OM : Elie Baup voit une similitude avec 2013
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 05/11/2020 à 01:00
L'ancien coach de l'OM analyse la mauvaise passe de l'OM.
Après la troisième défaite de rang de l'OM en Champions League à Porto mardi (0-3), les supporters de l'OM sont inquiets, et surtout en colère. En effet, comment cette équipe qui a terminé deuxième du dernier championnat peut-elle afficher un niveau aussi affligeant quelques mois après ? Le Phocéen a posé la question à l'ancien coach olympien Elie Baup, qui a lui-même connu une terrible série de défaites dans cette compétition en 2013. Interview.
Que retenir de ce match 48 heures après ?
Elie Baup : "Au départ, on dirait qu'ils ont tenu compte de ce qu'il s'était passé lors des matches précédents. Ils ont tenté de mettre la pression, d'aller chercher les ballons dans les pieds adverses. On sentait qu'ils voulaient changer les choses, et puis il y a cette erreur qui entraîne le premier but portugais. C'est toujours la même chose, avec en plus ce penalty raté par Payet. De quoi se mettre la tête à l'envers, surtout face à une équipe de qualité qui n'en demandait pas tant".
Vous parvenez à localiser le problème ?
EB : "Il est difficile d'être catégorique, mais on sent que ça ne tourne jamais dans le bon sens et que ça se complique trop facilement. Peut-être pas assez de force mentale, d'engagement total pour renverser le cours des choses. C'est lié à deux aspects : il faut être bien préparé physiquement et faire preuve d'une solidarité exemplaire. Sans ça, et on a l'impression que ça pêche de ce côté-là, il est difficile de se révolter dans un match de ce niveau".
On sent aussi de grosses défaillances individuelles, non ?
EB : "Bien sûr, ça saute aux yeux. Il y a certainement beaucoup de raisons à cela, avec l'arrêt du championnat en mars, le fait de ne pas reprendre... Et puis il y a une intersaison avec des interrogations, comme Sanson qui doit partir et ne part pas, Thauvin qui ne sait pas s'il prolonge ou pas... les joueurs sont sensibles à ça, et avec ces détails mis bout à bout, vous le payez sur les gros matches comme ça. Évidemment, en Ligue 1, vous allez à Lorient ou à Brest et c'est plus facile. En tout cas ça se voit moins. Mais en Champions League, ça ne pardonne pas".
On ne peut pas passer sous silence la méforme persistante d'un Dimitri Payet. Elle vous surprend ?
EB : "Il y a certainement des interrogations derrière ça. AVB a essayé de le titiller en le mettant sur le banc, mais ça n'a pas marché visiblement. Pourtant, il a toujours montré qu'il pouvait avoir des réactions d'orgueil, mais là, il ne répond pas comme il a su le faire par le passé. On fait tous le même constat, vous, moi, et les joueurs aussi".
Vous parlez d'incertitudes, il y a eu aussi celles concernant André Villas-Boas qui a longtemps entretenu le suspens au printemps sur son avenir à l'OM...
EB : "C'est difficile de répondre à ça. Un entraîneur est encensé quand ça marche et beaucoup moins quand les résultats chutent. Il a un rôle important, bien sûr, mais ce n'est pas ça qui va toucher la tête des joueurs. Ils sont habitués, ça existe partout. Cette incertitude est parfois créée par les dirigeants, là c'est par le coach lui-même, mais ça fait partie du foot. Je ne pense pas que des internationaux comme il y a à l'OM soient sensibles à ça, je suis bien placé pour le savoir. Vous êtes bon une saison et celle d'après, si les résultats baissent, vous êtes nul et vous dégagez (rires). Il n'y a pas d'états d'âme".
Il reste éventuellement la possibilité d'un repêchage en Europa League, mais surtout le championnat. Le podium avec cette équipe, vous y croyez ?
EB : "Bonne question, c'est dur à dire. Tout va dépendre de cette dynamique collective dont je parlais. On voit que des garçons sont touchés, comme Mandanda que j'écoutais après le match et qui appelait sincèrement à une réaction. Mais, ces paroles-là, on les a déjà entendues, on va voir s'il y a des actes derrière".
Encore une fois, ça vous rappelle votre passage à l'OM ?
EB : "Un peu, j'ai entendu ça à l'époque. On avait fini second et derrière, on avait recruté principalement des jeunes. On l'avait payé cher, et en écoutant les interviews d'après-match mardi, j'avais l'impression de revenir en arrière. Quand j'ai été viré, on était quatrièmes et encore vivants, mais j'ai été mis dehors à cause de toutes ces défaites en Champions League. Ça n'a pas donné plus d'énergie au groupe derrière, mais il fallait réagir, c'est comme ça. Aujourd'hui, j'aimerais vraiment qu'ils se remettent à l'endroit, qu'ils battent Porto et qu'ils fassent un bon championnat. C'est encore possible, mais il faut une réaction collective".