Labrune - Aulas : le match des communiquants
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 25/03/2015 à 16:29
Avant et après OM-Lyon, on n'a parlé que de ça : communication. Après quelques saison en demi teinte, Jean-Michel Aulas revenait sur le devant de la scène les résultats aidant, alors que de son côté, Vincent Labrune se faisait discret. Trop selon les supporters qui lui reprochaient son silence, notamment sur l'arbitrage, peu favorable à son club ces derniers temps. Retour sur ce match dans le match. OM-OL sur la pelouse, et Labrune - Aulas dans les coulisses.
Ces dernières années, l'OL et son président faisaient déjà le buzz en terme de communication avec les fameux communiqués publiés sur le site officiel du club, à peu près sur tout et n'importe quoi, et débutant invariablement par "L'Olympique Lyonnais s'étonne...". Aujourd'hui, le buzz continue, mais le webmaster d'OLweb peut souffler, le patron s'occupe de tout. C'est désormais sur Twitter que Jean-Michel Aulas assure le service après-vente, et pas qu'un peu. Le raïs de Gerland tweete sur tout ce qui bouge. Arbitres, adversaires, journalistes, supporters, et même son propre entraîneur, n'hésitant pas à lui glisser un petit missile sur la non-titularisation de Gourcuff à Caen par le biais d'un retweet en loucedé. Et le pire, c'est que ça marche. Son compte attire plus de 170 000 fidèles et ses supporters se délectent, tandis que ses détracteurs s'étranglent sans toutefois en louper une miette. Des miettes qui peuvent parfois rester en travers de la gorge. C'est le cas du Conseil de l'Ethique, qui l'a convoqué le 30 mars prochain suite à ses propos sur l'arbitrage d'OL-PSG (1-1). Sympa de nature, le Jean-Michel Aulas a toujours un petit mot pour son adversaire avant les matches, soulignant invariablement sa supériorité par rapport à sa juvénile équipe, et bien sûr son statut de favori incontestable, quand bien même son OL domine la Ligue 1, ce qui était le cas jusqu'au weekend dernier. Après les matches également, par exemple pour inviter le Conseil de l'Ethique à ne pas l'inviter tout seul (voir plus bas).
La question est de savoir si cette frénésie digitale est à même d'influencer les différents acteurs du football français, comme le pensent la plupart des supporters marseillais, et comme l'a récemment sous-entendu Vincent Labrune. En clair, M. Bastien a-t-il, consciemment ou non, pensé à Jean-Michel Aulas au moment de prendre sa décision sur le but refusé à Ocampos ? Le Phocéen a posé la question à un ancien président olympien qui a, lui aussi, eu à ferrailler avec le boss lyonnais, Jean-Claude Dassier : "Pour moi c'est du fantasme, même si mon successeur est un homme qui aime fantasmer et qui, à mon avis, dit beaucoup de bêtises sur l'arbitrage, estime l'ex, non sans laisser traîner la semelle en évoquant 'son successeur'. Bien sûr, chacun essaie de se présenter au match suivant avec la sympathie et la bienveillance des arbitres. Mais il faut arrêter de surjouer et de penser que ce sont les arbitres qui font les résultats, même si de temps en temps, le sort d'un match dépend du sifflet, on l'a vu face à Lyon". Même chose du côté d'un autre ex, Christophe Bouchet : "Un arbitre peut être inconsciemment influencé par la taille ou le prestige d'un club, par son bruit médiatique, mais en aucun cas par un président, Aulas ou un autre".
Pourtant, nombreux sont les supporters marseillais qui critiquent le silence de leur président, regrettant les joutes du passé, d'Aulas/Diouf à Tapie/Bez. Beaucoup citent même l'honni Aulas en exemple, reconnaissant qu'il se bat pour son club comme personne, et somment régulièrement Labrune d'en faire autant. Ce dernier a toujours souhaité être un "président à l'anglaise", loin des sunlights des zones mixtes et des timelines de Twitter. Un bon choix ? Là encore, Dassier a son idée : "Je ne veux pas critiquer mon successeur, car je ne serais pas crédible dans ce rôle, mais je pense que quand on est un président qui ne se prend pas pour le directeur sportif ou le coach, le rôle essentiel est d'incarner le club, argumente-t-il, laissant cette fois-ci traîner le coude. Cela veut dire être présent dans les médias. On ne peut pas aujourd'hui prétendre gouverner quand on ne souhaite pas communiquer dans l'univers dans lequel on évolue. Un président doit défendre son club partout où c'est utile, et Aulas est un maître en la matière."
Y compris lorsqu'il s'agit de dénoncer un Payet qui ne lui a rien fait pour l'envoyer devant la Commission de Discipline ? Oui, soupire Bouchet, cela fait partie du package : "C'est une partie de sa stratégie qui est de défendre son club tous azimuts, sur les plans sportifs, économiques, politiques et d'influence. En fait, il attire sur lui la foudre pour que l'on foute la paix à son club. Pendant que l'on parle de lui, on ne parle pas des problèmes de ses joueurs ou de ses entraîneurs, et en plus ça l'amuse ! Les joueurs et entraîneurs du PSG, par exemple, sont beaucoup moins protégés par leurs dirigeants".
Alors, Vincent Labrune doit-il emboîter le pas de son aîné, comme il l'a récemment laissé entendre dans une interview croisée accordée au Parisien ? Difficile, pour Chistophe Bouchet, car les deux hommes occupent des positions différentes : "On n'est pas dans la même dimension. Aulas est un propriétaire de club, ce n'est pas exactement la même chose. Labrune pourrait se mettre en danger vis-à-vis de son actionnaire et ce n'est pas dans son intérêt".
Effectivement, mieux vaut faire profil bas que sonner faux. Reste à trouver le bon équilibre entre en faire trop et disparaître des radars...
V Labrune a perdu1 occasion de se taire Mr Garribian était présent dans ls couloirs é n'a pas pu ne pas entendre D Payet insulter l'arbitre!
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 18 Mars 2015
Que cela soit Ibra ou VL et les joueurs d'OM il y a eu des morceaux d'anthologie qui rendent mes déclarations bien fades pour l'éthique
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) 16 Mars 2015