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Autour de l'OM

Djibril Cissé et l'OM : c'était le feu

Par la rédaction du Phocéen

Publié le 20/10/2015 à 11:45

Djibril Cissé et l'OM : c'était le feuDjibril Cissé et l'OM : c'était le feu

"A un moment donné, il faut savoir écouter son corps. Et mon corps il dit stop. Mais c'est pas grave, on va faire autre chose". Sur le plateau de J+1, Djibril Cissé a confirmé la fin de sa carrière. De manière plutôt égoïste, le supporter de l'OM pourra en tirer une satisfaction. Si Djib' n'atteint pas son ultime objectif, la barre des 100 buts en Ligue 1, il peut tout de même se targuer d'avoir fait ses adieux dans un stade qui lui est cher. C'était au Vélodrome, le 23 mai dernier. Pour la dernière journée de championnat, l'OM recevait Bastia. Le menu était copieux : il y avait toujours un mince espoir de reprendre la troisième place à Monaco sur le podium. Mais il y avait aussi les adieux de Gignac, d'Ayew et de Rod Fanni. Vidéos des meilleurs moments avant la rencontre, discours avec le micro dans le rond central après, tout était prévu. Au coup de sifflet final, quelqu'un leur vole pourtant la vedette. Ce n'est pas Lucas Ocampos, qui a marqué le plus beau but de la saison pour clore une victoire 3-0 contre les Corses. Ce n'est pas Dimitri Payet, encore éblouissant sur chaque touche de balle, pour finir une très belle saison personnelle. C'est Djibril Cissé. A 34 ans, l'attaquant joue son dernier match avec le Sporting. Printant l'a fait rentrer pour les dix dernières minutes. Au coup de sifflet final, il reste sur le terrain, torse nu, et salue le public. Spontanément, les "Cissé, Cissé" partent dans tous les sens. L'émotion ne sera pas aussi forte quelques instants plus tard, pour la cérémonie programmée. "Vraiment c'est... Je savais que c'était un stade avec du coeur qui n'oubliait pas ses joueurs, et ça m'a fait plaisir vraiment de recevoir cette ovation" lâche-t-il après coup, non sans émotion. Même Marcelo Bielsa ira faire un gros calin à l'attaquant, lui confiant toute son admiration pour son championnat du monde des moins de 20 ans en Argentine, où il avait fait trembler l'Albiceleste de Javier Saviola.

Une première remarquée au Vél

C'est que, à l'époque, Djibril Cissé était considéré, au même titre que le futur attaquant de Barcelone, comme un élément appelé à se disputer le Ballon d'Or dans les années à venir. Un joueur spectaculaire alliant vitesse et puissance. Très vite, dès ses premières percées avec Auxerre, le natif d'Arles fait savoir qu'il porte un club dans son coeur. Comme tout le monde dans la région, il a grandi devant les exploits de l'OM. Pour son premier passage au Vélodrome, l'AJA s'incline lourdement en avril 2002. A la fin du match, Cissé s'en va faire un strip-tease devant les supporters marseillais pour leur laisser son maillot, son short et ses chaussettes. "Je m'en rappelle très bien, assurait l'intéressé quatorze ans plus tard dans la même enceinte. Par contre, j'avais oublié que ça faisait 14 ans. C'est à ce moment-là que je me suis dit qu'il fallait que je joue à l'OM quoi qu'il arrive".  Son nom circule à l'intersaison 2003, alors que l'OM s'apprête à retrouver la Ligue des champions. Mais Guy Roux en demande beaucoup, et, comme pour Boumsong, se sert de Liverpool et de son ami Gérard Houiller pour faire monter les enchères. Un an plus tard, Cissé file donc chez les Reds pour 20 millions d'euros. Il se blesse, gravement, revient, dispute et remporte la Ligue des champions contre le Milan AC. Il se dit que la deuxième saison sera la sienne, mais joue sur l'aile droite avec Benitez. Au mercato, la question d'un prêt à l'OM se pose et alimente les gazettes. Cissé reste finalement chez les Reds, termine la saison par un but en finale et une victoire en Cup pour un exercice à 19 pions. De quoi intégrer l'équipe de France en tant que titulaire... avant de se fracturer à nouveau le tibia lors du dernier match de préparation. Pape Diouf était déjà en négociation pour le faire venir. Il ne renoncera pas. Cissé vient enfin à Marseille, en béquilles et en prêt. 

