Comme de nombreux techniciens renommés, Rudi Garcia possède une "signature" tactique. Pour ne retenir que ceux qui se sont succédé à l'OM, on se souvient du mythique 3-5-2 de Raymond Goethals, du 4-4-2 à plat de Rolland Courbis, du 4-4-2 en "diamant" d'Eric Gerets, ou encore du 4-3-3 de Didier Deschamps. Un 4-3-3 avec une sentinelle et deux relayeurs qui a longtemps figuré sur le tableau noir de Garcia, que ce soit à Lille, à Rome, ou encore à l'OM depuis son arrivée il y a un an. Mais les difficultés rencontrées par l'OM depuis le début de la saison ont redistribué les cartes, et imposé à Garcia un changement radical vers un 4-2-3-1 bien plus adapté à son effectif, avec notamment un renforcement défensif dans l'axe, ainsi qu'un repositionnement de Dimitri Payet dans un rôle de numéro dix beaucoup plus seyant. Résultat, l'OM encaisse beaucoup moins de buts, en marque beaucoup plus, et a entamé une remontée inatendue vers le podium de la Ligue 1. De quoi ne plus rien toucher jusqu'à la fin de saison ? La logique semble l'imposer, mais l'évolution de l'effectif pourrait bien obliger Garcia à revoir encore ses plans. En effet, avec le retour - ou plutôt l'arrivée - d'un Kostas Mitroglou enfin opérationnel, le coach olympien se voit enfin doté d'un vrai buteur et il serait étonnant de voir encore le Grec sur le banc dimanche soir à Strasbourg. Résultat, Garcia passe d'une pénurie d'avants-centres à un embouteillage en attaque, avec un Germain qui n'est pas venu pour faire banquette, un Njie efficace comme jamais et un Mitroglou qui n'a rien d'un remplaçant. Alors, que faire dès dimanche avec cette nouvelle donne ?
La sagesse et même l'évidence plaident pour un statu quo tactique. En effet, pourquoi changer un schéma gagnant ? Dans ce cas-là, le seul changement serait individuel, avec un Njie de retour sur le banc (ou à gauche) pour laisser place à Mitroglou. Ce remplacement imposerait un jeu moins basé sur la profondeur et plus axé sur les centres dans la boîte à destination du buteur grec. Njie serait alors une solution en cours de match afin de profiter de sa vitesse face à une défense adverse fatiguée. Payet conserverait ainsi son rôle de meneur axial, et Germain pourrait postuler à une place dans le couloir gauche (Ocampos est suspendu), même si ce n'est pas franchement sa position préférentielle. Ainsi, Garcia continuerait de s'appuyer sur un schéma qui semble faire l'unanimité, tant chez les observateurs que chez les joueurs.
Il y a également la solution du 4-4-2, même si ce schéma n'a pas été beaucoup travaillé avec Rudi Garcia. Une option qui aurait l'avantage de faire la part belle aux qualités des attaquants de pointe olympiens arrivés cet été. En effet, Valère Germain est le prototype même du deuxième attaquant, on l'a vu à Monaco. Il pourrait ainsi s'appuyer sur le jeu dos au but de Mitroglou, capable de dévier ou de conserver la balle pour faire remonter le bloc. Là encore, Njie aurait son mot à dire en cours de match, voire en titulaire sur le côté gauche, et l'axe du milieu resterait sécurisé avec la présence de deux numéros six. Mais, il y a un bémol avec l'utilisation de Payet. On a vu depuis le début de la saison que le Réunionnais n'était plus franchement à l'aise dans le couloir gauche, et qu'il était dommage de se priver de ses inspirations derrière les attaquants. Pour résumer, ce 4-4-2 est alléchant, mais peut aussi s'avérer casse-gueule d'un point de vue individuel. Enfin, ultime hypothèse soulevée par Garcia lui-même, un potentiel système à deux pointes, tout en conservant Payet en dix (le fameux losange de Gerets ?)...
Un casse-tête très relatif pour Rudi Garcia, qui préfère certainement cette abondance de solutions aux galères du début de saison. À lui de trancher...
Romain Haering