On ne vous oubliera jamais, Monsieur Hidalgo
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 27/03/2020 à 01:00
Jeudi, l'ancien sélectionneur des Bleus et manager de l'OM des années Tapie a tiré sa révérence à l'âge de 87 ans. L'héritage qu'il laisse est immense.
Derrière Michel Hidalgo, ce petit monsieur tout en délicatesse, politesse et bienveillance, se cachait un guide, un géant. Un géant du football français, sans qui ce dernier serait peut-être toujours à l'âge de pierre où il l'avait trouvé lorsqu'il prit les rênes de l'équipe de France en 1976. Deux ans plus tard, il renvoie enfin les Bleus en coupe du monde après douze ans d'absence. Il couve surtout une génération exceptionnelle comme la France n'en avait jamais connu, avec les Platini, Giresse, Six, Trésor, Lacombe, Bossis, et autres Rocheteau, rejoints plus tard par Tigana, Amoros, Fernandez ou encore Bats. Les Bleus tutoient le chef-d'oeuvre absolu à Séville un soir d'été 1982. Chef-d'oeuvre gâché par l'Allemagne de l'infâme Schumacher dans une demi-finale perdue aux tirs au but. Mais, peu importe, une équipe est née et les Français, pour qui le football se résumait aux Verts de Saint-Etienne, se piquent au jeu. La promesse est tenue et Michel Platini soulèvera le premier trophée de l'histoire des Bleus deux ans plus tard en remportant l'Euro 84 en France. Michel Hidalgo jugera alors le moment opportun pour tirer sa révérence en cédant sa place à Henri Michel. Dans la foulée, comme pour lui rendre hommage, Platoche et sa bande accompliront un autre chef-d'oeuvre au Mexique en éliminant le Brésil en quarts de finale de la coupe du monde 1986, avant de tomber une nouvelle fois face aux Allemands en demie. La France compte désormais dans le concert international, et elle ne s'arrêtera plus.
Les Bleus, le grand OM, c'est lui
Toujours à l'été 1986, Michel Hidalgo est appelé à l'aide par un certain Bernard Tapie. L'homme d'affaires vient de reprendre l'OM, et comme pour le vélo, il souhaite s'entourer des meilleurs : Hidalgo sur le banc et Platini sur le terrain. Ce dernier déclinera l'invitation, mais Michel l'acceptera dans un rôle de manager général. C'est lui qui tracera les grandes lignes de ce qui allait devenir la plus grande épopée olympienne de tous les temps. Il arrachera Alain Giresse de son fief bordelais, convaincra le meilleur défenseur central du monde Karl-Heinz Förster et subtilisera un certain Jean-Pierre Papin qui venait de signer un pré-contrat à Monaco. Sorti des ténèbres par ses Minots quelques années avant, l'OM deviendra une machine à gagner avec Monsieur Hidalgo. Une machine à spectacle aussi, car il ne faudra jamais oublier que c'est sous son impulsion que le Vélodrome est devenu incontournable pour les Marseillais. Michel était un amoureux du jeu et il voulait transmettre cet amour au plus grand nombre. C'est ce qu'il fera jusqu'en 1991 dans l'ombre de son hypermédiatique patron et des stars qu'il a méticuleusement choisies sur le terrain.
Un géant bienveillant avec tout le monde, les stars comme les inconnus
Les moins de trente ans (et même plus) n'ont pas connu cette naissance du football-roi à l'OM, mais les plus âgés se souviennent de ces travées vides du Vel' avant cette période glorieuse, la plus belle entre toutes. Dans cette discrétion qui l'accompagnera toute sa vie, Monsieur Hidalgo en est l'un de ses principaux piliers. Une fois à la retraite, il ne cessera jamais de se rendre dans la tribune d'honneur du Vel' et de chérir son OM. Il ne cessera jamais non plus de parler football avec ceux qui continuaient de l'appeler, il ne refusera jamais d'être interviewé quel que soit son interlocuteur, grand journaliste ou obscur stagiaire. Cette bienveillance, aujourd'hui disparue dans le football business, ne l'a jamais quitté tant que sa santé le lui permettait. Pour tout cela, on ne vous remerciera jamais assez, Monsieur Hidalgo.