OM-Montpellier : l'inoubliable remontada de 1998
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 29/01/2022 à 12:49
La rubrique Histoire OM sous la plume et les souvenirs de Fernand Bonaguidi.
Le premier Montpellier-OM eut lieu le 11 Novembre 1933, avec un match nul 3 à 3 au stade du Parc des Sports devant 7000 spectateurs, ça ne date pas d'hier. C'était la deuxième saison du football professionnel en France. Alcazar, Eisenhoffer et Kohut en furent les buteurs marseillais. Le temps passa, avec un beau 6 à 3 au Vélodrome le 29 Mai 1949.
Mais Montpellier, ce fut avant tout un président extraordinaire, Loulou Nicollin, qui nous quitta le 29 juin 2017 et qui nous manque énormément aujourd'hui, par sa personnalité qui sortait un peu du cadre habituel des dirigeants du foot, mais aussi par ses qualités humaines. On n'oublie pas qu'il relança le football dans sa bonne ville avec son équipe de La Paillade qui jouait encore en division d'honneur dans les années 70 et qui, sous son impulsion, monta en huit ans en première division.
Sacré Loulou, il a rejoint au paradis un autre président emblématique du SO Montpellier, le Chanoine Bessede. Le religieux officia à la tête du club héraultais dans les années 60. Le chanoine qui arpentait les vestiaires en soutane (j’en ai été le témoin en tant que ramasse-balle au Vélodrome avec mes amis Alain Pécheral et Jean Claude Scotti) devait "bénir" son équipe avant qu’elle ne pénètre sur le terrain. D’ailleurs, en 1961, il obtient son accession en Première Division et atteint les demi-finales de la Coupe de France contre le Nîmes de Kader Firoud au Vélodrome après avoir éliminé le grand Reims de Raymond Kopa, toujours sur la pelouse marseillaise. Le chanoine fut appelé en 1957 alors que la trésorerie du club était à l’agonie. Mais avec un entraîneur de talent comme Hervé Mirouze, il réussit à redresser le club en révélant des joueurs de talent comme Edimo, Tokpa, Bourrier, Van Sam et surtout Joseph Bonnel qui fit le bonheur de l’OM quelques années plus tard. Dur en affaire, malin comme pas deux, le bon Chanoine avec un ton patelin savait endormir ses collègues.
Ensuite, Montpellier redescendit rapidement avant de disparaître du football professionnel et le Chanoine retourna à ses vêpres. Mais OM-Montpellier, ce fut aussi un match fantastique au Vélodrome qui vit les Olympiens de Rolland Courbis faire une remontada de folie. Le 22 Août 1998, juste après la Coupe du Monde qui avait sacré la France de Zizou, ce fut le "Droit au but". Jamais, sans doute, la devise de l'Olympique de Marseille n'aura aussi bien collé aux basques d'une soirée renversante. L'espace d'une heure et demi, les deux équipes ont joué un football total. A la mi-temps, l'OM était mené 4 à 0 et coach Courbis n'en croyait pas ses yeux. "Pendant quarante-cinq minutes, nos adversaires ont parfaitement joué le coup et marqué quatre buts en cinq occasions. Une efficacité monstrueuse, largement facilitée il est vrai par notre propre production. Nous n'étions même pas mauvais, nous étions carrément ridicules ! J'avais même déjà commencé à préparer les excuses, tellement j'avais honte. Ce n'est pas difficile, personne n'était en place, ni à sa place. Un vrai chantier ! A l'intersaison nous avions promis d'aligner quatre joueurs à vocation offensive ( Pires, Gouvennec, Maurice et Ravanelli en début de match) tout en essayant de conserver notre solidité défensive et on put s'apercevoir de la difficulté de notre tâche."
Avec des buts de Bakayoko (15e et 34e), Robert (19e) et même Franck Sauzée (23e) qui terminait sa carrière dans l'Hérault à 33 ans. "Mener 4-0 à la mi-temps avait un côté un peu surréaliste qui m'inquiétait, on croyait rêver", avouera plus tard l'entraîneur de Montpellier, Jean-Louis Gasset. Malheureusement pour les hommes de Louis Nicollin, la rêverie s'arrêta à la pause. P ourtant, Rolland Courbis préparait déjà sa lettre de démission. "En continuant de la sorte, on risquait de rentrer aux vestiaires en fin de match avec six ou sept buts dans les valises. À domicile, cela fait un peu désordre ! Alors, j'ai simplement rappelé aux gars que nous avions une mi-temps pour prouver que nous avions quelque chose dans le pantalon. C'est toujours facile à dire, mais c'est très réconfortant lorsqu'on arrive à ce résultat." La rentrée de Dugarry constitua le tournant de la rencontre, car il fut vraiment déterminant. Dans un Vélodrome en folie, Maurice (61e), Dugarry (64e et 71e, Roy (84e), et Laurent Blanc sur penalty à la 90eme inscrivirent les buts Olympiens.
Laurent Blanc en oublia même qu'il avait manqué la finale de la Coupe du Monde pour suspension. "J'avais en effet déjà connu pareil renversement de situation avec Barcelone en quarts de finale retour de la Coupe d'Espagne face à l'Atletico Madrid. Menés 0-4 à domicile, après avoir perdu à l'aller 0-1, nous avions finalement gagné 6-4 en inscrivant le but de la qualification dans les ultimes secondes. C'est marrant, mais j'ai pensé à ce match à partir du moment où nous avons marqué notre second but". Contre Montpellier, si Jorge Sampaoli veut motiver ses troupes, il peut pourquoi pas passer un coup de fil à Rolland !
L'équipe de l'OM ce 22 Août 1998
PORATO - GALLAS, BLANC, DOMORAUD, BLONDEAU - ROY, BRAVO (puis DUGARRY 60') - PIRES, MAURICE, GOURVENNEC (puis CAMARA 46') , RAVANELLI. Entraîneur : Rolland COURBIS