Mais, où sont passés les leaders ?

Dire que ce déplacement à Lille pouvait propulser l'OM à la deuxième place de la Ligue 1, seul deuxième derrière l'irrattrapable PSG. Ça, c'était la théorie, mais il y a aussi la pratique, et là, l'OM n'y est pas du tout. Après Francfort (1-2), après Lyon (2-4), et après le petit miracle face à Strasbourg (3-2), les Olympiens inquiètent, à commencer par leurs leaders. Ceux qui ont fait la force du parcours de la saison dernière ne répondent plus, et c'est peut-être ce qu'il y a de plus gênant dans le bouillon pris au stade Pierre Mauroy.

La lecture des notes du Phocéen ce lundi en est le plus bel exemple : 2 (encore) pour Gustavo, 2,5 pour Mandanda, 3 pour Thauvin et 3 pour Strootman, nouvel arrivant, mais logiquement affublé lui aussi du statut de leader. Le résultat est imparable. Lorsque les patrons ne répondent pas, difficile d'exister, comme l'explique notre consultant Jacques Bayle depuis un moment : "On y revient, mais je persiste à dire que la gestion de l'après-coupe du monde a été mal gérée. Nos trois champions ont du mal à redevenir les leaders qu'ils étaient jusqu'à présent, et cela représente quand même une grosse partie de la colonne vertébrale de l'équipe. On pouvait penser le contraire de Thauvin avec ses statistiques, mais j'ai un problème avec son attitude en ce moment. Cette image où on le voit jouer en marchant à Lille est très significative. L'impuissance persistante de Luis Gustavo et celle de Mandanda aussi. Globalement, même s'il n'y a pas le feu au classement, cette équipe m'inquiète. Les nouveaux que sont Strootman et Radonjic n'apportent rien, le capitanat tourne et n'apporte rien non plus, et le vestiaire ne ressemble plus à celui de la saison dernière. Je ne sais pas si c'est le mercato, les salaires, les prolongations, mais il y a des problèmes à régler".

Cette image de Thauvin dont parle Jacques Bayle a effectivement beaucoup fait parler, que ce soit lors du direct mais aussi sur les réseaux sociaux. Un Thauvin rapidement découragé, voire blasé, qui a marqué même son défenseur de la première heure, l'ancien Olympien Bernard Bosquier : "Cette image de Florian est très significative pour moi, car je ne l'ai pas reconnu, tout simplement. Il ne courait pas, alors qu'on le voit habituellement se replier à la perte du ballon, ou démarrer lorsqu'il fait une passe. En fait, hier, on avait l'impression qu'il boudait". Un Bosquier lui aussi interloqué par la nouvelle prestation décevante de Kevin Strootman, pas vraiment à la hauteur de ce que l'on peut espérer d'un tel pedigree : "Je me pose vraiment des questions sur lui, qu'on m'a vendu comme un grand joueur. J'ai l'impression qu'il s'emmerde sur le terrain, qu'il ne sait pas ce que l'on attend de lui. À un moment, je me demandais même s'il jouait. Bien sûr, il vient d'arriver, mais il n'a pas 20 ans. Il doit donner beaucoup plus que ça". Enfin, l'ancien libero de l'OM et de l'équipe de France se demande lui aussi ce qui se passe avec Luiz Gustavo : "C'est intéressant, car si on regarde bien, on voit qu'il ne dirige pas, qu'il ne fait pas de signes des bras ou qu'il ne rappelle pas ses coéquipiers à l'ordre, alors qu'il doit commander. Je ne le reconnais plus".

L'état des lieux serait incomplet si l'on ne parlait pas du rôle du leader n°1, Rudi Garcia, dans ce coup de mou persistant. Pour l'instant, le coach olympien s'échine à positiver : "Ce n'est qu'une défaite, même si elle est lourde. On prend beaucoup de buts, mais tout va se remettre en place quand tout le monde sera à 100 % et sera revenu tout court" (vidéo). Certes, l'argument des absences et des méformes est recevable, mais on ne peut pas s'empêcher de penser que le coach manque lui aussi d'inspiration actuellement. "Comme les joueurs, les entraîneurs connaissent des périodes de méforme, explique Jacques Bayle. À l'image de l'équipe, je le trouve moins inspiré. À Lille, même s'il y a l'excuse des absences, c'est quand même significatif. À droite, il y a Sarr qui n'est pas un latéral droit. À gauche, Sakai n'est pas un latéral gauche. Dans l'axe, Gustavo n'est pas un défenseur central. Au milieu, on a Sertic qui est un défenseur central. En 10, on trouve Thauvin qui est un ailier droit. Enfin, sur l'aile droite, il y a Radonjic qui est un ailier gauche. Ça fait six joueurs qui ne jouaient pas à leur poste, c'est beaucoup, non ?". Même si les replacements n'expliquent pas tout, c'est effectivement beaucoup, et il y a certainement de quoi creuser de ce côté-là aussi...