Huis clos : normal ou trop sévère ?

Vendredi dernier, l'OM s'est enfoncé encore un peu plus dans la crise en s'inclinant face à Lille (1-2) et en déplorant une nouvelle fois la cassure avec ses supporters. Une situation inquiétante qui se traduit cette fois-ci par le huis clos conservatoire prononcé par la commission de discipline de la LFP suite au jet d'un pétard en direction des acteurs du jeu - deux Olympiens et un juge de touche - qui a entraîné une longue interruption de la rencontre. Un huis clos prononcé à la hâte et qui concernera dans un premier temps le prochain match au Vel', mardi prochain face à Bordeaux.

Logiquement, cette décision est mal acceptée par les fans olympiens, déplorant que les agissements d'une seule personne pénalisent l'ensemble de la communauté. Mais à y regarder de plus près, ces mesures conservatoires prises par la Ligue n'étonnent pas les connaisseurs du dossier. Ancien arbitre marseillais, Claude Medam a également été chargé pendant plusieurs années de l'accueil des hommes en noir au Vélodrome. Pour lui, la réaction de la LFP n'est pas une surprise au vu de la situation actuelle : "La commission a pris des sanctions rapides, car la Ligue est forcément au courant de l'ambiance délétère au Vélodrome depuis plusieurs matches. En tant qu'organisateurs de la compétition, ils se doivent d'agir vite, car cette situation ne peut pas durer éternellement avec ce type d'incident à chaque match. Hormis une grosse frayeur et un assourdissement momentané, ce pétard n'a pas trop fait de dégâts, mais il faut quand même prendre conscience de la gravité d'un tel geste. Il ne s'agissait pas d'un pétard pour faire du bruit, comme c'est le cas habituellement. Là, les joueurs et l'arbitre de touche étaient clairement visés, ce qui est beaucoup plus grave. On porte atteinte à l'intégrité physique des personnes. Au vu des images et du rapport des délégués, la commission a pris les choses en main rapidement pour tuer le problème dans l'oeuf".

Encore une fois, ce type d'incident provoqué par une personne isolée plonge un club tout entier et ses supporters dans une situation déplorable, d'autant que le contexte est déjà assez lourd comme ça. Ceci dit, le Vel' ne devrait pas être seul à être sanctionné, comme l'explique Claude Medam : "La personne qui a jeté le pétard peut se faire du souci, car je connais bien le PC sécurité du Vélodrome, et il dispose de caméras capables de zoomer jusqu'à connaitre la marque de cigarette que vous fumez en tribune". Pour le reste, selon L'Équipe ce mardi, la sanction de la commission, qui sera dévoilée une fois l'enquête terminée, ne devrait pas dépasser un match. Un tarif logique pour l'ancien arbitre : "Autant je partage souvent l'avis des supporters de l'OM concernant la sévérité de la commission vis-à-vis du club, mais là, compte tenu de ce qui se passe au stade en ce moment, il y avait vraiment matière à réagir vite. Le huis clos ne devrait pas dépasser un match, et je trouve ça assez proportionné vu ce qu'il s'est passé. On ne peut pas diffuser ce type d'image chaque semaine lorsqu'on organise une compétition. Si l'OM n'est pas capable de régler son problème avec ses supporters, il est normal que la commission prenne les choses en main". Pour ce qui est de la relation entre l'OM et ses supporters, il est malheureusement peu probable de voir la situation se régler aussi rapidement...