OM : Kamara-Rongier, la master class du milieu

Dimanche dernier au Parc des Princes, c'est tout un collectif marseillais qui s'est dépouillé pour enfin venir à bout des individualités du PSG et mettre un terme à dix années de disette. Difficile dans ce cas de ressortir un ou plusieurs acteurs, même si on retient évidemment la master class de Steve Mandanda. Mais, en revoyant le match, on s'aperçoit qu'une poignée de joueurs olympiens peut revendiquer la maîtrise parfaite de l'événement, et ce ne sont pas forcément ceux que l'on a le plus vus. Bien sûr, Thauvin a su transformer la seule percée olympienne à un moment où l'OM prenait le bouillon. Évidemment, Payet a su allumer la lumière d'un coup de patte en or massif. Oui, le duo Caleta-Car - Alvaro a tenu en respect les stars de l'attaque parisienne. Mais, en y regardant de plus près, on se doit de mettre en avant l'incroyable travail de sape de Valentin Rongier et Bouba Kamara pour faire exploser le jeu de passe du PSG. D'où notre question initiale : l'OM tient-il avec ces deux-là un duo d'internationaux potentiels ? On est tentés de dire oui, avec toutes les précautions d'usage, et on vous dit pourquoi.

"Par rapport à ce que demandait Villas-Boas, ce sont les deux joueurs qui ont tenu un rôle capital sur le plan géographique"

Déjà parce que les deux n'en sont pas à leur coup d'essai. Il n'y a qu'à regarder la saison dernière pour s'en persuader, sans oublier le troisième larron Morgan Sanson qui n'était pas là dimanche. Un milieu qui a tenu en respect la quasi-totalité des milieux adverses et qui a surtout corrigé la désagréable impression de ces dernières années, lorsque l'OM se faisait régulièrement manger dans ce secteur. Dimanche soir, le duo Kamara-Rongier, bien accompagné par le rookie Pape Gueye, a fait la loi face aux Verratti, Herrera et I. Gueye, trois noms bien plus cotés dans le gotha européen. "Par rapport à ce que demandait Villas-Boas, ce sont les deux joueurs qui ont tenu un rôle capital sur le plan géographique, explique au Phocéen le technicien marseillais Bernard Rodriguez. Il s'agissait d'un dispositif très défensif où ils devaient attendre les Parisiens dans cette zone avec une grosse densité. Kamara, comme d'habitude, a été le garant de l'équilibre défensif en compensant très intelligemment pour faire le troisième défenseur central. Rongier, lui, a été le déclencheur du pressing en giclant sur le porteur du ballon et en assurant la récupération et la projection. En cela, ils ont assuré le plus difficile face à une équipe comme Paris qui a horreur d'être contrariée dans son jeu de passes offensif".

"On parle d'un secteur de jeu où la France est incroyablement fournie avec les Kanté, Pogba, Rabiot, Tolisso, Aouar, Ndombele... sans parler de Camavinga qui vient de signer un bail d'au moins dix ans"

On en revient donc à cette question : après une saison aussi marquante et une telle démonstration à Paris, les deux compères peuvent-ils faire réfléchir Didier Deschamps ? En tournant la question comme ça, on en est persuadés, dans le sens où leur performance n'a pas pu échapper au sélectionneur et à son staff. Ceci dit, de là à les imaginer dans sa prochaine liste, il y a un pas bien plus grand à franchir. "Parler de niveau international est compliqué, dans la mesure où le match n'était pas d'un niveau international, selon moi, confirme Bernard Rodriguez. Après, concernant Kamara, vu son âge et sa marge de progression, on est obligé d'évoquer une trajectoire internationale. Mais il faut garder à l'esprit que l'on parle d'un secteur de jeu où la France est incroyablement fournie avec les Kanté, Pogba, Rabiot, Tolisso, Aouar, Ndombele... sans parler de Camavinga qui, à mon avis, vient de signer un bail d'au moins dix ans. C'est pour ça qu'il est difficile de se prononcer, au moins pour Rongier qui est pourtant un milieu aux caractéristiques hyper intéressantes. Le niveau international, il l'a, mais peut-il se frayer un chemin dans une telle concurrence ? C'est plus compliqué". Compliqué, mais pas inimaginable dans le sens où l'ancien Nantais n'a que 25 ans. Ça l'est encore moins pour Kamara, 20 ans à peine. En tout cas, quoi qu'il arrive, l'OM possède avec ces deux-là une drôle d'assurance tous risques, et c'est déjà énorme. Vivement le match contre Sainté pour la confirmation.