"Labrune est un joueur de Monopoly"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 24/03/2016 à 07:00
Grand admirateur du football Sud-Am en général et de Marcelo Bielsa en particulier, Didier Roustan est devenu l'un des fers de lance du "mouvement bielsiste" sur le net, où il poste ses vidéos à rallonge de Roustan TV, son blog sur Lequipe.fr. Un changement d'image radical, puisqu'on lui reprochait, il y a quelques années, d'être un Parisien parachuté à Marseille, lorsqu'il a débarqué comme commentateur sur OMTV en 2009 pour une saison. C'est justement cette année-là qu'il a fait la connaissance de Vincent Labrune, à l'époque président du conseil de surveillance de l'OM et déjà patron en coulisses du club marseillais. Un Vincent Labrune qu'il ne manque pas de chatouiller ces derniers temps dans ses chroniques et sur Twitter, et qu'il évoque aujourd'hui pour Le Phocéen : "Je le connais assez peu, car je n'étais plus sur France Télé lorsqu'il y était. En fait, je ne l'ai vraiment vu qu'une seule fois, quand j'étais à OMTV. À l'époque de ma signature là-bas, j'avais posé comme condition que l'on fasse un don à ma fondation "Football Citoyen" pour faire des animations avec les gosses des quartiers, ce qui avait été accepté sans problème par Dassier. Voyant que ce dernier me menait en bateau là-dessus, je demande à voir Labrune pour débloquer le truc. On se voit dans un café, on discute pendant deux heures et il me dit 'pas de problème'. Depuis, j'attends toujours (rires). Sinon, le gars n'est pas désagréable, plutôt charmeur, comme on l'entend souvent dans les médias. D'ailleurs, il y a une anecdote assez drôle : lorsque Dominique Grimault m'appelle pour me demander de venir à l'OM, il me dit : "Par contre, Labrune veut absolument que ce soit Christophe Josse, le commentateur aujourd'hui sur BeIN. Du coup, lorsque je vois Labrune, je lui demande s'il n'est pas trop déçu de me voir à la place de Josse, et il me répond : 'Tu es fou, c'est toi que je voulais, alors que Grimault voulait Josse !'. Évidemment, j'ai plutôt tendance à croire Dominique sur ce coup-là, mais ça illustre bien le bonhomme".
Un clin d'oeil au hashtag #Labruneamenti qui a fait fureur le weekend dernier ? Pas tout à fait, mais presque. Disons que les petits arrangements avec la vérité font partie de la panoplie réglementaire de l'expert en communication. "La com', c'est du vent, explique Roustan, et il est très fort pour te vendre du vent. Dans son parcours, il a eu rapidement l'oreille de Mougeotte, de Lelay (TF1) puis celle de Louis-Dreyfus. Il a un don pour communiquer, sauf qu'en football, il y a aussi les résultats, et au bout d'un moment, tu finis par payer tout le reste. Je vois comment il a lâché Diouf, Dassier, Bielsa... Si tu ne t'aperçois pas qu'il est dans l'intrigue, tu te fais avoir. Il joue avec les gens et avec un club de foot comme au Monopoly, ça me paraît évident".
Un jugement qui va dans le sens de la tendance générale, pas franchement favorable au président marseillais ces derniers temps. Mais tout le monde ne voit pas le bonhomme comme ça, et on en revient justement à Dominique Grimault, ancien patron des médias de l'OM et ami de longue date de Labrune. Si le chroniqueur de "Touche pas à mon sport" n'est pas dupe sur les coulisses du château de cartes OM et sur le maître des lieux, il reste assez bienveillant avec celui qu'il connaît depuis une vingtaine d'années : "J'étais directeur des sports de France Télé, et Vincent était notre relation presse. On est devenus amis très vite, même si depuis mon départ de l'OM, je n'ai plus trop de nouvelles. C'est lui qui m'a fait venir à l'OM en 2009 et notre relation était très bonne. Mais ces derniers temps, j'ai l'impression qu'il est isolé, et même qu'il s'est lui-même isolé. Il cumule beaucoup de rôles, président, directeur sportif, entraîneur, recruteur, et l'habit est trop grand pour lui. C'est une situation qui doit lui peser, je le sens très mal à l'aise".
L'OM, justement. Les déboires des dernières semaines semblent avoir porté un sale coup à l'image déjà écornée du président. Un coup fatal ? Peut-être, mais le joueur de Monopoly n'a pas dit son dernier mot pour Roustan : "Il lui reste certainement quelques cartes à abattre. Il peut casser le carnet de chèque pour Sampaoli, par exemple, mais ça finira mal aussi, c'est sans fin. Il veut faire le recrutement, il veut être copain avec les joueurs, avec les journalistes, et c'est à cause de ça que Bielsa ne l'aimait pas. Il est très ménagé par les médias importants, qui relaient ses messages, mais il aura du mal à résister à la pression des supporters". Même sentiment chez Dominique Grimault sur la fin de l'histoire : "On n'est pas président de l'OM à vie. Son chemin est, à mon avis, à l'extérieur de Marseille. Il retournera dans la production, dans les médias, c'est ce que je lui souhaite. Le football, ce n'est pas son métier".
En attendant, Vincent Labrune se concentre sur un autre métier, celui de dénicheur d'investisseurs, voire de repreneurs. Espérons pour l'OM qu'il connaîtra plus de succès dans cette nouvelle voie...