Thauvin : le syndrome de la marche trop haute
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 19/03/2019 à 07:00
26 buts et 18 passes décisives la saison dernière, 15 buts et 9 passes cette saison. Posés comme cela, les chiffres de Florian Thauvin (26 ans) ne souffrent d'aucune contestation, et ce n'est d'ailleurs pas le but de l'exercice. Le constat est, en fait, celui posé de longue date par les supporters de l'OM au sujet des prestations de l'ailier olympien face aux grosses écuries du championnat. C'était d'ailleurs déjà le sujet il y a pile un an, lorsqu'à l'image de son équipe, Flotov se montrait incapable de faire plier les membres du Top 3 de la Ligue 1. On s'apercevait alors qu'il n'avait qu'un but et une passe décisive à son actif dans ces rencontres (11) depuis son retour en L1 en janvier 2016. Cela reste cruellement d'actualité cette saison, avec un seul but dans cette catégorie lors de la défaite à Lyon (2-4) en septembre dernier.
La douloureuse comparaison avec Di Maria
Évidemment, la nouvelle défaite dimanche dans le Classique face au PSG (1-3) n'a fait que réveiller cette douloureuse statistique. Auteur d'un match fantomatique au Parc des Princes, Florian Thauvin est apparu comme un joueur tristement banal alors que son statut devrait justement en faire "key player" dans ce genre de rencontre. À ce sujet, la comparaison avec son homologue parisien Angel Di Maria est douloureuse. Bien sûr, l'international argentin est plus âgé (31 ans), plus expérimenté, mais leur cote sur le marché est sensiblement identique (source Transfermarkt : 45 M€ pour Di Maria, 50 pour Thauvin), de même que leur poste. Évidemment, l'Orléanais n'évolue pas dans la même équipe et on ne lui demande pas de gagner à lui tout seul un Classique, mais de là à tomber systématiquement dans la transparence dès que le niveau augmente, il y a de quoi se poser des questions.
Un blocage psychologique pour Elie Baup
Des questions que Didier Deschamps s'est forcément posées pendant plusieurs années avant de lui offrir sa première sélection en juin 2017, et qu'il continue de se poser aujourd'hui, puisqu'il ne lui a offert que 144 minutes en 6 matches amicaux et 1 minute contre l'Argentine au Mondial. Très peu pour un joueur aussi prolifique en club, mais finalement pas si anormal que ça quand on détaille son apport à un très haut niveau de compétition. Si certains observateurs se contentent de ce constat sec et considèrent que Flo Thauvin touche à ses limites, d'autres défendent la qualité du joueur et évoquent des blocages psychologiques. C'est le cas d'Elie Baup : "C'est une question récurrente, mais il a quand même des chiffres remarquables, il ne faut pas l'oublier, explique au Phocéen l'ancien coach olympien. D'ailleurs, je ne trouve pas qu'il soit passé plus à côté que d'autres dimanche, je pense à Balotelli par exemple. Si l'OM a été intéressant en première mi-temps, il ne s'est créé aucune situation, et c'est difficile d'exister dans un match comme ça pour un attaquant. Après, c'est un cercle vicieux. À force de lire ce genre de statistiques ou d'entendre les mêmes questions des journalistes à ce sujet, ça doit forcément cogiter. Il y a ces gros matches, l'équipe de France où il doit franchir un cap, mais les adversaires ne sont pas les mêmes, les marquages sont plus serrés, et il se sait attendu. Est-ce que cela crée un blocage ? C'est possible, parce que toutes ces informations dont vous me parlez, il les reçoit aussi. Mais, quand on voit l'année 2018 qu'il a réalisée, on ne peut pas dire qu'il ne soit pas au niveau. Il y a un aspect psychologique, c'est certain".
Un blocage qui dure, qui dure, et dont on se demande s'il ne pénalise pas la cote du joueur chez les recruteurs des gros clubs. Florian Thauvin veut jouer la Champions League, c'est normal et il ne s'en cache pas. Mais, à force de passer au travers des gros matches, est-il en mesure de pousser les clubs qui la jouent à faire des folies pour lui ? Pas sûr, et ce n'est pas son match de dimanche qui va inverser la tendance...