Germain : premier poteau, premier servi
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 06/09/2018 à 07:00
C'est l'histoire d'un joueur discret, généralement donné remplaçant avant le coup d'envoi de la saison, et qui finit souvent par s'imposer naturellement grâce à des chiffres toujours avantageux et à un comportement irréprochable. Ce fut le cas dans la grande équipe de Monaco, aux côtés de pointures comme Falcao ou Mbappé, mais aussi à l'OM la saison dernière, avec 55 matches, 18 buts et 6 passes décisives. Pas mal, pour un garçon que l'on présente généralement comme un second attaquant et compte tenu de la saison "cannibalesque" de Thauvin en terme de chiffres. En fait, Valère Germain n'a fait rien d'autre que ce qu'il sait très bien faire, à savoir, tout ce que lui demande son entraîneur. Et cette saison, après avoir passé son été à attendre le nom du buteur qui allait le mettre sur le banc, le fils de Bruno aura encore son mot à dire, et il est déjà au rendez-vous, comme d'habitude...
Cette propension à donner satisfaction à ses entraîneurs et à ses coéquipiers, Valère la cultive depuis les catégories de jeunes, et plus précisément lors de son arrivée au centre de formation de l'AS Monaco. C'est là où il a développé son incroyable capacité d'adaptation, comme l'explique au Phocéen son ancien coach Bruno Irles : "Lorsqu'il est arrivé à l'âge de 15 ans, on me l'a présenté comme un milieu défensif. En fait, je me suis rapidement aperçu que je pouvais le mettre n'importe où sur le terrain, car il comprenait tous les postes. Du coup, je l'ai fait débuter latéral droit, puis il est passé en défense centrale, en numéro six, en relayeur, puis ailier droit. En fait, il n'y a que dans les cages et au poste d'avant-centre que je ne l'ai pas essayé (rires), mais il était clair qu'avec son intelligence de jeu, on pouvait le mettre n'importe où. Tout cela en a fait un footballeur complet, et c'est en 19 ans qu'on l'a mis devant pour remplacer le titulaire qui était parti à Lille".
Il est vrai qu'au premier regard, le fils de Bruno ne ressemble pas tout à fait à l'idée que l'on se fait de l'avant-centre moderne, puissant, rapide et imposant devant le but. Mais il travaille dans un autre registre, plus fin, plus réfléchi, sans toutefois compter ses efforts durant 90 minutes. Un travail qui paye, puisqu'il a débuté la saison comme titulaire et que les chiffres sont déjà là, avec deux buts en quatre journées. "Il a ce sens inné du déplacement par rapport à l'adversaire et à ses partenaires, explique Bruno Irles. Du coup, même s'il n'est pas très costaud ni très rapide, il bonifie ses partenaires et il est toujours là au bon moment pour offrir une solution ou pour mettre le ballon au fond, car c'est un très bon finisseur avec une préférence pour le premier poteau, là où il faut jaillir. À l'OM, si Thauvin et Payet ont beaucoup d'occasions de but, c'est souvent grâce au travail de Valère. Quand on est entraîneur, on a envie de le faire jouer pour ça, pour son intelligence de jeu et pour son travail pour faire briller ses partenaires. Et même lorsqu'il est sur le banc, on ne l'entend pas, il ne se plaint jamais dans les journaux. C'est le coéquipier idéal et le joueur rêvé pour un coach".
Un joueur qui sait être décisif, comme il l'a été dimanche dernier à Monaco pour offrir une victoire retentissante à l'OM en fin de match. Toujours ce ballon coupé de la tête au premier poteau, très caractéristique du buteur qu'il sait être : "Il faut savoir qu'il est très habile techniquement, et que son jeu de tête est excellent, même s'il ne dispose pas du morphotype idéal pour cela, confirme Irles. Il sait quand et comment couper un centre, et même sur les coups de pieds défensifs, Garcia le positionne toujours en zone au premier poteau pour couper les trajectoires. D'ailleurs, le but de Thauvin à Nîmes part de lui. C'est sa force, il met la tête là où d'autres joueurs hésiteraient à la mettre. Il a des qualités cachées qui font de lui un très bon attaquant". Suffisant pour prendre une nouvelle fois le dessus sur Kostas Mitroglou cette saison ? Pour Irles, la question ne se pose pas en ces termes : "Ils sont deux pour un poste, ce qui n'est pas énorme compte tenu des échéances de l'OM. Et comme Mitroglou n'a pas l'air non plus de faire de vagues, ils peuvent se tirer vers le haut tous les deux. Sans avoir de très grands buteurs, Garcia dispose avec eux de deux éléments très utiles, d'autant que le buteur à l'OM n'est pas forcément l'avant-centre, on l'a vu la saison dernière". Pas faux, mais avec l'arrivée d'un centreur comme Radonjic, la donne pourrait changer. En tout cas, Germain et Mitroglou ont l'air prêts...