Nommé début janvier "conseiller sportif du président" à Rennes, Rolland Courbis n'a pas eu le temps de s'habituer à son nouveau bureau. Il est déjà nommé en remplacement de Philippe Montanier à la tête de l'équipe première. Un coup qui ne doit sûrement rien au hasard, même si le président Ruello jurait ses grands dieux que Courbis ne venait pas en Bretagne pour ça lors de sa nomination. Montanier, lui, sentait déjà les choses venir, comme il le déclarait sur le coup : "Je connais bien Rolland, je l'ai connu au TFC. Depuis, on a une relation cordiale. Ce qui est important, c'est au niveau de mon staff. J'en étais très content parce que j'ai réussi avec lui partout où je suis passé et je ne voyais pas modifier mon staff et remplacer quelqu'un parce que la loyauté fait partie de mes valeurs, même si je sais que dans le milieu du foot elles ne sont pas toujours reconnues. Mais enfin, elles sont les miennes. L'essentiel est que ça soit moi qui décide au final".
Désormais, celui qui décide, c'est donc Courbis. Avant ce changement, Louis Nicollin avait un pressentiment et il en avait fait part sur RMC : "Moi, je n’ai jamais laissé tomber quelqu’un. Je ne lui en veux pas, je dis simplement qu’il y a des choses qui ne sont pas normales. Un capitaine n’abandonne pas son navire. Evitez de me parler de ce monsieur et tout ira bien. Tant mieux pour lui, il y a un beau mercure à Rennes et c’est une ville sympathique…" Auteur d'un début de saison catastrophique avec Montpellier, Rolland Courbis assurait qu'il comprendrait un éventuel licenciement de son président. Il a finalement redressé la situation du club... pour démissionner à la trêve. Difficile aujourd'hui de croire qu'il n'y avait pas, déjà, des contacts avec Rennes, où Montanier était déjà très discuté pour sa troisième saison. La méthode n'est d'ailleurs pas sans rappeler une autre étape dans la carrière de Courbis, à l'automne 2013. Il démissionne de son poste de l'USM Alger malgré un bon bilan sportif, assurant que tout le monde ne tire pas dans le même sens au sein du club. Hasard ou coïncidence, quelques jours plus tard, le poste de Montpellier se libère alors que l'OM mène une vraie réflexion de fond pour remplacer Elie Baup. Courbis retournera finalement à la Paillade, club qu'il a fait monter en Ligue 1 en 2009.
Une fois de plus, Courbis tire le meilleur de son effectif. Après Jean Fernandez donc, il assure le maintien du club, mais, la saison suivante, sans les deux pépites du centre de formation, Stambouli et Cabella, vendus en Angleterre, il permet à Montpellier d'être en course pour une place européenne jusque dans les dernières journées. Et cette saison, alors que le MHSC ne comptait qu'un point après sept journées, ce qui est normalement synonyme de relégation, Courbis avait déjà ramené son équipe à la 15e place avec 22 points à la trêve. Il est notamment venu prendre un point au Vélodrome avec un dispositif tactique original, le numéro 10 Ryad Boudebouz évoluant en pointe. Courbis à Rennes, c'est donc une mauvaise nouvelle, car il va revenir au Vélodrome sur le banc visiteur le 19 mars prochain et que Rennes, qui lutte avec l'OM pour une place européenne et qui compte deux unités de plus au classement, risque d'être un concurrent encore plus coriace. Mais il y a aussi de quoi sourire en se rappelant des déclarations de Courbis après la démission de Marcelo Bielsa à l'OM : "Il est déroutant point final. Est-ce qu'il a démissionné par rapport à la défaite ? Parce que l'effectif ne lui plaît pas ? Parce qu'il est déjà d'accord avec une sélection étrangère ? Ce soir, je ne suis qu'à moitié étonné". Cela fait 164 jours que Bielsa a quitté l'OM. Il n'est toujours pas sélectionneur du Mexique. Courbis, lui, retrouve donc un banc de Ligue 1 moins d'un mois après avoir quitté celui de Montpellier "pour prendre du recul".