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Autour de l'OM

Njie : la vitesse ne fait pas tout

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 24/02/2018 à 07:00

Njie : la vitesse ne fait pas toutNjie : la vitesse ne fait pas tout

Les soirs de défaites, le football a besoin de boucs émissaires, et jeudi soir à Braga (0-1), c'est Clinton Njie (24 ans) qui s'y est collé. 4 pour La Provence, 3 pour L'Equipe et 2,5 pour Le Phocéen, sans parler des chaleureuses félicitations des internautes sur les réseaux sociaux. Telle est la vie de Clinton cette saison, navigant entre le banc et de courts séjours sur la pelouse, entre fulgurances décisives (7 buts, 5 passes) et moments de solitude comme jeudi soir. C'est aussi l'histoire de sa jeune carrière : six mois canons à Lyon, un transfert à 17 M€ à Tottenham dont il ne connaîtra que le banc de touche et puis l'OM avec des hauts et des bas depuis un an et demi. Au milieu de tout cela, une constante : Njie est un sacré sprinteur, mais on attend toujours le footballeur.

Ses formateurs à la rescousse

Poutant, pour ceux qui connaissent le bonhomme, l'enfant de Buéa est tout sauf un Bip-Bip aux pieds carrés. Loin de là, même. Pour en savoir plus sur ce dilemme Njie, Le Phocéen est allé chercher du côté de celui qui l'a découvert lors de ses débuts à l'Académie des Brasseries du Cameroun à Douala, le recruteur Afrique de Lyon Patrice Girard : "A l'époque, j'étais le seul observateur là-bas, alors qu'aujourd'hui nous sommes dix-sept. Je l'ai vu jouer pour la première fois au tournoi de Limbé. Il jouait couloir gauche et enchaînait les efforts avec une vitesse incroyable. J'ai appelé Rémy (Garde) pour le faire venir, et au bout d'une demi-journée, on savait qu'on allait le faire signer". Arrivé à la fin de l'été 2011, le timide Clinton ne met en effet pas longtemps à séduire le responsable de la formation lyonnaise Gérard Bonneau : "On l'a fait venir un peu avant ses 18 ans. Ce n'était pas évident pour lui, car c'est un anglophone à l'origine, mais il parlait déjà un peu français. Habituellement, il faut six ou sept mois pour s'acclimater à l'Europe lorsque l'on vient d'Afrique, mais ce fut très rapide pour Clinton, car il avait un vrai projet. Un jeune très sympathique, très à l'écoute pour son âge. La première fois, il est resté trois semaines pour être évalué et on a tout de suite flashé sur ses qualités de vitesse sur un côté".

Travailler le dernier geste

Ah, la vitesse, toujours la vitesse... tellement élevée qu'elle est devenue sa seule marque de fabrique, alors que le garçon ne manque pas de qualités. Dommage, car à 24 ans, cette étiquette qui lui colle à la peau semble l'empêcher de décoller, comme nous l'explique Gérard Bonneau qui l'a pourtant vu réaliser de très grandes prestations avec Lyon : "Chez les pros, il a d'abord été un très bon joker en cours de matches, puis il a eu cette excellente période avec Rémy Garde qui lui a permis d'être transféré à Tottenham. Il créait beaucoup d'espaces et de surnombres grâce à sa vitesse et à ses dribbles, mais on lui demandait de travailler sa capacité à donner le ballon, à faire le bon choix, ce qui n'était pas évident pour un jeune de son âge. Je ne sais pas s'il a progressé là-dessus à Marseille, car je ne vois pas tous ces matches, mais il est vrai qu'il a peut-être un peu de mal à franchir ce cap. Pourtant, il a une très bonne coordination, des appuis dynamiques capables de créer de vraies différences, mais on devait le faire travailler sur le dernier geste, la bonne décision. J'imagine que c'est toujours un peu le cas. Les qualités naturelles sont là, mais elles doivent s'accompagner d'une réflexion collective, d'une vision du jeu. Chez nous, il a fait des choses extraordinaires, même s'il lui manquait cette constance pour vraiment s'imposer. Il y serait certainement parvenu, mais il y a eu cette offre de Tottenham et on est reparti sur un autre cycle avec Maxwell Cornet".

Lyon voulait le récupérer

Pourtant, Patrice Girard reste intimement persuadé que sa découverte n'a pas besoin de grand-chose pour devenir enfin l'un des tout meilleurs attaquants de Ligue 1 et même d'Europe. La seule chose qui lui manque est un entraîneur qui lui fait vraiment confiance : "Le problème, c'est que s'il ne joue pas, il ne peut pas marquer. Chez nous, il marquait en CFA et chez les pros parce qu'il jouait, c'est tout. Rappelez-vous le trio qu'il formait en 2015 avec Fekir et Lacazette, ils mettaient le feu à tout le monde. S'il n'y avait pas eu cette offre de Tottenham, il serait encore titulaire ici. À l'OM, dans l'esprit de Garcia, il n'est pas un titulaire, il joue lorsque Germain ou Thauvin ont besoin de souffler. C'est ça le problème. Et comme Clinton est hyper respectueux, qu'il n'est pas du genre à taper sur la table, il reste dans ce cercle vicieux. Regardez Thauvin à ses débuts à l'OM ou à Newcastle, c'était pareil, mais il a fini par s'affirmer. Pour Clinton, s'il joue 35 matches dans la saison, il va enfiler les buts avec les qualités qu'il a. Mais il est exactement comme Germain, il n'est pas dans la revendication. Si Mitroglou s'était imposé d'entrée, Valère serait sur le banc, comme à Monaco, et il ne la ramènerait pas. Encore une fois, tout le monde adore Clinton ici, à tel point qu'on voulait le récupérer après Tottenham, et que s'il revient un jour, on aura tous le sourire".

Pour l'instant, c'est à l'OM qu'on aimerait avoir le sourire. Attention, on ne tire pas la gueule non plus, mais, un an et demi après son arrivée, le jeune Clinton est toujours attendu en salle d'embarquement pour le décollage et il ferait bien d'accélérer un peu. Ça tombe bien, il sait le faire...