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Autour de l'OM

Les clubs (et donc l'OM) peuvent-ils vraiment s'effondrer ?

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 23/03/2020 à 15:00

Les clubs (et donc l'OM) peuvent-ils vraiment s'effondrer ?Les clubs (et donc l'OM) peuvent-ils vraiment s'effondrer ?

Certains dirigeants de Ligue 1 sont très alarmistes sur la situation financière des clubs français.

Hier dimanche, sur les ondes de France Bleu Loire, le président du conseil de surveillance de l'AS St-Etienne Bernard Caïazzo s'est exprimé de manière très alarmiste sur l'économie des clubs français avec la crise du coronavirus. Estimant que la reprise de la compétition aura lieu "au mieux le 15 juin", voire en juillet-août, le dirigeant stéphanois envisage même un scénario catastrophe pour l'économie des clubs français : "Sans aides de l'État, d'ici six mois, c'est la moitié des clubs pros qui dépose le bilan. Les cinq grands Championnats européens ont déjà perdu quatre milliards d'euros, le Championnat français entre 500 à 600 millions". Un tel scénario est-il vraiment envisageable et quelles seraient les conséquences pour l'OM ? Le Phocéen a posé la question à Vincent Chaudel, économiste du sport et fondateur de l'Observatoire du Sport-Business. Interview :

À quel point peut-on parler de danger pour l'économie des clubs aujourd'hui ?

Vincent Chaudel : "C'est une menace difficile à cerner à l'instant T, car l'actualité change jour après jour. On peut estimer toutefois que tout dépend de la possibilité d'aller au bout du championnat ou pas. Il y a un problème simple de trésorerie, car les clubs continuent d'avoir des dépenses, mais il n'y a plus de recettes. Si le championnat venait à reprendre et à se terminer dans les meilleurs délais, il n'y aurait qu'un décalage de trésorerie. Il n'y aurait pas de problèmes de droits TV, ni de sponsoring, ni de billetterie si on rouvre les stades. L'impact serait donc limité. En revanche, si la compétition se termine en juillet ou en août, comme certains l'envisagent, et que les matches sont à huis clos, les trous dans la trésorerie deviendraient encore plus problématiques. Enfin, si la compétition ne va pas au bout, se rajoute le problème des droits TV avec 25 % en moins, car les télés ne vont pas payer pour des matches qui n'ont pas eu lieu".

Bernard Caïazzo explique que la moitié des clubs pros pourraient déposer le bilan d'ici à six mois sans aides de l'État. Cela vous semble-t-il un scénario envisageable ?

V.Ch : "A priori non, même si je répète qu'on ne peut avoir aucune certitude aujourd'hui. Mais, la décision de l'UEFA de reporter l'Euro semble indiquer que les championnats iront au bout dans toutes les ligues européennes. Ceci dit, Bernard Caïazzo est dans son rôle lorsqu'il alerte sur les pires scénarios et envoie un message à la sphère publique. Le football et beaucoup d'autres secteurs comme le tourisme sont dans une situation fragile, c'est une réalité".

Concernant la situation financière d'un club comme l'OM, déjà en grandes difficultés économiques, peut-on estimer que la situation est encore plus catastrophique ?

V.Ch : "Paradoxalement, c'est peut-être une chance pour l'OM au regard du fair-play financier. Le club est aussi en difficultés par rapport à la DNCG, mais le problème est différent puisque cette dernière sait que l'actionnaire a les épaules pour couvrir les pertes en recapitalisant. Or, le fair-play financier ne tient pas compte de cet élément, car il exige que les recettes couvrent les dépenses. Là, compte tenu de la situation sanitaire exceptionnelle, l'UEFA va forcément desserrer son étau, et c'est d'ailleurs la tendance actuelle. Je ne vais pas dire que c'est une bonne nouvelle pour l'OM, mais c'est une donnée à prendre en compte".

En revanche, pour un OM qui compte sur la vente de joueurs au mois de juin pour combler son déficit, il y a forcément des répercussions ?

V.Ch : "Oui, et c'est le cas pour l'ensemble du football français qui base une grande partie de son économie là-dessus. Le fait que l'on ait nommé le championnat la "Ligue des Talents" n'est pas un hasard. Les clubs français sont dépendants des droits TV et des ventes de joueurs. Concernant cette dernière donnée, les plans seront obligatoirement bouleversés. Ce sera à mon avis le souci majeur de beaucoup de clubs français, et donc de l'OM. Je pense même que Bernard Caïazzo pense surtout à ça dans son scénario".