Après avoir longtemps disparu des feuilles de match de Rudi Garcia, pour cause de "recherche de club", Lassana Diarra faisait mercredi soir face à Guingamp (2-0) son retour sur la pelouse du Vélodrome. Une entrée en fin de match (88e) conspuée, comme il fallait s'y attendre, par le public du Vélodrome. Si l'intéressé n'a pas réagi, l'OM a volé à son secours, par l'intermédiaire de son coach et de son capitaine. "Il porte le maillot de l’OM. C’est se tirer une balle dans le pied que siffler l’un de nos joueurs, estimait Rudi Garcia en conférence de presse. C’est dommage. Nous étions convenus que s’il était encore là le 1er février, il redevenait un joueur de l’OM. Au moins a-t-il retrouvé le goût de la compétition". Même chose du côté de Bafé Gomis, transformé en démineur à l'issue de la rencontre (vidéo) : "En tant que capitaine, je dois aussi protéger les joueurs qui, malheureusement, sont chahutés. Même si on peut comprendre le public, parce que souvent, il n’est pas au courant de tout".
Pas faux. Nous ne sommes pas au courant de tout, mais nous ne sommes pas aveugles non plus. Il n'a échappé à personne que l'OM disposait depuis un an et demi d'un joueur de niveau international sous contrat longue durée, doté d'un salaire très confortable, mais à la disponibilité très relative, même lorsqu'il n'est pas blessé. Et c'est là que le bât blesse. On a bien compris que Diarra cherchait depuis le printemps dernier un contrat et des émoluments à la hauteur de ses attentes. Jusque là, rien de choquant dans un football où l'amour du maillot n'est plus qu'un vague concept servi en cas de besoin. Mais pourquoi ne plus jouer en attendant de trouver mieux ? Pourquoi prendre le risque de passer, de fait, pour un mercenaire au lieu de se montrer sur le terrain ? On peut, d'ailleurs, poser la question aux dirigeants qui avouaient récemment, par la voix de Jacques-Henri Eyraud, avoir consenti "beaucoup d'efforts pour lui proposer de rester dans le projet". Mais quels efforts ? Avoir un joueur qui ne veut plus jouer, perturbé par une amende dont l'OM n'est en rien responsable ? Renégocier un contrat établi avec l'ancienne direction ? Revaloriser son salaire ? Pour le moment, le président n'en dit pas plus : "Ça dépend d’abord de sa volonté. Il faut lui demander. Ce sont deux parties qui décident si elles veulent continuer ensemble et dans quelles conditions", expliquait-il sur RMC.
Cette situation restera incompréhensible pour le public tant qu'il ne connaitra pas les véritables causes d'un cas aussi ubuesque. Dommage, car les supporters sont certainement prêts à pardonner à un joueur si talentueux, qui pourrait tant apporter à son équipe. Il l'a prouvé mercredi soir en seulement deux ou trois touches de balles. Si ces explications ne viennent pas, alors Diarra doit vite rejouer, et bien jouer. Le temps - ainsi que de grandes performances - fera alors son travail. Mais il persistera longtemps ce malaise, ce sentiment de ne pas toujours avoir été respectés, et c'est vraiment dommage...