Fair-play financier : l'OM est-il vraiment hors de danger ?

La scène se passe début mai. En visioconférence avec une quarantaine de supporters triés sur le volet, Jacques-Henri Eyraud répond aux interrogations sur les ambitions et l'avenir du club. L'avenir, synonyme de Champions League pour le club olympien, qualifié de nouveau pour la reine des compétitions européennes après tant d'années d'absence au plus haut niveau continental. Un ticket arraché à l'issue d'une saison réussie par un groupe qui a su répondre à son entraîneur portugais André Villas-Boas après la fin de règne désastreuse de Rudi Garcia. De quoi assurer des échanges paisibles et optimistes, sauf que les supporters ne pensent qu'à une chose : la menace pour l'OM d'un Fair-Play Financier clairement contrarié par les comptes du club. Le stade de la remontrance verbale est dépassé depuis longtemps, puisque l'OM est déjà sous le coup d'un accord de règlement avec l'ICFC (instance de contrôle financier des clubs) depuis un an. Un accord qui court sur quatre années durant lesquelles l'OM va d'abord devoir se mettre dans les clous de la règle des 30 M€ de déficit à ne pas dépasser. Le club écope également d'une amende de 6 M€ à valoir sur les prochaines recettes européennes et d'une limitation des joueurs inscrits sur les listes UEFA (23 au lieu de 25). Pas grand-chose, finalement, si ce n'est la menace la plus importante : la suspension de toutes compétitions européennes si le club reste du mauvais côté de la ligne jaune.

JHE : "Si le Fair-Play Financier devait éventuellement aller jusqu’à une sanction sur la participation à la Coupe d’Europe, cela s’appliquerait sur la saison 2021/22"

Au moment où l'on parle, c'est toujours le cas, et pas qu'un peu. Avec un déficit flirtant avec la barre des 100 M€ et une obligation de vendre pour 60 M€ avant le 30 juin, l'OM reste largement en dehors des clous. Son dossier a d'ailleurs été transmis à la Chambre de jugement de l'ICFC l'hiver dernier, et elle devrait rendre son verdict d'ici quelques jours. Ce verdict, Jacques-Henri Eyraud l'a justement abordé lors de cette visioconférence du mois de mai, et selon lui, l'OM devrait voir passer le boulet sans le prendre dans la figure : "Si le Fair-Play Financier devait éventuellement aller jusqu’à une sanction sur la participation à la Coupe d’Europe, cela s’appliquerait sur la saison 2021/22. Ce n’est pas ce que j’ai lu ci et là, mais on ne va pas passer notre temps à faire des communiqués pour démentir ce qu'on lit dans la presse. Ce ne serait pas pour la saison en cours. Je ne sais pas ce qu’il va se passer, je suis respectueux de la Chambre et des instances qui statueront sur le dossier de l’OM". Une déclaration qui semble indiquer que le président olympien a obtenu des garanties de la part de l'UEFA, ce qui n'est pas impossible, sachant que JHE se débrouille plutôt bien dans les relations avec les instances, qu'elles soient françaises ou européennes.

Un agent : "Je reste inquiet car je vois que rien ne bouge au club et je me demande s'il n'y a pas un rapport avec cette échéance"

Parce que, sans remettre en cause la bonne foi du président olympien, qui a évidemment accès à des informations que nous n'avons pas, il y a quand même de quoi trembler. En effet, en dépit d'une certaine indulgence due à la crise sanitaire, les Turcs de Trabzonspor viennent d'être exclus de toutes compétitions européennes. Un club qui traine un lourd passif avec l'ICFC, certes, mais qui souffre à peu près des mêmes maux que l'OM. Et que dire de Manchester City, géant européen au budget colossal poussé dehors pour deux ans par cette même Chambre de jugement et qui est obligé de se débattre devant le TAS ? Deux décisions qui ne poussent pas à l'optimisme béat, y compris pour l'agent d'un des cadres du vestiaire olympien : "Les joueurs ont eu la même garantie en fin de saison, mais je reste inquiet car je vois que rien ne bouge au club et je me demande s'il n'y a pas un rapport avec cette échéance. Le président a l'air sûr de lui, mais il y a quand même du conditionnel dans ses déclarations. Si une mauvaise nouvelle venait à tomber dans les jours à venir, ce serait catastrophique, y compris pour l'avenir de Villas-Boas". Nous n'en sommes pas là aujourd'hui et il est inimaginable que JHE se soit autant avancé sans garanties. Mais la décision de la Chambre de jugement reste très attendue, et tant qu'elle n'est pas tombée, on continue de croiser les doigts très fort...