Fair-play financier : pourquoi l'OM devrait bien s'en sortir
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 10/06/2018 à 07:00
Flashé par les radars du Fair-Play Financier, l'OM voit ses comptes épluchés depuis plusieurs mois par l'ICFC, l'instance de contrôle financier des clubs, en charge de faire respecter les critères établis par l'UEFA. Un contrôle que l'OM vit plutôt sereinement, car les dirigeants olympiens estiment avoir donné de sérieuses garanties à l'instance, en dépit d'un déficit cette saison justifié par la restructuration du club et, probablement, de nouvelles pertes opérationnelles la saison prochaine. Le cas de l'OM a été étudié par l'ICFC vendredi dernier et l'UEFA devrait rendre ses décisions en début de semaine prochaine.
En attendant, Le Phocéen vous donne quelques clés de compréhension sur le fonctionnement de l'instance avec Thierry Granturco, avocat spécialisé en droit du sport. Interview :
À quel type de sanction l'OM doit-il s'attendre de la part de l'ICFC ?
Thierry Granturco : "C'est assez compliqué, car il n'y a pas de jurisprudence de la part de l'UEFA. Donc, on ne peut pas se baser sur les décisions précédentes concernant d'autres clubs. Le problème avec le football, c'est que les décisions prises sont toujours opportunistes et souvent contradictoires. Maintenant, pour un club comme l'OM, si l'on prend une posture plus politique que juridique comme cela est le cas à l'UEFA, on peut considérer que c'est une première pour le club et que s'il est effectivement en dehors des clous, il y aura sûrement une sanction située dans le bas du barème utilisé. Ce sera un avertissement et éventuellement une amende, pas plus que ça".
On parle d'un "settlement agreement", à savoir un accord de règlement entre les deux parties...
TG : "C'est ça. Quand on est débutant dans la pratique, comme c'est le cas de l'OM, l'UEFA fait preuve de didactisme. Elle reçoit les clubs pour leur expliquer sa politique et attend de leur part des garanties de bonne compréhension pour les années à venir. En gros, si vous échouez l'année 1, on vous gronde avec éventuellement une amende et on attend surtout que tout soit mis en place pour être dans les clous les saisons suivantes. De manière réaliste, c'est certainement ce qui se passe actuellement avec l'OM".
L'OM a-t-il un bon argument avec le changement récent de propriétaire ?
TG : "Oui, car les pertes concernent beaucoup les exercices précédents, c'est pour cela que je suis certain que l'UEFA fait preuve de compréhension. Mais ils vont demander des preuves concrètes de retour à un meilleur équilibre pour les prochaines saisons. L'OM ne pourra pas continuer d'avancer l'argument de la gestion de l'ancienne direction, il devra prouver sa capacité à redresser rapidement la situation pour rester dans le cadre du FPF".
Concrètement, faute de Champions League la saison prochaine, les dirigeants ne pourront pas se lancer dans un recrutement onéreux ?
TG : "Absolument. Les règles permettent un dérapage de 10 M€ par saison sur trois ans, ce qui ne laisse effectivement pas une grande marge de manoeuvre".
En revanche, ce devrait être plus compliqué pour un club comme le PSG, une nouvelle fois sous la menace...
TG : "C'est certain, compte tenu des transferts de Neymar et Mbappé. Malgré les jeux d'écriture comptable, il y a un problème entre les dépenses et les recettes. Ils ont déjà eu ce problème, avec des montants de sponsoring discutables, qui ressemblent à des subventions déguisées. C'est pour cela que leur cas est très différent de celui de l'OM, qui a des recettes certes limitées, mais traditionnelles. Paris semble beaucoup plus haut dans le barème des sanctions".
On parle d'amende négociée pour l'OM. Vous avez une idée de son importance ?
TG : "Non, car encore une fois, il n'y a pas de jurisprudence à l'UEFA. De plus, l'amende est souvent raccord au budget des clubs et aux sommes qui sont en jeu. Si vous dépassez allègrement les sommes autorisées, ce n'est pas comme l'OM qui est hors des clous car il ne pouvait pas faire autrement. Il y a un degré d'appréciation qui est fort de la part de l'UEFA. Si vous êtes de bonne foi, il n'y a pas de raison de mettre en danger un club qui essaie de se redresser. De plus, pour y aller de temps en temps, je sais l'importance du rapport que vous avez avec les instances durant ces réunions. Si vous êtes là pour coopérer, et c'est ce que semblent faire les dirigeants marseillais, la décision sera coopérative. En revanche, si vous faites preuve de condescendance, cela peut beaucoup moins bien se passer".