Vélodrome : le très gros coup de McCourt et Eyraud

En récupérant l'exploitation exclusive du Vélodrome, l'OM s'est donné les moyens d'entrer enfin dans le monde des grands clubs européen. On peut aussi dire qu'il rattrape ses rivaux français, puisque le PSG, en exploitant le Parc des Princes, génère trois fois plus de recettes, et que Lyon est propriétaire du Groupama Stadium.

Un très joli coup de la part de Frank McCourt et Jacques-Henri Eyraud, après des mois de lutte acharnée. En effet, en distillant à intervalles réguliers de petites phrases sur le dossier, JHE a su faire monter la pression tout en manoeuvrant à la perfection pour parvenir à ses fins. Et l'ambition des dirigeants olympiens ne s'arrête pas là, comme nous l'explique le journaliste d'investigation marseillais Xavier Monnier (son enquête sur le sujet pour Capital à lire ici):

Finalement, l'OM de McCourt a réussi son tour de force en récupérant l'exploitation du Vélodrome. Pourquoi était-ce si compliqué ?

Xavier Monnier : "Le PPP signé à l'origine par la mairie a été une catastrophe, avec une facture énorme à régler, de l'ordre de 500 M€ à payer sur 35 ans. Depuis, on se demande comment payer, et l'OM a toujours dit qu'il n'était pas là pour payer les manquements des politiques marseillais. À cette époque, les rapports entre la mairie et l'OM de la fin de l'ère Louis-Dreyfus étaient tendus, et c'est Arema qui avait le beau rôle dans cette affaire. Là, Jean-Claude Gaudin a donné un vrai coup de main à Eyraud et McCourt, c'est la grosse différence".

Pourquoi ce revirement ?

XM : "En vingt mois, Frank McCourt a investi 180 M€, ce qui pèse énormément, puisqu'aucun investisseur n'a mis autant d'argent à Marseille en aussi peu de temps. Cela a toujours été le discours d'Eyraud, et ça compte".

Comment l'OM a-t-il retourné cette situation ?

"Là où McCourt et Eyraud ont fait très fort, c'est qu'ils ont très vite vidé l'OM Association, qui était historiquement proche de la mairie, de sa substance. Peu à peu, ils arrivent à reprendre la main sur la formation, le numéro d'agrément, et donc maintenant le Vélodrome, c'est à dire tous les outils de développement du club, tout en établissant de bonnes relations avec la mairie. Eyraud a créé un rapport de force intelligent en récupérant tous les leviers de développement possibles".

Eyraud et McCourt ont toujours parlé du Vélodrome, mais aussi de ce qu'il y a autour...

XM : "La prochaine étape de McCourt et Eyraud est d'aménager le Parc Chanot autour du Vélodrome. Tout le monde sait que McCourt est un passionné d'urbanisme, et il a l'ambition de faire de l'OM le poids lourd de l'industrie culturelle à Marseille. Son discours a toujours été de dire que l'OM était important sur le terrain et dans la ville. Il souhaite en faire un vrai acteur du divertissement et de la culture à Marseille, et le Parc Chanot est le prolongement idéal".

Pourquoi ce type de dossier est-il toujours si sensible à Marseille ?

XM : "Cela peut créer des crispations, car il y a toujours la peur qu'un dirigeant de l'OM qui réussit se découvre des ambitions politiques. Mais, c'est moins le cas aujourd'hui, car on voit mal McCourt viser la mairie. Même chose pour Eyraud, et Gaudin, qui est en fin de parcours, l'a bien compris".

Finalement, Jacques-Henri Eyraud s'avère être un businessman redoutable...

XM : "Ce sont des méthodes assez musclées, mais Eyraud est effectivement un vrai businessman, un carnassier. On aime ou pas, mais c'est efficace. Il a très bien joué son coup en plaçant les hommes qu'il fallait et il a obtenu ce que lui et McCourt voulaient. Ils ont eu l'intelligence de jouer avec le contexte marseillais sans jamais se mettre en porte à faux. C'est très bien joué".