Quand les grognards s'inquiètent
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 12/09/2017 à 07:00
"Cette fois, elle est là et bien là". C'était l'ouverture du papier de La Provence hier lundi, au lendemain de l'humiliation face à Rennes, et "elle", c'est bien sûr la crise. Parfois rampante, il lui arrive d'attendre tranquillement son heure et de s'installer petit à petit. Mais cette année, elle n'a pas vraiment eu besoin de patienter, tant les résultats et le jeu militent en sa faveur. Une fessée à Monaco et une leçon de football face à l'avant-dernier ont suffi à l'allumer, même s'il fallait être aveugle pour ne pas voir les carences de cette équipe dès le coup d'envoi de la saison. Un effectif trop sclérosé, un mercato géré on ne sait comment, et surtout des têtes d'affiche loin de leur niveau supposé ont fait le reste. Résultat, on est déjà très inquiet après seulement cinq journées.
Inquiet, il y a de quoi l'être à la vue de ce fiasco face aux Bretons. Toujours pas de système de jeu identifié, mais surtout des joueurs hors d'état de nuire à qui que ce soit, comme l'explique au Phocéen l'ancien milieu olympien Marcel Dib : "Je trouve les joueurs trop lourds, trop empruntés. En face, on aurait dit des avions de chasse, ils allaient à 2000 à l'heure ! Chez nous, il n'y a pas de rapidité, d'explosivité, surtout en défense. Au milieu, ils n'arrivent pas à faire quatre passes d'affilée. Il y a trop de joueurs qui reviennent de blessure ou qui ne sont pas préparés, c'est inquiétant. S'ils ne sont pas à 100 %, c'est impossible de jouer en Ligue 1, même face à des équipes moyennes. Aujourd'hui, il y a de jeunes joueurs dans toutes les équipes qui vont très vite, qui percutent, qui dribblent, et si on n'est pas au niveau physiquement, on va se faire bouger par tout le monde. Au milieu, par exemple, on n'a pas de mordant. En sentinelle, j'ai trouvé Sertic très moyen, mais c'est valable aussi pour les autres". Même inquiétude chez l'autre légende des aboyeurs olympiens, Bernard Pardo : "C'est inquiétant dans la mesure où on n'attendait pas ce projet-là. Si on jouait le milieu du tableau, on pourrait se permettre ce type de faux pas. Mais vu le projet, l'argent investi, ce n'est pas pour en rester là. J'imagine que c'est une grosse déception pour les dirigeants. A Monaco, on passe à travers, mais c'est face à une grosse équipe. Par contre, Rennes avait fait un très mauvais début de saison, ils n'étaient pas du tout en confiance et on les a relancés".
En ce début du mois de septembre, tous les regards sont tournés vers le mercato qui vient de se terminer, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a tout l'air d'un mercato raté. L'air, seulement ? C'est l'avis de nos deux grognards, car ils continuent de croire que les nouveaux arrivants peuvent montrer beaucoup plus que cela. "Si on regarde aujourd'hui, bien sûr qu'il a l'air raté, explique Marcel Dib. Mais il faut attendre que les joueurs soient à 100 %. Rami et Abdennour ne sont pas prêts, Evra est en fin de carrière. C'est inquiétant, mais il est trop tôt pour juger. C'est à Garcia de trouver des solutions pour réagir, mais il faut le faire rapidement avant de trop s'enfoncer". Bernard Pardo pense aussi qu'il y a beaucoup mieux à tirer de cet effectif avec un peu de patience. Pour lui, le problème est ailleurs : "On ne peut pas parler d'un recrutement raté. Pour moi, Abdennour est un bon joueur, par exemple, Rami aussi. Mais, dans quel état sont-ils ? En revanche, devant, ça tient la route, au milieu aussi. Je pense plutôt qu'il doit y avoir des problèmes de communication. Le message de Garcia ne passe peut-être pas totalement avec ses joueurs".
Le sujet Garcia est lancé, et ses oreilles ont sifflé comme jamais dimanche soir, lorsque les "Garcia démission !" dévalaient des virages. Serait-il déjà l'heure d'actionner le siège éjectable pour celui qui était adulé il n'y a pas si longtemps ? Pas pour l'instant, selon nos deux spécialistes : "C'est un peu tôt pour tirer un jugement définitif, même s'il est normal que les supporters soient mécontents, affirme Dib. Bien sûr, c'est lui qui fait l'équipe et choisit les joueurs, mais il faut attendre la coupe d'Europe et le match à Amiens. Si on fait le plein, ça peut repartir". Même conseil du côté de Pardo, qui de toute façon, ne voit pas bien qui pourrait trouver le remède miracle à sa place : "Quand il est arrivé en milieu de saison dernière, il a pris l'équipe dans l'urgence et ça n'a pas été mal. Il vient à peine d'avoir son effectif, alors il faut attendre et le laisser encore un peu travailler avant de réclamer sa démission. Si on le faisait partir maintenant, il faudrait encore tout recommencer et on prendrait encore du retard. Ce n'est pas un novice, il faut le laisser parler avec ses joueurs et voir ce qui ne va pas. L'effectif n'est pas mal, il peut faire quelque chose". Les quatre matches à venir, tous abordables, face à Konyaspor, Amiens, Toulouse et Salzbourg peuvent effectivement lui permettre de redresser la barre. Mais ils arrivent très vite, et on disait la même chose de la réception de Rennes, alors...