Sarr au Mondial ? Une évidence !

Si la machine à avancer le temps avait été inventée au début de la saison, et que de petits malins s'étaient amusés à jeter un oeil aux papiers du Phocéen de ce mois d'avril, la machine aurait certainement fini à la poubelle. Imaginez leur stupéfaction devant cet appel solennel à la sélection de Bouna Sarr avec les Bleus pour la coupe du monde en Russie ! Et pourtant, au vu des prestations de l'ancien Messin depuis quelques mois sur le flanc droit de la défense olympienne, on se demande bien comment Didier Deschamps pourrait ne pas y songer. D'autant que le titulaire du poste, Djibril Sidibé, semble plus qu'incertain avec un ménisque en vrac et une indisponibilité jusqu'à la fin de la saison avec l'AS Monaco.

Mais, faisons fi de la blessure de Sidibé et ne regardons que les faits. Depuis son reclassement au poste d'arrière droit, Bouna Sarr ne cesse de progresser match après match. On pouvait légitimement se demander s'il pouvait assimiler en aussi peu de temps les nécessités défensives du poste, que ce soit en terme de duels ou de placement. Il l'a fait en un temps record, au plus grand étonnement de ses anciens techniciens, comme le Messin Philippe Gaillot : "J'avoue que j'étais un peu surpris, car Bouna a toujours eu une vraie vocation offensive. Je me souviens qu'avec le coach Albert Cartier, on a dû le faire beaucoup travailler pour qu'il apprenne à défendre et à se replacer, car il n'avait pas les bases. Mais là, il a bien compris comment couvrir l'axe quand le jeu est de l'autre côté et suppléer les centraux. C'est ce qu'il y a de plus difficile à assimiler quand on n'est pas défenseur de formation, et visiblement, il a bien pigé ça". Il a tellement pigé qu'il a encore livré jeudi une performance ahurissante face au RB Salzbourg. C'est lui qui a donné le tempo dès le début du match en enchaînant des déboulés dévastateurs sans jamais perdre le fil derrière, et on peut même dire qu'il a entraîné derrière lui ses coéquipiers pour emballer la rencontre. Au point de faire d'Adil Rami son meilleur avocat pour le Mondial en Russie : "J’en ai connu des joueurs qui jouaient à droite, et Bouna a un avenir extraordinaire à ce poste-là, déclarait l'international à l'issue du match. Je pense qu’il pourrait faire du bien à cette équipe de France. C’est un joueur avec un physique hors norme, il peut apporter techniquement, avec de la vivacité".

À 26 ans, Bouna sait que si sa carrière doit décoller, il n'a pas de temps à perdre, et c'est ce qu'il fait. Sans faire de bruit, il a fait oublier ses débuts décevants avec l'OM, lorsqu'on se demandait si les dirigeants allaient parvenir à récupérer une petite partie du million et demi d'euros qu'ils avaient payé à Metz en juillet 2015. Convoité par Leicester, Dortmund, le Torino et certainement beaucoup d'autres, il en vaut au moins dix fois plus aujourd'hui, et sûrement encore plus si Deschamps l'appelle. Honnêtement, on voit mal comment il pourrait faire autrement...