Numéro d'affiliation : un obstacle pour la vente ?
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 27/04/2016 à 07:00
L'OM est en vente. C'est officiel depuis le communiqué de Margarita Louis-Dreyfus. Depuis, tout Marseille s'enflamme sur l'identité du futur repreneur, sa nationalité, sa fortune et les hommes qu'il mettra en place sans avoir, évidemment, le moindre début d'information sur le sujet. Certains pensent même que l'élu est déjà choisi et que la transaction est déjà dans les tuyaux. Là encore, ce n'est que spéculation. Toutefois, s'il y a quelqu'un qui décrochera l'info en exclu, c'est bien un Marseillais, et même le premier d'entre eux puisqu'il s'agit du Maire de Marseille. En effet, dès le lendemain de l'annonce de la mise en vente, Jean-Claude Gaudin affirmait qu'il était plus que concerné par le dossier puisqu'il expliquait qu'il aurait son mot à dire sur cette vente. Pourquoi ? Tout simplement par le biais de l'Association OM, dirigée par son ami Jean-Pierre Foucault et détentrice du fameux numéro d'affiliation auprès de la LFP, sans lequel le club ne peut participer au championnat. "C'est un droit de regard, déclarait-il. MLD dit dans son communiqué qu'elle 'informera le maire', mais pour le maire de Marseille, c'est un peu plus que cela". L'avertissement est lancé, il faudra compter avec Jean-Claude Gaudin.
Revenons donc sur ce numéro magique, détenteur de tous les pouvoirs et dont on parle tant en ce moment. Celui qui en parle le plus, c'est le nouveau directeur général de la LFP, Didier Quillot. Dans l'une de ses premières déclarations, il affirme vouloir rendre le numéro d'affiliation aux clubs professionnels et mettre ainsi fin à cette menace régulièrement brandie par les collectivités : "Cela permettrait ainsi aux investisseurs potentiels d'être sécurisés sur la pérennité du modèle économique du club. Un investisseur qui verrait que sa participation au championnat peut lui être retirée à tout instant par l'association peut légitimement s'interroger", déclarait-il la semaine dernière à L'Equipe. Un effet d'annonce qui trouve un écho en cette période de vente de l'OM, mais qui ne devrait pas aller beaucoup plus loin selon Christophe Bouchet : "C'est la revendication première des clubs pros depuis quinze ans, explique l'ancien président olympien au Phocéen. Mais ça n'ira pas plus loin. Quillot n'a aucun pouvoir là-dessus".
Il faut savoir que ce numéro d'affiliation dont on parle tant est un peu comme une plaque d'immatriculation pour une voiture. Sans elle, on ne peut pas rouler. Ce numéro, donné par l'état, est lié à l'association qui est, elle-même, liée au club par une convention. Par ce biais, le législateur a souhaité assurer la présence d'une association à l'intérieur des clubs pros. "C'est un peu comme lorsqu'un couple divorcé souhaite vendre sa maison. Il faut l'accord des deux parties, explique Bouchet. Mais quand Gaudin dit qu'il a un droit de regard sur la vente, ce n'est pas très judicieux. Evidemment, l'association est liée à la mairie, et il a donc la main dessus, mais si un juriste se penchait là-dessus, il constaterait que Gaudin est donc dirigeant de fait de l'association. Pour moi, ce n'est pas une bonne idée de dire cela, mais je pense qu'il réagit surtout en tant que propriétaire du stade. Il doit s'assurer du sérieux et de la solvabilité de celui qui va occuper son stade, car c'est lui qui va financer en grande partie sa dette".
Mais pour revenir au fond du problème, l'OM a-t-il vraiment intérêt à récupérer ce numéro d'affiliation, notamment dans l'optique de la vente ? "Oui et non, estime Bouchet. Bien sûr, il serait plus simple de disposer du nom et du numéro, pour des questions de fluidité. Mais d'un autre côté, l'association permet parfois de ramener à la raison le club. On peut avoir des dirigeants de clubs imprudents ou malhonnêtes, et si la collectivité n'a aucun contrôle, le club peut faire faillite et disparaître. Elle permet d'avoir un oeil sur l'état du malade, ou parfois d'éviter des présidents farfelus, voire escrocs. Il faut se souvenir de l'épisode Kachkar par exemple. Franchement, çette histoire de numéro n'a pas empêché les Qataris d'acheter le PSG, ni Tapie ou RLD d'acheter l'OM. Pour moi, ce n'est pas un problème prioritaire".
Pour finir, outre ce "droit de regard" sur la vente, l'autre point de friction entre l'OM et son association est la formation, dont cette dernière est responsable. La structure pro souhaiterait y mettre un terme en récupérant notamment l'équipe réserve, les U19 et les U17. Là encore, il est difficile de déterminer ce qui est le mieux pour le club. En revanche, si on se penche sur la production du centre de formation olympien de ces dix dernières années, voire depuis toujours, il y a effectivement de quoi se poser des questions. Mais c'est un autre débat...