS Monaco en Champions League, ou encore celui qui tenait l'arrière-garde du TFC à bout de bras. Un an plus tard, on constate malheureusement que le Roc de Sousse n'en finit plus de plonger dans l'oubli, au point que Rudi Garcia lui a signifié ne pas compter sur lui pour cette saison et a rayé son nom de la liste pour l'Europa League. "Le coach a décidé de ne plus me faire jouer. Je ne vous cache pas que je suis déçu. Mais je suis un joueur professionnel et un grand compétiteur, je respecte les décisions, déclarait-il cette semaine dans les colonnes de Footmercato. Concernant l'Europa League, c'est triste, ce n'est pas bien, mais je ne dois pas baisser la tête". Sollicité cet été en Turquie, il a préféré rester à l'OM en dépit de cette situation inextricable. Pourquoi ? Le Phocéen a interrogé quelqu'un qui le connait bien : le correspondant de La Presse de Tunis à Sousse, Hatem Regaieg. Interview :
Hatem, selon vous, qu'est-ce qui a poussé Abdennour à rester à l'OM cet été ?
Hatem Regaieg : "Le fait de rester dans cette galère à l'OM est assez étrange, mais il s'est fixé le défi de rebondir dans ce club. Je ne sais pas s'il en est capable, mais ceux qui le connaissent de près savent que c'est un vrai bosseur qui ne baisse jamais les bras. C'est pour cela qu'il a refusé certaines offres qui ne lui convenaient sûrement pas".
C'est étonnant, car il sait parfaitement que Rudi Garcia ne compte plus sur lui ?
HR : "Oui, c'est curieux. Même son entourage proche était sceptique sur son choix. Mais, je pense que les offres qu'il a reçues n'étaient pas vraiment sérieuses. Du coup, il préfère travailler dur pour essayer de retourner la situation et rester compétitif en vue des prochaines périodes de mercato".
Comment le joueur qu'il était a-t-il pu perdre son niveau en deux ans ?
HR : "Il faut savoir qu'Aymen est quelqu'un d'hypersensible et assez émotif, contrairement à ce que l'on peut penser. Il est victime de cette timidité qui lui a joué des tours, je pense. À l'OM, il n'est pas vraiment parvenu à s'intégrer dans le vestiaire, car il est introverti. C'est même le cas en équipe nationale où il a toujours été en retrait par rapport à ses camarades. Je pense qu'on peut l'expliquer comme ça".
C'est ce qui s'est passé à Valence ?
HR : "Oui. Il me disait récemment qu'il aurait dû s'imposer là-bas, mais qu'on ne lui a pas laissé le temps pour s'adapter. Encore une fois, c'est peut-être un problème de communication, parce que je peux vous dire que c'est quelqu'un de très sérieux, avec une hygiène de vie irréprochable, y compris lorsqu'il rentre à Sousse. Il est sans cesse en train de travailler avec son préparateur physique. C'est un passage à vide qui a trop duré".
Y compris avec l'équipe nationale ?
HR : "Tout à fait. Le fait de ne pas avoir été appelé pour la coupe du monde l'a énormément affecté. C'est vrai qu'il ne jouait pas beaucoup, mais le coach a appelé à sa place un joueur comme Benalouane qui ne jouait pas du tout avec Leicester. Il a été touché profondément".
Comment voyez-vous son avenir proche ?
HR : "Il a fait un choix discutable, mais c'est son choix. Même son agent cherchait absolument à le placer ailleurs. J'espère qu'il va réussir, mais c'est quand même mal parti".