Valbuena, se souvenir des belles choses
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 22/11/2019 à 12:00
Retour sur la carrière de Mathieu Valbuena à l'OM et son image écornée.
Mathieu Valbuena joue désormais à l'Olympiakos, après deux saisons à Fenerbahçe. Il a été 13 fois décisifs en 15 matchs avec l'équipe du Pirée, et son bilan en Turquie était honorable (12 buts, 24 passes décisives). Mais on n'en parle plus trop, comme le veut l'expression consacrée, son image est brouillée en France, avec l'histoire de la "sextape" qui a bouté Karim Benzema hors de l'équipe de France. A Marseille aussi où le premier souvenir qui vient à l'esprit au moment d'évoquer Valbuena, c'est son retour houleux pour un OM-Lyon en septembre 2015 et la bronca mémorable que lui avait réservé le public du Vélodrome (en plus de la fameuse potence en bas du virage sud). Ce qui semble quand même incroyable quand on parle d'un élément qui a joué 331 matchs avec le maillot de l'OM, a remporté 6 titres, et a participé à 5 campagnes en Ligue des champions. A l'occasion d'un long entretien accordé à RMC Sport dans le cadre de l'émission "Comme Jamais", toujours disponible en replay, le joueur est revenu sur sa période marseillaise, avec une grande lucidité.
Les deux points faibles de Valbuena...
Valbuena a tout simplement pointé les deux gros points noirs de ses 8 années à l'OM. Tout d'abord son image. "Une image de branleur, précise-t-il. Quand je revois certaines choses, je peux comprendre, je l'ai cherché aussi un petit peu. Ca m'insupportait de regarder des interviews de moi à la TV. Je me disais, ce mec, si je le connais pas, je me dis qu'il se la raconte. Dans ma personnalité, c'est vrai, je n'ai pas toujours fait les bonnes choses. Ce n'est pas évident, quand tu es à l'OM, il y a une grosse ferveur, tout est accessible, tu gagnes beaucoup d'argent. Tu te sens presque intouchable et tu peux dans ces moments-là manquer de respect mais tu ne t'en rends pas compte. L'humilité te fait dire après tout que la vie ce n'est pas ça. Mais sur le moment, tu ne penses pas comme ça. Après, sur le terrain, je suis resté le même, j'ai bossé, j'étais déterminé pour réussir". Touché par sa première année, où Nasri, Ribéry, Cana et Beye lui ont mis la misère, Valbuena s'est endurcit à sa manière, avec cette arrogance, incarnée par ces lunettes de soleil imposantes qu'il portait en toute circonstance ou cette montre avec cinq cadrants (une pour chaque grand championnat européen, comme se moquait un journaliste à l'époque), qui fait qu'il n'a jamais été pleinement aimé, que ce soit au stade Vélodrome ou dans le vestiaire phocéen. Ses coéquipiers voyaient également d'un mauvais oeil sa disponibilité avec la presse. En 2012, Valbuena sortira une autobiographie écrite par les deux journalistes de L'Equipe chargés alors de suivre l'actualité olympienne. Mais s'il n'est pas devenu une icône absolue, au niveau d'un Drogba ou d'un Mamadou Niang, c'est avant tout pour une raison sportive, et il le reconnaît désormais sans mal : "Si j'avais l'efficacité que j'avais aujourd'hui, j'aurais eu d'autres opportunités. Il y a mon gabarit, qui fait que ça aurait été difficile en Angleterre par exemple. Mais il faut reconnaître aussi que, dans mes années marseillaises, je ne marquais pas assez de buts. Et je n'étais pas aussi décisif que je le suis depuis quelques années. Et ça ça y joue. Et c'est pour ça que je n'ai pas eu les tops européens que j'aurais voulu". Lors de sa saison pleine avec Eric Gerets, il finira l'exercice à 3 buts contre Paris, Auxerre et Le Havre... Trois buts également sur toute sa saison 2013-2014, contre Lorient, Toulouse et Montpellier alors qu'il marchait sur l'eau en équipe de France. Du coup, au moment de partir, il n'y avait que le Dynamo Moscou, et puis donc ce passage à Lyon...
Finalement, il n'a jamais trahi l'OM...
Mais il ne faut pas tout mélanger, oublier le contexte. Valbuena a signé à Lyon car il était contraint de quitter la Russie, son club ayant liquidé cet été-là tous ses joueurs étrangers. Le voir de retour dans un club "ennemi", est-ce vraiment choquant ? Après tout, Jean-Pierre Papin avait bien retrouvé la Ligue 1 avec deux saisons à Bordeaux, et la rivalité était plus forte avec l'OM encore à l'époque. Abedi Pelé était lui aussi passé par Lyon. Ce qui aurait été choquant, c'est de voir un Valbuena embrasser l'écusson lyonnais, ou faire des déclarations pour brosser les Bad Gones dans le sens du poil. Mais il ne l'a jamais fait pendant deux ans, continuant de clamer le fait d'avoir été marqué à vie par Marseille, quitte à ne jamais vraiment avoir été admis dans le groupe lyonnais. Depuis son départ, il y a plus de cinq ans, il n'a jamais fait une déclaration contre le club phocéen. Juste une fois, Valbuena a taclé certains coéquipiers à l'OM, rappelant que lui avait tenu à ce que de l'argent rentre dans les caisses du club à son départ, contrairement à ceux qui étaient partis libres. Alors, ce serait bien de ne pas oublier ce que c'est vraiment Mathieu Valbuena à l'OM : ce premier but à Saint-Etienne en 2007 qui officialise le retour de l'OM en Ligue des champions, le bijou d'Anfield pour la première de Gerets, son doublé de loin contre Caen pour un 6-1, le but décisif contre Bordeaux pour la si importante victoire en coupe de la Ligue 2010, qui installe la dynamique du titre, le but de la qualification en huitième de finale de Ligue des champions à Moscou, là encore spectaculaire. Rebelote l'année suivante avec cette frappe à Dortmund qui a détruit le mur jaune. Et enfin sa saison avec Elie Baup en numéro 10 où, Phocéen d'Or, il permet à l'OM de retrouver la Ligue des champions. Une compétition que l'OM n'a plus joué depuis son départ.
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