OM : pourquoi les recours d'Aulas n'iront pas loin
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 03/05/2020 à 01:00
Le président lyonnais a menacé d'utiliser des "recours multiples" pour sauver la saison ratée de son club en Ligue 1.
L'arrêt définitif de la Ligue 1 à dix journées de la fin a fait des heureux, avec notamment l'OM et le Stade Rennais qui voient ainsi leur belle saison récompensée par une place en Ligue des Champions, mais aussi des malheureux. On pense ainsi à Toulouse et Amiens, relégués en Ligue 2, à Lille figé à un point du podium et, bien sûr, à Lyon. Septièmes du classement, les Lyonnais ne joueront pas la Champions League la saison prochaine (à moins de la remporter si elle va au bout...), et pour Jean-Michel Aulas, ça ne passe pas. D'où son assurance de "ne pas en rester là" et de "multiplier les recours" pour casser la décision de la LFP et de la FFF, mais aussi d'obtenir "plusieurs dizaines de millions d'euros" de dommages et intérêts.
"Si Jean-Michel Aulas a l'habitude de sortir la kalachnikov dès que son club est menacé, il aura du mal à convaincre cette fois-ci"
Soyons honnêtes, Aulas fait du Aulas en tentant de défendre les intérêts de son club jusqu'au bout. Mais, en période de crise sanitaire, sa mauvaise foi passe encore plus mal que d'habitude. Alors, est-il capable de bouleverser les décisions arrêtées cette semaine ? C'est loin d'être sûr, comme l'explique au Phocéen l'avocat spécialiste du Droit du sport Thierry Granturco : "Si Jean-Michel Aulas a l'habitude de sortir la kalachnikov dès que son club est menacé, il aura du mal à convaincre cette fois-ci. En fait, il a deux types de recours : le premier est administratif et viserait à annuler la décision de la LFP et de la FFF. Deux entités aux pouvoirs délégués par le gouvernement via son ministère des Sports. Sur ce cas précis, cette décision de tout arrêter vient clairement confirmer la prise de position gouvernementale. Dans ce cas, hormis en cas d'un improbable vice de forme, il me semble difficile pour Aulas de faire annuler un acte pris dans l'intérêt général et validé par le gouvernement. Je ne vois pas comment le juge administratif peut aller contre l'intérêt général. Je n'y crois pas un seul instant, et j'ai envie de vous dire dès aujourd'hui que le classement est définitivement arrêté".
"S'il obtient quelque chose sur le plan financier, alors tous les clubs l'obtiendront, y compris l'OM"
Une précision claire et nette, confirmée vendredi par cette information du journaliste de Footmercato Constant Wicherek : "Concernant les recours possibles, l’État envisage une loi d’habilitation rendant les décisions des fédérations, et par extension de la LFP, légales. Les recours deviendront non-valables devant les tribunaux". Difficile dans ce cas pour Jean-Michel Aulas, voire impossible, de renverser la table. Reste donc pour lui un deuxième recours : celui de demander réparation. Autrement dit, beaucoup d'argent. "C'est un recours qui reviendrait à ne pas attaquer la décision en elle-même, explique Thierry Granturco, mais à dire qu'il y avait d'autres possibilités, comme celle d'aller au bout comme vont le faire d'autres championnats. Il va falloir prouver qu'il y a eu un dommage. Sur la possibilité de remonter au classement, ça me parait impossible car on ne le saura jamais. En revanche, il pourra s'appuyer sur la tranche des droits TV qui n'a pas été payée. Là, ça peut s'entendre. Mais, s'il obtient quelque chose, alors tous les clubs l'obtiendront, y compris l'OM". Autant dire que, pour une fois, l'ami Jean-Michel risque de voir son influence historique considérablement réduite. À l'inverse, le mérite sportif sera respecté. À Lyon de redresser la barre la saison prochaine, tout en supportant l'OM en Champions League à la télé. Dans l'intérêt supérieur du football français, évidemment !