OM : Leonardo Balerdi, le chef d’orchestre d’une révolution tactique
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 11/12/2024 à 01:00
Leonardo Balerdi s’impose comme un pilier tactique à l’OM sous De Zerbi.
Critiqué, souvent moqué, parfois injustement ciblé, Leonardo Balerdi traverse cette saison 2024-2025 avec un rôle métamorphosé et une responsabilité accrue. Défenseur central devenu capitaine, il n’est plus seulement un élément de la défense marseillaise : il en est le métronome, celui par qui transite une large partie des séquences de jeu. Mais derrière ces chiffres impressionnants et ce rôle tactique essentiel, il y a aussi les attentes immenses, les erreurs qui marquent, et un travail émotionnel encore en cours.
Une révolution tactique incarnée
Le dernier match de Balerdi contre Saint-Étienne (2-0) est sans doute la démonstration la plus éclatante de ce que Roberto De Zerbi attend de lui. Avec 162 ballons touchés, record du match, l’Argentin a illustré à quel point la domination de l’OM passe par ses pieds. Dans le système du technicien italien, le défenseur central ne se contente plus de défendre ; il est l’un des premiers créateurs de jeu. À Saint-Étienne, Léo a su alterner relances courtes et longues, orchestrant la possession (près de 70 % pour l’OM) tout en restant lucide face à un pressing parfois intense des Verts.
Ce rôle de chef d’orchestre de l’arrière-garde demande une lecture du jeu supérieure et une prise de risque calculée, des qualités que le natif de Villa Mercedes est en train de perfectionner. Ses passes verticales entre les lignes, bien qu’encore irrégulières, et le jeu combiné avec ses milieux, permettent souvent de casser les lignes adverses et d'offrir des situations d'attaques. Mais cette montée en puissance ne s’est pas faite sans heurts.
Des erreurs sous la loupe
Les critiques à son encontre n’ont pas disparu cette saison. Elles se sont même intensifiées parfois, avec l’évolution de son statut. Le brassard de capitaine, qui lui a été confié cette saison, symbolise la confiance de De Zerbi, mais aussi la charge supplémentaire qui pèse sur ses épaules. À ce titre, ses erreurs marquent davantage : son but contre son camp contre le PSG ou son match manqué face à Auxerre restent dans les mémoires.
Cependant, il faut replacer ces erreurs dans leur contexte. Le coach italien exige une prise d’initiative constante, ce qui augmente le risque d’imperfections. À ce titre, Balerdi est dans un apprentissage permanent. Il doit affiner son discernement : quand jouer court pour temporiser et quand se projeter dans une relance plus audacieuse.
Le défi émotionnel
Au-delà du jeu, il reste un domaine où l'ancien joueur de Boca doit encore progresser : la gestion de ses émotions. Son carton rouge sévère à Lyon en témoigne, tout comme un moment de tension face à Saint-Étienne où Geronimo Rulli, gardien et coéquipier, a dû intervenir pour le calmer. Ces éclats traduisent à la fois une passion débordante et un manque de recul dans certaines situations.
De Zerbi, qui mise beaucoup sur le développement personnel de ses joueurs, semble toutefois avoir confiance en sa capacité à grandir sur cet aspect. Le brassard, là encore, n’est pas anodin : il pousse Balerdi à prendre du recul, à assumer un rôle de leader non seulement dans le jeu mais aussi dans l’attitude.
Un chantier collectif en devenir
Si les prestations de l'Argentin interrogent de temps en temps, elles sont aussi le reflet des évolutions tactiques de l’OM. L’équipe est encore en construction, comme il l’a rappelé lui-même après la rencontre contre Saint-Étienne : " On commence à se sentir très bien sur le terrain. Petit à petit, on trouve nos repères. " Ce contexte explique en partie ses difficultés. L’Argentin est un rouage central dans une machine qui cherche encore son plein régime.
En attendant, il faut saluer les progrès visibles : sa meilleure lecture du jeu, sa solidité dans les duels, et sa capacité à maintenir un haut niveau de concentration. Face à Lille, samedi prochain, un nouvel examen l’attend. Ce sera l’occasion pour lui de confirmer qu’il n’est pas seulement un joueur en progrès, mais bien un pilier dans la révolution tactique opérée par Roberto De Zerbi.