OM : la philosophie de jeu de Sampaoli décortiquée
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 25/02/2021 à 01:00
Comment le futur technicien de l'OM fait-il jouer ses équipes ?
Probablement olympien d'ici la fin de la semaine, Jorge Sampaoli s'est déjà mis au travail sur sa future équipe. En effet, le technicien argentin étudie les matchs de l'OM depuis trois semaines avec les trois adjoints qui devraient l'accompagner, et au vu de ce que l'OM produit ces derniers temps en termes de jeu, le chantier s'annonce consistant. D'où l'intérêt de se pencher sur les systèmes tactiques utilisés par l'ancien sélectionneur argentin ces dernières années. Des systèmes très identifiés sud-américains, à l'image de ce que produit son modèle assumé, Marcelo Bielsa, basés évidemment sur un engagement total, mais aussi sur une discipline tactique assez pointue. Déchiffrage.
Jorge Sampaoli privilégie l'attaque à tout va et on ne s'en plaindra pas
Ces derniers jours, plusieurs de ses anciens joueurs nous ont déjà donné quelques clés sur sa philosophie générale, à l'image de son ancien défenseur central à Séville Adil Rami : "Sampaoli, c'est droit au but, explique-t-il sur RMC. Il apprécie les joueurs qui tentent en un-contre-un comme Thauvin, ou même Payet s'il fait plus d'efforts défensifs. Amavi peut se régaler aussi. En fait, à chaque perte de balle, il ne veut voir personne tourner le dos au jeu, il faut absolument aller gêner les relances adverses, quitte à laisser ses défenseurs en un-contre-un". Même analyse chez son ancien latéral Benoît Trémoulinas sur La Chaîne L'Equipe : "Il donne une tactique bien précise à ses joueurs. C’est un entraîneur qui amène beaucoup de spectacle. Il n’a pas peur d’attaquer à sept ou huit… Et pendant ce temps-là, les défenseurs feront de l’individuel". On l'a compris, Jorge Sampaoli privilégie l'attaque à tout va et on ne s'en plaindra pas. Mais, sur quelles bases tactiques ?
Maradona à Sampaoli : "Pour se battre sur chaque ballon, le joueur chilien joue sa vie, et tout le mérite t’en revient"
Pour cela, la première chose à faire est de se tourner sur ce qui reste son chef-d'oeuvre, sa victoire en Copa America avec le Chili en 2015. Contrairement aux idées reçues, Sampaoli n'a pas traversé cette compétition avec son traditionnel 3-4-3. C'est même le 4-3-3 qui a le plus souvent été utilisé au fur et à mesure que la compétition avançait, comme on l'a vu lors du quart de finale très tendu face à l'Uruguay. Un changement réclamé par ses joueurs et qui a duré jusqu'à la victoire finale, preuve qu'il n'est pas obtus. La constante est ce jeu d'attaque à outrance, puisque lors des matchs précédents, il n'était pas rare de voir le Chili dans un étonnant 3-1-6 lorsqu'il avait la possession du ballon. Un système qui avait éclaté au grand jour un an auparavant, lorsque le Chili avait donné une leçon à la grande Espagne lors de la coupe du monde 2014 au Brésil (2-0 en phase de poules). Une démonstration qui avait émerveillé un certain Diego Maradona à l'époque : "Ce que tu as proposé était génial, expliquait le génie argentin à la radio après le match. L’attitude qu’on a vue de tes joueurs vient de ton discours. Pour se battre sur chaque ballon, le joueur chilien joue sa vie, et tout le mérite t’en revient". Toujours cette idée d'attaquer en nombre sans jamais laisser souffler l'adversaire... comme un certain Marcelo B.
Observation de l'adversaire sous toutes les coutures et analyse vidéo très poussée
Mais, Sampaoli, c'est aussi l'art de s'adapter à chaque adversaire avec une analyse vidéo très poussée, mais aussi des adjoints qui se déplacent en amont. Avec le Chili, deux de ses adjoints allaient voir les matchs en direct, et trois autres les décortiquaient sur ordinateur. Un travail de préparation sur le système tactique adverse et sur les coups de pieds arrêté que l'Argentin venait valider ou peaufiner en dernier lieu. Au final, tout cela finissait sur un tableau avec tous les détails sur les adversaires, le nom des probables titulaires ainsi que les alternatives, et toutes leurs combinaisons offensives et défensives. Sampaoli a poursuivi son oeuvre avec l'Argentine, mais avec une équipe de stars vieillissantes et caractèrielles qui ne lui a pas offert la possibilité de transposer son travail effectué avec le Chili. Lors de la coupe du monde 2018, il est plutôt resté avec un système en 3-4-3 et des milieux essentiellement chargés de trouver Messi ou Dybala, mais la greffe n'a pas pris. Il a bien tenté de passer en 4-4-2, sans plus de résultats.
Contrairement à la légende, il change très souvent de schéma en fonction des adversaires
Pour finir, on peut se pencher sur ce qu'il vient de réaliser au Brésil ces deux dernières saisons, d'abord à Santos puis à l'Atlético Mineiro. Lors de son dernier match (victoire 3-2 face à Recife), Sampaoli a aligné un 4-3-3, mais il avait démarré en 3-4-3 lors des trois précédents face à Bahia (1-1), Fluminense (0-0) et Goias (0-1). En fait, il n'a cessé d'alterner tout au long de la saison en fonction des adversaires, écumant à peu près tous les systèmes. En gros, on observe qu'il aligne généralement trois centraux lorsque l'adversaire joue à deux pointes, et quatre face à une attaque à trois. Rien d'original, si ce n'est que cela démontre qu'il n'est pas fixé sur un seul système défensif, au contraire de nombreux coachs français. Pour ce qui est de son organisation offensive, redonnons la parole à son ancien latéral Benoît Trémoulinas, toujours sur La Chaîne L'Equipe : "Son mot c'est : "N'ayez pas peur". Il veut presser très haut et récupérer très haut le ballon pour attaquer très vite, un peu comme le fait Bielsa. C'est tout pour l'attaque. À l'OM, ça peut marcher s'il y a les joueurs pour son système tactique". Ça, il nous faudra un peu plus de temps pour l'analyser...