Fair-play financier, un non-sens pour l'OM
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 07/03/2020 à 12:00
Pourquoi les contraintes imposées à l'OM sont totalement contre-productives.
Sous le coup d'une surveillance accrue par les enquêteurs du Fair-play financier depuis plus d'un an, l'OM vit aujourd'hui sous une contrainte de la part de l'ICFC (Instance de contrôle financier des clubs de l’UEFA) qui rend totalement illisible son avenir à court terme, notamment dans la perspective plus que probable d'une qualification en Champions League la saison prochaine. Après avoir signé avec l'instance un accord de règlement drastique en juin dernier, le club de Frank McCourt se voit dans l'obligation de respecter un déficit maximal de 30 M€ cette saison, puis d'atteindre l'équilibre lors de l'exercice 2020-2021. Autant dire que la mission s'avérait très périlleuse, voire impossible, puisque jeudi dernier, l’UEFA a annoncé que la chambre de jugement de l’organisation européenne allait se pencher sur son dossier. Accusé de ne pas avoir respecté son engagement, l'OM se voit donc exposé à des sanctions. "L’enquêteur principal de l’ICFC, après avoir consulté les autres membres de la chambre d’instruction indépendante de l’ICFC, a décidé de déférer le cas de deux clubs susmentionnés à la chambre de jugement de l’ICFC. L’Olympique de Marseille, actuellement soumis au régime d’un accord de règlement, n’a pas respecté les conditions qui y étaient fixées pour la saison 2019/20". Deux phrases qui pèsent lourd et qui font craindre le pire.
"Si on intime à l'OM de vendre des joueurs avant de songer à recruter, il n'y a plus qu'à se taire et à exécuter"
En effet, comme on a pu le voir ces dernières années, l'ICFC n'hésite pas à mettre ses menaces en applications, et même un géant de Premier league comme Manchester City peut en faire les frais avec son exclusion pour deux saisons des compétitions européennes (le club a fait appel devant le TAS). Le signe que la menace doit être prise au sérieux, comme l'expliquait récemment au Phocéen Thierry Granturco, avocat spécialisé dans le Droit du sport et parfait connaisseur des arcanes de l'UEFA. "C'est une instance composée de spécialistes qui ont un sens de l'humour très limité et qui examinent chaque ligne des comptes de l'OM. On ne peut donc pas y échapper, faute de quoi les sanctions prévues tomberont illico. À l'UEFA, les discussions sont froides, voire glaciales, et si on intime à l'OM de vendre des joueurs avant de songer à recruter, il n'y a plus qu'à se taire et à exécuter". La confirmation d'une menace que l'on connaissait déjà et à laquelle les dirigeants olympiens ne pourront échapper. L'OM devra bien réaliser plusieurs grosses ventes d'ici la fin juin, et on peut imaginer que des piliers comme Bouba Kamara, Morgan Sanson ou Duje Caleta-Car ne feront pas de vieux os en cas de belles propositions. Autant dire que, s'il y participe, l'OM devra affronter la C1 avec les (maigres) moyens du bord.
"C'est idiot, car on empêche une entreprise de grandir en limitant ses investissements"
Evidemment, il y a des règles et les clubs sont là pour les respecter. Au départ, l'idée semble même plutôt belle, quand on pense aux sommes faramineuses dépensées par les géants européens sans aucun encadrement depuis des décennies afin de faire perdurer leur hégémonie sans partage. Mais, quid de ceux qui aimeraient s'inviter dans la danse, qui souhaiteraient rivaliser sportivement ? Aussi vertueuse soit-elle, cette règle du déficit maximal autorisé oppose en fait une interdiction absolue aux clubs qui le souhaitent de se développer, et c'est exactement le cas de l'OM. "C'est idiot, car on empêche une entreprise de grandir en limitant ses investissements, confirme Thierry Granturco. C'est d'autant plus dommage que personne ne doute de la pérennité financière de l'OM. C'est juste qu'à un moment donné, il y a eu plus de dépenses que de revenus, ce qui est normal quand on veut relancer un club. Mais, en limitant son investissement, on est complètement contre-productif". Un parfait cercle vicieux qui pourrait dégoûter Frank McCourt et n'importe quel autre investisseur. L'UEFA leur dit : "Ok pour investir, mais pas plus que ce que vous gagnez". En clair, si vous voulez construire un club qui gagne de l'argent, achetez le Real Madrid, le Barça ou MU qui ont déjà des recettes colossales, mais ne partez surtout pas de zéro. Le serpent qui se mord la queue...
Les sanctions peuvent déboucher sur un blâme, une amende, mais aussi un retrait de points sur la prochaine C1, voire une exclusion
Du coup, l'OM vit aujourd'hui dans le flou le plus total concernant la saison prochaine, alors que les pistes de renforts devraient déjà être étudiées et lancées depuis plusieurs semaines. "Tout est arrêté", confiait d'ailleurs un salarié du club à La Provence hier vendredi. À cela, s'ajoute évidemment le questionnement sur les sanctions qui pourraient tomber prochainement. Elles peuvent déboucher sur un blâme, une amende (au-delà de celle déjà prononcée par l'accord de règlement), mais aussi un retrait de points sur la prochaine C1, voire la très redoutée exclusion comme Manchester City. Au club, on calme le jeu et on écarte le spectre d'une telle sanction. Mais, exclusion ou pas, l'avenir immédiat de l'OM est totalement bouché par le zèle du fair-play financier. Et, qu'on le veuille ou non, cette justice n'est pas aussi juste qu'elle prétend l'être...