Même s'il ne fallait pas être devin pour le pressentir, ce que l'on pouvait craindre il y a plusieurs mois est en train de se réaliser. En effet, nombre d'observateurs nous expliquaient redouter un gros coup de mou entre février et mars pour les hommes de Rudi Garcia, compte tenu de la minceur de l'effectif marseillais par rapport au nombre de compétitions dans lesquelles l'OM était engagé. Éliminés prématurément en coupe de la Ligue, les Olympiens ont mené jusqu'à la semaine dernière un train d'enfer avec la course au podium en Ligue 1, la coupe de France et cette Europa League avec ses matches du jeudi redoutés par tous les entraîneurs du continent. Parallèlement, le rival lyonnais a eu le bon goût d'entamer sa chute physique (et psychologique) deux semaines plus tôt et de perdre ainsi le contact avec la troisième place (-5 points sur l'OM), ce qui constitue tout de même une consolation non négligeable. Mais, toujours est-il que l'OM n'échappe pas à la règle, et que les signes de fatigue lancés par ses leaders commencent à se voir comme le nez au milieu de la figure.
Comment pourrait-il en être autrement ? Avec 42 matches et 3 741 minutes au compteur, Adil Rami est le joueur le plus utilisé en Europe, et son compère brésilien Luiz Gustavo le talonne avec 41 matches (3 525 min). Si l'on ajoute le parcours du combattant de Florian Thauvin (41 matches, 3 096 min), on s'aperçoit que les trois acteurs majeurs de la belle saison olympienne arrivent logiquement à court de carburant, et que leurs prestations en demi-teinte face à Nantes (1-1) ne doivent rien au hasard. Une baisse de régime qui n'a pas échappé à Rolland Courbis : "En fait, depuis le match face à Bordeaux, en dépit de la victoire (1-0), on sent que l'équipe faiblit. C'était à peu près le même match que dimanche face à Nantes, à la différence que l'équipe de Ranieri est plus chiante à jouer que Bordeaux".
Alors, comment enrayer cette perte de vitesse ? Il n'y a pas de méthode miracle, sachant que les joueurs ne s'entraînent quasiment plus, se contentant essentiellement de séances de récupération. Une trêve internationale se profile dans deux semaines et permettra au staff de recharger les batteries, mais l'idéal serait évidemment de faire tourner de manière assez radicale les joueurs les plus sollicités. Malheureusement, comme l'explique Rolland Courbis, l'OM aura du mal à choisir cette option : "Bien sûr, il faut discuter sans cesse avec les préparateurs et le staff médical, mais il faut surtout parler avec les joueurs. Les postes sont différents, les degrés de fatigue aussi et il faut prendre ça en compte. Mais dans le cas de Rudi, c'est très compliqué, car s'il y a une différence énorme entre les titulaires et les remplaçants, comment décider de mettre ses titulaires au repos ? En plus, le plus dur reste à venir, car il n'y a plus de match où il peut se permettre de relâcher un peu. Il ne faut pas croire que les Dijon, Angers ou Amiens se laisseront battre facilement dans leur situation".
En gros, les titulaires olympiens vont être obligés de puiser dans leurs réserves jusqu'à la fin de la saison. La faute à un effectif un peu trop juste, taillé pour la Ligue 1, mais guère plus. "Je dis depuis le mois de juin que cette Europa League risque de coûter cher à l'OM, répète Courbis. C'est une belle compétition, mais elle ne rapporte pas grand-chose financièrement et, si elle coûte une qualification en Champions League, le calcul est vite fait. Maintenant, Lyon est dans la même situation, mais l'éventuel regret au soir de la 38e journée, ce n'est pas de se retrouver quatrième, mais de louper de peu la deuxième place derrière Monaco". Pas faux, mais avec la venue de Bilbao qui se profile et la possibilité d'accéder aux quarts de finale de l'Europa League, l'idée de délaisser cette compétition n'est plus une option. Il va donc falloir serrer les dents !