Thauvin, Neymar, Sarr, Fekir... Faut-il protéger les artistes ?
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 20/02/2018 à 07:00
S'il a encore marqué d'une pierre - et d'un but- sa fantastique saison dimanche face à Bordeaux, Florian Thauvin a aussi passé une sale soirée. Cible mouvante des défenseurs bordelais, il a fait les frais tout au long du match des prises à deux de Pellenard et Meité sans que Monsieur Lesage ne daigne sortir le moindre carton pour les fautifs. Une goutte d'eau de trop qui a fait sortir l'ailier olympien de son habituelle réserve, lui qui n'est pas franchement du genre à se rouler par terre au moindre contact : "C'était un match d'hommes et je n'ai pas l'habitude de me plaindre, mais je ressors encore avec une balafre, déplorait-il à la fin du match. La semaine dernière, c'était le pied, jeudi c'était le tibia, et là, c'est le dos. Mon dos est tout ouvert. Je me suis fait sécher trois fois en lâchant le ballon et le défenseur ne prend pas de carton. Le football est un sport de duel, mais à un moment, c'est fatigant !". À ce sujet, Rudi Garcia y était aussi allé de son coup de gueule il y a quelques jours, estimant que son joueur se faisait régulièrement "massacrer" en toute impunité. Coïncidence : toujours lors de cette 26e journée, le Rennais Ismaïla Sarr a été victime du même traitement à Caen et a dû sortir blessé, alors qu'il s'était déjà fait casser la cheville au mois de septembre à St-Etienne.
Les traitements de Thauvin et Sarr viennent s'ajouter à ceux subis par d'autres artistes tels que Neymar, Fekir ou plus récemment Mbappé, et viennent alimenter un débat largement commenté depuis le début de la saison en Ligue 1. Pourtant, l'histoire des contrats sur les dribbleurs ne date pas d'hier. À l'OM, les plus anciens se souviennent des attentats sur Magnusson, sur Skoblar, sur Abedi Pelé, ou plus récemment sur Valbuena. On se souvient également des destins brisés de jeunes prodiges, broyés par les bouchers des années 80. À l'époque, les Domenech, Boissier, Courbis et consorts s'en donnaient à coeur joie sous les yeux consentants des hommes en noir. Chez nous, les Di Meco, Mozer ou Amoros n'étaient pas des tendres non plus, mais cette époque semble tout de même révolue depuis plusieurs années.
Alors, cette nouvelle tendance mérite-t-elle un débat ? Pour l'ancien arbitre Claude Medam, les artistes méritent une attention particulière, mais il faut faire attention à l'effet buzz : "C'est exacerbé avec la présence de Neymar dans le championnat. Effectivement, son jeu se prête à prendre des coups, mais les autres clubs ont embrayé en mettant en avant le traitement de leurs dribbleurs, comme Thauvin ou Fekir. Nous, les arbitres, nous n'avons pas de préjugés, mais on sait bien qu'il y a trois groupes de joueurs particuliers : les destructeurs, les truqueurs et les artistes. On a toujours protégé ces derniers, sans toutefois être conditionnés, car on sait bien qu'ils peuvent être visés. Mais ça ne veut pas dire tomber dans le panneau. Je me souviens de mes nombreuses discussions avec Mathieu (Valbuena), où je lui conseillais de ne plus se rouler par terre à chaque contact car ça le desservait. Les bons arbitres savent faire la part des choses, et je ne pense pas qu'il y ait plus d'attentats cette saison que lors des précédentes. C'est plutôt la conséquence logique de l'accélération permanente du jeu et surtout - je le répète - de l'effet Neymar".
Toujours est-il que les "boîtes" reçues par Thauvin font de plus en plus mal à mesure que la saison avance, et qu'on peut comprendre l'inquiétude d'un Garcia pour son joueur le plus décisif, d'autant qu'il n'en compte pas trente-six dans son effectif. Après les ratés de la Goal Line Technology, l'introduction de l'arbitrage vidéo, place maintenant au débat sur la protection des artistes. Difficile de trancher entre le buzz et la réalité d'un retour des "contrats", mais la question mérite d'être posée.