OM : la charnière centrale dans la spirale des cartons
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 12/04/2021 à 01:00
Deux défenseurs centraux olympiens seront encore suspendus samedi face à Lorient. Comment stopper cette escalade tellement pénalisante pour l'OM ?
L'OM champion d'Europe des cartons, voilà qui peut faire sourire un moment, mais qui va finir par lasser. Et encore, les Olympiens ne jouent pas le titre, le podium, ou encore le maintien, car le problème serait encore plus grave avec régulièrement un suspendu à chaque match, quand ce n'est pas deux. Avec le rouge récolté par Duje Caleta-Car et le nouveau jaune pour Alvaro, l'OM n'a pas seulement concédé le match nul à Montpellier (3-3). Il se prive donc de ses deux centraux titulaires pour le prochain match face à Lorient samedi. En tout, 9 cartons rouges et 85 jaunes pour les Olympiens depuis le début de la saison. Record en Ligue 1, en Europe, et même si on aime cet OM sanguin, ça commence à faire beaucoup. Si on déplore que certains arbitres aient la main lourde avec les Olympiens, le problème existe aussi ailleurs.
Un total de onze matches ratés pour cause de suspension par Alvaro, Caleta-Car et Balerdi
En fait, cela concerne toute la charnière centrale, puisqu'elle évolue désormais à trois axiaux sous les ordres de Jorge Sampaoli. Le constat est sans appel : Alvaro collectionne les jaunes avec 14 biscottes, Caleta-Car suit avec 9 jaunes et 1 rouge et Leo Balerdi met aussi du coeur à l'ouvrage avec 4 jaunes et 2 rouges. Les autres ne sont pas en reste, on pense à Amavi, Sakai, Gueye, Payet ou encore Benedetto qui ont eux aussi eu droit à leur expulsion. Mais, pour se recentrer sur les trois axiaux, l'OM subit un réel préjudice avec un total de onze matches ratés pour cause de suspension, ce qui est évidemment beaucoup trop pour une charnière centrale titulaire. Bien sûr, personne n'ignore la propension des arbitres de L1 cette saison à sanctionner les Olympiens, qu'elle soit réelle ou soupçonnée, mais l'OM doit quand même se pencher sur le problème, notamment si la qualification en C3 se joue à un cheveu. Alors, comment aborder cette problématique ? Dans de nombreux clubs, les joueurs ont à disposition des préparateurs mentaux, voire des psychologues, pour corriger leurs manques ou leurs trop-pleins. On ne sait pas si l'OM travaille là-dessus, mais il ne serait pas idiot de se pencher sur la question. "Le problème n'est pas forcément mental, il est souvent au niveau de l'action, explique au Phocéen l'ancien coach mental de l'OM au début des années 2000 Sauveur Lombardo. Ces joueurs dont on parle ne sont pas foncièrement nerveux ou fébriles dans leur tête, ils le sont dans ce qu'ils proposent actuellement sur le terrain. Il faut donc essayer de cibler le processus qui les amène, à un moment donné, à aller trop loin, que ce soit dans une intervention ou en paroles avec un arbitre. Il s'agit d'agir avec eux sur un environnement global, collectif, avec les coéquipiers, le staff et les dirigeants. Il faut travailler sur la manière dont ils subissent le contexte, car c'est là qu'il y a une faille. Trouver un équilibre entre les tensions et l'apaisement".
"Si vous êtes soumis à une pression de résultats et que vous êtes les derniers remparts d'une défense, vous êtes bien plus exposés que les autres"
Cette faille provient certainement des difficultés qui ont traversé le club depuis le début de la saison. Mauvais résultats, tensions avec les supporters, changement d'entraîneur, de président, de coach... On peut ajouter un départ raté pour Liverpool pour le Croate et l'inexpérience au plus haut niveau pour Balerdi. De plus, les centraux sont avec le gardien ceux qui subissent le plus les manquements collectifs de l'équipe sur le terrain. De quoi dépasser la mince frontière entre engagement et dépassement des limites. "Si vous êtes soumis à une pression de résultats et que vous êtes les derniers remparts d'une défense, vous êtes bien plus exposés que les autres car la faute est souvent irréversible, confirme Sauveur Lombardo. Il y a donc un effort collectif à faire pour les aider. C'est aussi au staff et au club dans son ensemble d'utiliser ce contexte non pas de manière destructrice, mais constructive. Si on ne prend pas cette spécificité en compte, il y a forcément quelque chose qui va nous échapper. C'est là qu'un coach mental peut intervenir, pour faire comprendre qu'on ne prépare pas l'OM comme on prépare Lille ou Strasbourg. Le côté volcanique d'un Sampaoli, par exemple, doit être accueilli comme une force et pas comme une pression. Même chose pour les supporters. C'est toute une politique interne qui favorise ou défavorise le contexte." De quoi faire réfléchir, car l'OM ne peut pas se permettre de rater un objectif à cause de ça...