"Je n'ai pas du tout aimé ce que j'ai vu face à Lorient. Ça ressemble à un suicide collectif...". Le terme est dur et on ne l'attendait pas, mais il est à la hauteur des craintes de son auteur en cette fin d'exercice cauchemardesque. Il faut dire que Vincent Labrune ne s'exprime que très rarement, surtout cette saison, et qu'il n'entre pas souvent dans le commentaire d'après-match concernant les prestations de ses joueurs. Il faut dire aussi que le gag de vendredi face à Lorient est mal passé. Trop gros pour être vrai, il est resté en travers de la gorge d'un public qui ne comprend pas ce qui lui arrive.
Cette équipe que l'on a appris à aimer, voire à adorer durant des mois, s'est-elle délitée à ce point ? Au point de ne gagner que quatre matches depuis le début de l'année, et encore face à des troisièmes couteaux comme Evian TG, Guingamp, Toulouse ou Lens. Le matelas que l'OM s'était constitué lors de la première moitié de saison a agi comme un trompe-l'oeil, et l'on n'a pas forcément constaté les premières fissures au bon moment. Il faut dire que les circonstances, arbitrales notamment, nous ont aussi bouché la vue, laissant penser que la baisse de régime était surtout due aux mauvaises décisions, plus qu'à un écroulement coupable. On peut ajouter également certains cartons revigorants, comme à Toulouse (6-1) ou face à Lens (0-4), qui ont caché la forêt.
Aujourd'hui, le constat fait mal. Cette crise que l'on n'a pas voulu voir arriver nous explose en pleine gueule, et il a fallu quatre défaites d'affilée, rythme généralement réservé aux relégables, pour sentir la déflagration. Dans la recherche du coupable, systématique dans ces cas-là, bien malin celui qui parviendra à mettre la main dessus. Comment s'en prendre à Marcelo Bielsa, lui que l'on a encensé comme personne, parfois à tort, mais souvent à raison ? Qui a réveillé ce club qui perdait un par un ses supporters depuis le départ de Didier Deschamps ? Lui et personne d'autre.
Vincent Labrune ? On ne peut que constater que depuis la mise à l'écart de Pape Diouf en 2011, l'OM s'éloigne lentement mais sûrement du gratin du foot français. Pas en terme d'envergure, puisque sa masse de supporters reste sans égale et que le nouveau stade le démontre tous les quinze jours. Pas en terme médiatique non plus, l'OM restant l'un des sujets préférés des commentateurs. En revanche, sur le plan sportif, si le club échoue une nouvelle fois au pied du podium, et cela semble bien parti, ce sera la troisième fois en quatre ans d'exercice pour celui qui a l'oreille de Margarita Louis-Dreyfus. Un constat d'échec sur lequel il va bien falloir se pencher un jour. Évidemment, la tâche est de plus en plus difficile avec les poids lourds que sont devenus Paris et à un degré moindre Monaco, mais les faits sont là. L'OM, malgré son recrutement actif et onéreux, est en train de sortir du haut du panier, poussé par un concurrent lyonnais qui, lui, ne recrute plus, mais forme des joueurs de très haute qualité, ce qui n'est pas du tout notre cas. En dépit d'un "projet Dortmund" séduisant sur le papier, Vincent Labrune n'est pas parvenu à faire tourner machine sur le plan humain et structurel.
Les joueurs, eux, ont compris que l'OM, en dépit des traditionnels grands discours, restait une formidable étape pour prendre du cash le temps d'un contrat et au rythme d'augmentations généreuses, avant de dire au revoir. Les cas Ayew et Gignac le démontrent une nouvelle fois, tout comme ceux de Mandanda et Nkoulou l'an prochain, et ils sont nombreux à avoir fait de même depuis des années. Un problème de gestion endémique, dans un club où le patron n'est pas le propriétaire et où l'intérêt personnel est roi. Depuis le début de l'ère Louis-Dreyfus, on vient s'y servir, sans souci de retour à l'envoyeur. Les Aulas, Seydoux ou Nicollin n'ont pas que des qualités, mais on ne joue pas avec leur club. Alors qu'ici...