OM : la L1 à 18 clubs, pour ou contre ?

La saison 1997-1998 restera comme l'une des plus belles aventures du football français avec, évidemment, l'apothéose du 12 juillet au Stade de France face au Brésil (3-0) et les mois de liesse qui suivirent. Un grand souvenir aussi pour nous les Marseillais, avec le début de l'ère Robert Louis-Dreyfus et cette folle intersaison qui voit débarquer au Vélodrome Rolland Courbis, Laurent Blanc, Fabrizio Ravanelli, Claude Makélélé ou encore William Gallas. De quoi relancer la ferveur du peuple olympien après la douloureuse parenthèse de la Ligue 2. Cette équipe terminera quatrième d'une Ligue 1 dominée par les surprenants RC Lens et FC Metz, mais ce n'est pas vraiment le sujet. Ce championnat 97-98 nous revient en tête aujourd'hui car il s'est joué à 18 clubs. Une décision prise en fin de saison précédente à la demande du sélectionneur Aimé Jacquet afin d'alléger le calendrier des internationaux en vue du Mondial organisé en France. Une bonne idée puisque Zizou et sa bande iront au bout. Bonne chose pour les clubs également, qui toucheront une part plus importante de droits TV. En revanche, les résultats des équipes françaises sur le plan européen n'ont pas vraiment suivi, hormis l'OM en 1999 (finale de C3), et on décidera de revenir à 20 clubs en 2002-2003.

"On accorde à la Ligue 1 le fait de faire partie du top 5 européen : je trouve ça très flatteur en matière d'affichage, mais nous n'avons pas gagné une coupe d'Europe depuis 1996"

Plus de vingt ans plus tard, l'idée d'une Ligue 1 à 18 clubs est de retour, certainement aidée par la crise des droits TV, des nombreuses blessures dues au calendrier démentiel actuel des clubs européens, mais aussi par les résultats désastreux en coupe d'Europe. Une idée signée Vincent Labrune, le nouveau patron de la LFP, comme il l'expliquait dimanche dans le JDD : "On accorde à la Ligue 1 le fait de faire partie du top 5 européen : je trouve ça très flatteur en matière d'affichage, mais nous n'avons pas gagné une coupe d'Europe depuis 1996, quand neuf autres pays l'ont fait depuis. Il faut que nous trouvions le moyen de faire passer un cap aux plus gros clubs, par l'accroissement de leurs revenus. Nous devons redessiner le format de nos compétitions. Il y a trop de compétitions, trop de clubs, trop de joueurs. Ça tire le niveau moyen vers le bas". Un refrain déjà entendu à plusieurs reprises, même s'il n'est pas prouvé que ce resserrement de l'élite soit LA solution pour exister au plus haut niveau européen. En effet, seule l'Allemagne a choisi ce modèle dans le Big 5 européen, et si le Bayern est effectivement champion d'Europe cette année, les Anglais, Espagnols ou Italiens ramassent les titres à la pelle en dépit de leurs championnats à 20 clubs.

"Resserrer l'élite, ça veut dire concentrer les talents dans 18 clubs et pas dans 20, et c'est se donner plus de moyens financiers pour être compétitifs"

Pour autant, cette réflexion est un vrai sujet, tant sur le plan économique que sur l'intérêt de la compétition. C'est ce qu'explique au Phocéen l'économiste du football Vincent Chaudel, de l'Observatoire du Sport-Business : "La vraie question, ce n'est pas de passer à 18 mais de se demander pourquoi on est à 20 clubs. Repasser à ce format en 2003 n'était pas une bonne idée, dans le sens où on s'est retrouvé avec des clubs comme Boulogne-sur-Mer, Arles-Avignon ou Istres qui étaient déjà décrochés au mois de décembre. On peut opposer le fait que l'Angleterre se débrouille très bien à 20, mais des clubs comme Liverpool ou City font le forcing pour passer à 18 aussi. Resserrer l'élite, ça veut dire concentrer les talents dans 18 clubs et pas dans 20, et c'est se donner plus de moyens financiers pour être compétitifs, car les parts du gâteau seraient plus importantes, c'est mathématique. C'est aussi alléger le calendrier avec moins de matches, alors qu'on voit les dégâts dans les effectifs en ce moment. Il faut d'ailleurs cette situation de crise pour repenser enfin au passage à 18 clubs. La meilleure idée est donc de revenir à ce format et de faire une Ligue 2 à 22 en accompagnant financièrement ceux qui vont descendre la première année". Pas sûr que la majorité des présidents de L1 et L2 soient d'accord, mais en cette période très compliquée pour le football français, le sujet a le mérite d'être sur la table.