OM : buteur en panne, mode d'emploi
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 26/10/2020 à 12:00
Deux anciens attaquants olympiens commentent la traversée du désert de Pipa Benedetto.
Buteur est un drôle de métier, dans le sens oû quelques centimètres peuvent vous porter au firmament ou vous pourrir l'existence. Dans cette dernière catégorie, Pipa Benedetto se pose là. En effet, au-delà de la longue traversée du désert de l'avant-centre argentin de l'OM que nous avons largement commentée, on pense au bout de la chaussure du gardien de l'Olympiakos qui l'a privé d'un but qui aurait pu tout débloquer. À quelques centimètres près, Pipa aurait pu être le héros de l'entrée en matière des Olympiens en Champions League. Au lieu de ça, Benedetto continue d'être un sujet de débat, au point de se demander si Villas-Boas doit le titulariser mardi, alors que l'effectif de l'OM ne croule pas sous les avants-centres de rechange. Cette fameuse traversée du désert du buteur est un sujet universel dans le football, car elle les a tous touchés à un moment ou à un autre. Reste à savoir comment en sortir.
"Il faut voir ce qu'il y a autour. Il ne touche pas un ballon ! Désolé, mais Thauvin et Payet jouent pour leur gueule, et ça fait des années que ça dure"
À l'OM, la panne du buteur n'est pas une nouveauté. Au contraire, c'est même devenu un sujet récurrent depuis le départ d'André-Pierre Gignac. En dehors de la belle saison d'un Bafé Gomis, tous les autres se sont cassé les dents, au point de se demander si le jeu de l'OM est vraiment fait pour ses attaquants, mais c'est un autre débat. Enfin, pas tant que ça, puisque beaucoup estiment que n'importe quel attaquant à la place de Benedetto connaitrait le même sort. C'est le cas de l'ancien buteur olympien de la fin des années 80 Patrick Cubaynes, comme il l'explique au Phocéen : "Pour moi, Pipa est un très bon attaquant, mais il faut voir ce qu'il y a autour. Il ne touche pas un ballon ! Désolé, mais Thauvin et Payet jouent pour leur gueule, et ça fait des années que ça dure. Ce sont de grands joueurs, mais ils ne sont pas au service de leur avant-centre comme doivent l'être des ailiers. Et c'était la même chose avec Germain ou Mitroglou. La saison dernière, quand l'animation offensive était bonne, il a marqué des buts, non ? Là, il n'a rien à se mettre sous la dent, et lorsqu'il a une occasion par miracle, c'est compliqué d'être en confiance. On me parle d'une baisse de régime physique, mais je ne suis pas d'accord. Les joueurs autour de lui doivent changer de mentalité. J'adore Thauvin, mais il ne pense qu'à marquer. Dans ce cas, qu'il prenne le numéro neuf et qu'il joue en pointe. Mais s'il veut rester sur le côté, il doit se mettre au service de son avant-centre".
"Si l'occase manquée à Lorient n'est pas très gênante, celle face à l'Olympiakos doit le rendre malade"
Le constat de Cubaynes est peut-être un peu raide, mais il s'entend. Après, on ne peut pas occulter le fait que Benedetto est moins tranchant devant le but, et que sa confiance est certainement entamée. La sienne et celle de ses coéquipiers envers lui, comme l'explique un autre ancien buteur olympien. "J'en ai connu des périodes comme ça, explique Marc Libbra. Lorsque l'équipe gagne, c'est moins gênant, mais dans le cas contraire, tu le prends obligatoirement pour toi. Tu es le premier sur lequel les gens vont taper, car on estime que tu ne remplis pas la mission pour laquelle tu es payé. Si l'occase manquée à Lorient n'est pas très gênante, celle de l'Olympiakos doit le rendre malade. Il a la chance d'avoir un coach qui lui fait confiance et qui le maintient dans ses compos, mais il doit sentir le regard de ses coéquipiers. C'est négatif, dans le sens où tous doivent lui dire avant chaque match "allez, cette fois-ci c'est pour toi, tu vas la mettre au fond !". Ça part d'un bon sentiment, mais tu sais bien qu'en temps normal, ils n'ont pas besoin de te dire ça. Tu ressens cette pression de l'environnement, sans parler de la presse ou des réseaux sociaux. Il doit rester dans sa bulle et attendre le déclic, se détacher de tout ça, mais ce n'est pas évident". Dans un monde idéal, le choc face à Manchester constitue le moment rêvé pour Pipa de refaire parler la poudre. On n'ira pas jusqu'à miser gros là-dessus, mais l'histoire serait tellement belle...