Le Chili s'est donc imposé contre l'Argentine en finale de la Copa America aux tirs au but, après un 0-0 pas vraiment au niveau des espérances. Il faut être honnête, le match n'a pas été un sommet du jeu et l'Albiceleste se souviendra sûrement de ce match avec le prisme d'un fiasco nommé Gonzalo Higuain. L'attaquant de Naples, qui a déjà coûté en mai la qualification en Ligue des champions à son club en ratant un penalty lors de la dernière journée de Série A, a foiré la conclusion d'un contre à la dernière minute du temps réglementaire mené tambour battant par Lionel Messi, avant d'envoyer son tir au but dans les tribunes. Entre un Chili qui ne s'était jamais imposé dans cette compétition et qui jouait à domicile et une sélection articulée autour du quadruple Ballon d'Or également sans titre sur la scène internationale, l'enjeu a pris le pas sur le jeu, comme le veut la formule. L'engagement était de tous les instants, mais les actions, elles, se sont faites rares. L'occasion pour certains anti-Bielsa d'ironiser sur cette finale qui avait été présentée samedi comme celle de l'entraîneur de l'OM (il a été le sélectionneur des deux nations). "Ce sont tellement des équipes de Bielsa que les deux vont perdre en finale !" pouvait-on même entendre dans un lieu populaire de Marseille, devant les écrans en plein air, alors que la finale battait son plein. Mais au moment du tir au but décisif d'Alexis Sanchez, la plus belle réponse est venue des supporters chiliens.
Fous de joie, ils se sont rués sur les réseaux sociaux pour exprimer leur bonheur. Et la mention la plus citée au Pays sur Twitter dans la journée n'a pas été à l'honneur des joueurs ou du sélectionneur actuel mais pour le coach olympien : "Gracias Bielsa" est mentionné dans tous les messages, ou presque. Oui, celui que certains présentent en France comme un entraîneur qui n'est là que pour épuiser ses joueurs au maximum avant de laisser le vestiaire exploser après son départ. Cinq ans après avoir quitté la "Roja", sa cote n'a jamais été aussi élevée chez les supporters chiliens. Ce succès, c'est le sien visiblement. Et son successeur, Jorge Sampaoli, n'est pas du genre jaloux : il avouait l'an dernier faire ses footings avec dans ses écouteurs des discours de Bielsa. Pour lui aussi, l'entraîneur de l'OM est à la base de tout. Il faut dire que les deux stars de la sélection, Alexis Sanchez et Arturo Vidal, n'étaient pas grand-chose avant que Bielsa ne les transforme en piliers de son équipe à la surprise générale. Pareil pour le gardien, Claudio Bravo, qui a repoussé la tentative de Banega, pour le défenseur Gary Medel, qui a fait parler sa science de l'engagement toute la finale ou encore Jorge Valdivia, qui cherchera toujours la passe juste plutôt que la frappe bâclée, en témoigne cette superbe occasion de début de match.
Ce match, c'était aussi l'occasion de voir vraiment à l'oeuvre le fameux Charles Aranguiz, ce milieu que toute la ville se plaît à imaginer dans l'entrejeu phocéen, sans savoir si l'opération est réellement réalisable. Force est de constater que le joueur de l'International Porto Alegre au Brésil, qui avait également été lancé en sélection par Bielsa, est à la hauteur de sa récente réputation marseillaise. Il a passé 120 minutes à livrer une bataille sans merci au milieu avec les Mascherano et Pastore sans montrer un seul signe de fatigue. De quoi donner envie de supplier encore un peu plus les dirigeants, et Marcelo Bielsa, de faire un effort pour accueillir ce type de joueur. C'est vrai, la mentalité marseillaise est telle que cette grinta, cette attitude, permettra à une recrue sud-américaine d'avoir beaucoup plus de crédit, et de temps donc pour s'imposer, qu'un Bouna Sarr. Mais puisque cette équipe ne peut décemment plus rêver du titre en Ligue 1, n'est-il pas possible de mettre en place sur le terrain une équipe qui fait rêver le principal actif du club, les supporters ? Por favor, Bielsa...
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