Thauvin peut-il rêver des Bleus ?
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 12/12/2016 à 07:00
Peut-on décemment imaginer Florian Thauvin dans la prochaine liste de Didier Deschamps ? Cette question posée il y a encore quelques mois, voire seulement quelques semaines, aurait certainement fait sourire. Et ne parlons pas du premier séjour à l'OM de l'Orléanais. Alors annoncé par Vincent Labrune comme le nouveau Franck Ribéry, il s'est finalement métamorphosé en futur Stéphane Dalmat, ce qui en dit long sur la dose de déception engendrée par celui que l'OM avait arraché au LOSC au prix d'une polémique qui le suit encore sur de nombreux stades de Ligue 1. Mais, contre toute attente, "Flotov" montre depuis son retour à l'OM qu'il a le cuir bien plus résistant qu'on ne le pensait. Revenu en prêt de Newcastle en janvier dernier avec une réputation de flop de l'année de la Premier League, l'ailier a su inverser la tendance et faire bonne figure dans une deuxième partie de saison pourtant triste à mourir. Rebelote cet été avec un nouveau prêt, un nouveau début de saison galère, et un Thauvin souvent performant au milieu d'une équipe moribonde. Et si le jeune surdoué de Bastia, meilleur espoir de Ligue 1 en 2013 et champion du monde des U20 confirmait enfin son potentiel ? Ca y ressemble drôlement, et parler des Bleus aujourd'hui ressemble de moins en moins à une plaisanterie.
D'ailleurs, la première banderille a été lancée par son coéquipier Bafé Gomis il y a quelques semaines. Suite à la qualification en coupe de la Ligue à Clermont (1-2), l'avant-centre déclarait : "C'est un joueur sous-estimé, qui est très proche de l'Équipe de France. Il manque encore de constance, mais il la trouve petit à petit. J'espère bien l'aider". Il faut dire que Didier Deschamps, s'il dispose déjà d'un arsenal d'attaquants de couloirs bien garni sous la main, n'a jamais écarté cette piste depuis qu'il dirige les Bleus, et cela ne date pas d'hier. En février 2014, alors qu'il préparait les Bleus pour la coupe du Monde en Allemagne, le sélectionneur lui avait déjà offert une préconvocation avant un match amical face aux Pays-Bas. Une époque où l'OM de Marcelo Bielsa tournait à plein régime, et durant laquelle l'Argentin ne cessait de répéter que son gaucher avait tout pour devenir un crack européen. Paradoxalement, c'est à ce moment-là que ses performances ont connu un coup d'arrêt, tout comme celles de l'OM d'ailleurs. Pour couronner le tout, Thauvin s'embrouille avec quelques coéquipiers, dont Dimitri Payet, et finit par s'envoler pour Newcastle, véritable cimetière pour espoirs déchus.
Mais les performances du Thauvin 2016-2017 n'ont rien de celles d'un has-been. Au contraire, elles ressemblent fort à celles d'un joueur majeur d'une équipe qu'il porte à bout de bras depuis le début de saison, aidé depuis quelques matches par son protégé Maxime Lopez. Si ses stats n'ont rien d'extraordinaire (4 buts, 2 passes décisives), son activité et son influence sur l'équipe se voient comme le nez au milieu de la figure, et il est quasiment toujours celui par qui le danger arrive. Ses accélérations, son pied gauche et ses crochets ressemblent enfin à ce qu'il avait su démontrer lors de sa saison bastiaise, avec désormais une régularité qu'on ne lui connaissait pas. Alors évidemment, Thauvin n'est pas seul dans un football français qui inonde de nouveau le marché européen de joueurs offensifs de talent. Dans son registre, il y a les intouchables comme Griezmann et Payet, les fusées comme Coman, Dembele ou Martial, l'épatant Lemar, voire le polyvalent Sissoko. Mais tous ne sont pas au top de leur forme, comme Coman et Martial par exemple, et il n'est pas interdit de penser que Deschamps pourrait en profiter pour tester un Thauvin au sommet de son art.
Le prochain rendez-vous des Bleus aura lieu au printemps face au Luxembourg. Un peu plus de trois mois pour Thauvin afin de poursuivre une ascension que plus grand monde n'attendait. Une petite lucarne est entrouverte, à lui de s'y faufiler, comme il sait si bien le faire...