Pourquoi l'OM peine-t-il autant à domicile ?
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 10/11/2024 à 01:00
L’OM peine à s’imposer au Vélodrome, malgré le soutien de ses supporters. Une analyse approfondie des choix tactiques de Sampaoli, Tudor et De Zerbi révèle des lacunes face aux blocs bas adverses et des difficultés en transitions défensives.
Depuis plusieurs saisons, l’Olympique de Marseille peine à s’imposer au Stade Vélodrome, malgré l’avantage de jouer devant l’un des publics les plus fervents de France. Cette tendance, qui s’est confirmée avec Jorge Sampaoli et Igor Tudor, invite à une analyse approfondie des raisons derrière ces contre-performances. Des choix tactiques aux aspects psychologiques, plusieurs facteurs expliquent pourquoi l’OM n’arrive pas à dominer à domicile comme on pourrait s’y attendre.
La pression du Vélodrome : Un double tranchant
Le Stade Vélodrome, avec ses 65 000 places, est un lieu unique dans le football français. La passion des supporters marseillais crée une atmosphère intense, capable de transcender les joueurs mais aussi de leur imposer une pression considérable. Ce soutien indéfectible devient parfois un fardeau pour l’équipe, particulièrement lorsque le match ne se déroule pas comme prévu. Le public marseillais attend des victoires et des performances spectaculaires à domicile, et les joueurs ressentent cette attente. Gérard Gili, ancien entraîneur de l’OM, explique que cette pression peut engendrer de la nervosité, surtout si l’équipe peine à trouver rapidement la faille dans la défense adverse. "J'ai connu des joueurs qui étaient exceptionnels à l'entraînement mais qui étaient totalement tétanisés par le Vélodrome et l'enjeu des matchs. L'entraînement et le match dans un stade plein, c'est une différence énorme. Quand tu es devant 65 000 personnes et que tu loupes un contrôle ou une passe, ce n'est pas du tout la même chose."
L’approche défensive des adversaires
Les équipes qui viennent jouer au Vélodrome adoptent généralement une stratégie prudente, conscientes de l’avantage théorique de l’OM. La plupart d’entre elles optent pour un bloc bas et compact, attendant des opportunités pour contre-attaquer. Cette configuration défensive met l’OM en difficulté, car elle oblige l’équipe à faire preuve de créativité et de rapidité dans l’animation offensive. Les statistiques montrent que l’OM rencontre des difficultés face aux équipes qui jouent en bloc bas, en particulier celles qui alignent une défense à cinq. Avec cette approche, les adversaires bloquent les espaces et ralentissent le jeu marseillais, qui doit trouver des solutions pour désorganiser des lignes très resserrées. C’est un défi de taille, car une attaque patiente et méthodique peut souvent manquer de tranchant face à des défenses bien regroupées.
Les choix tactiques de Sampaoli, Tudor et De Zerbi
Sous Jorge Sampaoli, l'OM avait adopté un jeu de possession intensive, basé sur un contrôle patient du ballon et des combinaisons pour désorganiser les défenses adverses. Cette approche méthodique manquait toutefois de verticalité et de dynamisme dans les phases décisives, ce qui facilitait la tâche des équipes au Vélodrome. En jouant avec un bloc bas, les adversaires parvenaient souvent à neutraliser les attaques marseillaises, qui peinaient à surprendre faute de variations de rythme. Résultat : l’OM, première au classement des équipes à l’extérieur, n’était que 9e à domicile (9 victoires, 5 nuls et 5 défaites).
Sous Igor Tudor, un changement tactique radical a eu lieu, davantage en phase avec le "football moderne", selon Pablo Longoria. L'approche s’appuyait sur l’intensité, avec un pressing haut et une récupération rapide pour créer des occasions en transition. Ce style de jeu fonctionnait souvent bien à l’extérieur, où les adversaires, en construisant leur jeu, se trouvaient exposés. Cependant, au Vélodrome, face à des équipes repliées, cette stratégie perdait de son efficacité : avec moins d’espaces pour presser, l’OM ne pouvait imposer le même rythme ni forcer des erreurs. Résultat : l’OM, deuxième meilleure équipe à l’extérieur, n’était que 6e à domicile (10 victoires, 4 nuls et 5 défaites).
Aujourd’hui, avec Roberto De Zerbi, l’OM pratique un jeu de possession censé être plus fluide et rapide, théoriquement adapté pour briser les blocs bas. Cependant, les mêmes difficultés persistent au Vélodrome : un jeu sans saveur, une possession trop stérile et prévisible. Les adversaires adoptent des défenses très compactes, réduisant les espaces et forçant l’OM à jouer dans le coeur du jeu. De plus, la ligne défensive haute de De Zerbi expose l'équipe aux contre-attaques, comme ce fut le cas contre Auxerre vendredi soir.
La gestion des transitions et des espaces laissés en défense
Le style de jeu de l’OM, qui vise à dominer la possession et à maintenir une défense haute, expose naturellement l’équipe aux contre-attaques adverses. Lorsque l’équipe marseillaise attaque, les latéraux montent pour apporter du soutien, laissant des espaces exploitables par les adversaires en transition rapide. Ce manque de couverture est un problème récurrent qui a coûté plusieurs buts à domicile. Les contre-attaques adverses exploitent souvent ces failles, surprenant une défense marseillaise mal repositionnée. La difficulté de l’OM à gérer ces transitions défensives est particulièrement apparente au Vélodrome, où l’équipe se découvre davantage pour aller chercher la victoire, rendant ses lignes plus vulnérables. À cette fébrilité défensive s'ajoutent également des défaillances individuelles, que ce soit Lilian Brassier, Leonardo Balerdi ou encore Geoffrey Kondogbia lorsqu'il a joué en défense.
Quels ajustements pour améliorer les performances ?
Pour que l’OM retrouve sa domination à domicile, plusieurs ajustements peuvent être envisagés :
Flexibilité tactique : Enrichir le jeu avec des mouvements sans ballon et des combinaisons rapides pour déstabiliser les défenses adverses en bloc bas.
Gestion des espaces : Mieux couvrir la défense lors des phases offensives pour réduire les risques en contre-attaque.
Préparation mentale : Travailler la résilience et la gestion de la pression pour transformer le Vélodrome en un réel avantage.
Les difficultés de l’OM au Vélodrome sont le résultat d’une combinaison complexe de facteurs tactiques, psychologiques et contextuels. Des ajustements bien ciblés permettront sans doute de surmonter ces obstacles et de tirer parti du soutien inconditionnel des supporters marseillais.