Supporters : ce qui est en train de changer pour les déplacements

L'info n'est pas passée inaperçue et c'est normal. Après avoir été interdits de déplacement à Toulouse la saison dernière, comme dans beaucoup d'autres stades, les supporters marseillais seront 900 au Stadium dimanche pour Toulouse-OM. Une bonne nouvelle qui ne devrait pas s'arrêter là, car le ministère de l'Intérieur vient de publier une circulaire demandant aux préfets de limiter les interdictions et encadrements de déplacements pour les supporters, de l'OM comme des autres clubs. De quoi redonner des couleurs à une Ligue 1 plombée par ces interdictions quasi systématiques, dues aux fortes mobilisations des forces de l'ordre après les attentats puis avec la crise des Gilets Jaunes depuis un an.

"Les supporters de football n'ont pas été traités comme le reste de la population"

S'il faut attendre un peu pour constater un effet immédiat, cette avancée intervient après un long combat des associations de supporters, représentées par l'ANS (Association Nationale des Supporters), mais aussi du député de la Vienne Sacha Houlié, rapporteur d'une mission d'information sur le sujet et fervent défenseur de la liberté de circuler pour les supporters : "Cela fait plus de six mois que je dénonce ces interdictions qui ne sont plus supportables. Il y a une déviance totale des textes de loi et surtout une utilisation abusive des préfets qui disent, par principe, "on interdit, car c'est trop compliqué". Ce n'était pas admissible pour des raisons de libertés fondamentales, tout simplement. Les supporters de football n'ont pas été traités comme le reste de la population, et par cette circulaire, le Ministère de l'Intérieur reconnait qu'il y a eu des dérives dans l'utilisation de ces dispositifs". Une utilisation clairement abusive, puisqu'elle est devenue la norme pour les gros matches, qu'il s'agisse d'un OM-PSG ou d'un derby Lyon-ASSE. Il faut dire que ces rencontres ont historiquement fait l'objet d'incidents ces dernières années, mais cela ne légitime pas ces mesures systématiques pour Sacha Houlié, accessoirement grand fan de l'OM sur les bancs de l'Assemblée : "Bien sûr qu'il y a des dérives chez certains supporters, mais il existe des textes pour y répondre comme les IAS (interdictions administratives de stade) pour les faits de violence ou de discrimination, et il n'est pas question de les remettre en cause. Mais, je refuse de céder au tout répressif où on interdit tout au prétexte que quelques-uns mettent la pagaille. Il y a en France un principe d'individualisation des peines et de liberté de circulation. Les sanctions doivent être proportionnées".

"On avance concernant les fumigènes, où il y a aussi beaucoup d'hypocrisie"

Désormais, chaque match fera l'objet d'une étude concertée, d'autant qu'en dépit de ces interdictions, le nombre de policiers mobilisés ne change pas. "Pour les matches chauds, la circulaire demande des concertations trois semaines en amont entre les préfets, les clubs et les supporters référents pour organiser les déplacements, explique Sacha Houlié. Si on se rend compte que ce n'est vraiment pas gérable, dans ce cas-là, on dit stop. Mais il y a une obligation d'essayer, on ne dit plus non par principe". Enfin, et le sujet ne fait pas partie de la circulaire, on devrait aussi bientôt voir des avancées sur l'utilisation des fumigènes en tribune. Un autre cheval de bataille du député-supporter : "On avance concernant les fumigènes, où il y a aussi beaucoup d'hypocrisie. Je travaille là-dessus depuis un an pour que l'on puisse les légaliser de manière encadrée. Aujourd'hui, les clubs sont réticents car ce sont eux qui payent les amendes et portent la responsabilité civile. On doit imaginer un système où il y aurait un transfert de responsabilité vers les groupes de supporters. C'est un sujet qui avance dans la bonne direction". De quoi détendre une situation bien trop raide depuis des années et encore aujourd'hui. Depuis le début de la saison, une quarantaine de matches ont encore été concernés par ces mesures d'interdiction. Il était temps de lâcher un peu la bride, alors que l'on reste par exemple sur le souvenir d'un superbe tifo contre Lyon au Vélodrome, que vous pouvez revoir pour le plaisir en vidéo.