Garcia : comment peut-il rester ?
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 30/04/2019 à 07:00
Il est des entraîneurs dont on sait qu'ils finiront par sauter, que ce n'est qu'une question de temps. Dans un passé proche, on savait par exemple que Michel n'irait pas loin, que Franck Passi ne ferait pas de vieux os, et même que Bielsa finirait par péter une durite. Mais, pour Rudi Garcia, on ne sait pas. Ou plutôt on ne sait pas quand, ni comment. Son bilan sportif le condamne, évidemment, et nombreux sont ceux qui auraient pris la porte bien plus tôt dans la saison. Mais Garcia sait se défendre. À tel point qu'il a réussi un tour de passe-passe improbable en se faisant prolonger alors que l'OM enchaînait les défaites et que le mercato s'avérait une nouvelle fois opéré en dépit du bon sens. Alors, d'où vient cette résistance au-dessus de la moyenne ?
Il a représenté le nouveau projet
À cette question, on peut trouver plusieurs réponses. Déjà, au contraire de certains de ses prédécesseurs, Rudi Garcia a un passé et un palmarès, ou du moins des résultats à faire valoir. Pour en revenir à Michel ou Franck Passi (contre qui nous n'avons rien de personnel, ce sont des exemples), ces derniers suscitaient des doutes sur le bien-fondé de leur nomination dès leur arrivée. Ce n'était évidemment pas le cas de Garcia, auteur d'un doublé coupe/championnat retentissant avec Lille et de brillantes saisons à l'AS Roma dans la si difficile Serie A. De plus, il est arrivé dans les valises d'un nouveau projet enthousiasmant, lorsque l'OM renaissait de ses cendres après des années de souffrances. Enfin, il a su résister pour son premier match face au PSG, enrayer la chute de l'équipe, la redresser, puis conduire le club jusqu'en finale de l'Europa League. Autant dire qu'il n'y avait aucune raison de s'en plaindre, et même beaucoup de motifs de s'en réjouir.
Il a été surprotégé
Pourtant, quasiment dans le même temps, une petite musique s'est fait entendre. Celle de son omnipotence en matière de mercato, par exemple, réduisant son directeur sportif Andoni Zubizarreta à un rôle honorifique. Celle, aussi, de son incapacité à imprimer un vrai style de jeu à son équipe, changeant régulièrement de système au gré des résultats. Mais, cette musique n'a jamais été vraiment entendue, étouffée par un certain charisme, mais aussi par un président protecteur. À ne pas vouloir se laisser dicter la conduite à tenir par les médias ou la pression populaire, Jacques-Henri Eyraud a peut-être surjoué dans ce domaine, laissant à son entraîneur le loisir de ne pas se remettre en question, ce qui n'est jamais bon.
Prolongation ou pas, ça sent la fin
Ceci dit, en dépit de cette étonnante résistance et d'un contrat en béton, on ne voit pas comment Rudi Garcia peut passer le cut de la prochaine intersaison. Et si ce n'est pas le souhait de Jacques-Henri Eyraud, ce sont les joueurs qui vont décider pour lui. Pas une seule fois dans la saison on a vu ces derniers se battre pour leur coach, ni pour personne d'autre, d'ailleurs. Dimanche dernier encore, les "promeneurs du dimanche", comme les surnomme désormais René Malleville, ont montré face à Nantes à quel point le sort de leur entraîneur leur était indifférent. Il y a quelques semaines, on entendait même Florian Thauvin affirmer que l'équipe était "nulle" et "n'avait rien à faire en Champions League la saison prochaine". La preuve, si besoin était, que la barre du navire n'est plus tenue. L'aventure Rudi Garcia ne peut donc que se terminer, mais ce ne sera qu'après avoir grillé tous les jokers mathématiques et surtout à l'issue de longues et couteuses négociations. Probablement à la fin de la saison, lorsque son successeur sera trouvé, et peut-être même lorsque l'état-major du club sera redéfini. D'ici là, il reste quatre matches à jouer, un choc face à Lyon à disputer, et peut-être de grosses broncas à encaisser. Celle de dimanche est arrivée directement dans les oreilles d'un Frank McCourt debout dans sa tribune. Nul doute qu'il a bien compris le message...