Deux saisons de buts et de critiques

Son histoire avec l'OM débute vraiment avec la réception de Monaco en décembre. Un match que l'OM remporte en fin de partie sur un but de Niang. Sur le coup, on parle avant tout de la remise de la tête de Djibril Cissé. Qui marque son premier but au Vélodrome le match suivant pour la réception de Saint-Etienne. Un but chanceux, il est à deux mètres du gardien quand le ballon lui rebondit dessus sur corner. Avec Ribéry, Niang, Nasri, Pagis et Maoulida, Cissé régale devant et permet à l'OM de finir second. Auteur d'un bon parcours en coupe de France, il ne se planque pas en finale où il inscrit un doublé, avant de réussir son tir au but. Ses coéquipiers n'ont peut-être pas tous la même envie de remporter un trophée avec le maillot blanc et il doit regarder, larmes aux yeux, Sochaux soulever la coupe. Ca ne l'empêche cependant pas de signer définitivement à Marseille pour cinq ans. Cissé a alors le plus gros salaire de l'effectif. Les regards et les attentes changent. Alors que le club fait un démarrage catastrophique en Ligue 1, il est montré du doigt, lui, l'attaquant qui reste les mains sur les hanches devant et qui gueule sur ses partenaires. En privée, il vit mal la fausse couche de sa compagne. En septembre, l'OM change de coach. Eric Gerets débarque. Au départ, le Belge ne veut jouer qu'avec un attaquant et il préfère de loin Mamadou Niang, plus utile pour le collectif. Cissé encaisse. Mais deux mois plus tard, Gerets opte pour un ambitieux 4-4-2 losange avec Nasri ou Valbuena à la baguette. Devant, il y a de la place pour Cissé ET Niang. Le duo fait un malheur et permet à l'OM de remonter in extremis à la troisième place du classement. Souvent critiqué pour son bagage technique, Djibril se révèle précieux par sa capacité à aller au duel à la tête sur chaque dégagement de Mandanda. Et il y a toujours ses buts, 22 au total sur la saison, comme par exemple ce boulet de canon contre le champion lyonnais. Cela fera 37 buts au total avec l'OM en deux saisons. Et contre toute attente, il n'y aura pas de troisième. 

Un goût d'inachevé

C'est le vrai point noir de sa carrière phocéenne. Sur le banc pour le premier match au Vélodrome, il ne rentre que pour les dix dernières minutes contre son club formateur d'Auxerre. Cissé fait clairement la gueule mais personne ne le remarque vraiment, tout Marseille est dingue de Ben Arfa, le chef d'orchestre d'un OM qui marque huit buts en deux matchs. Quelques heures plus tard, Cissé file à Sunderland. A le voir poser avec l'écharpe des Black Cats, certains supporters sentent le mauvais coup. Titulaire pour la première journée, il n'avait pas marqué, mais avait regalé dans un 4-2-4 à Rennes avec Ben Arfa derrière lui, Niang à sa gauche et Baky Koné à sa droite. Pour le remplacer, les dirigeants prendront un flop, Mamadou Samassa, avant de corriger le tir au mercato en recrutant Brandao au Shakhtar. Il se murmure que Djib' aurait quitté l'OM pour des histoires extrasportives. En attendant, le supporter marseillais a le droit de se demander, avec regrets, jusqu'où cette équipe aurait pu aller avec une nouvelle association Cissé-Niang soutenue par Ben Arfa et Valbuena. Cissé aussi doit peut-être y repenser, lui qui n'aura jamais été aussi fort derrière, à part peut-être lors de son passage au Panathinaïkos. En mai dernier, il préférait retenir les bons moments : "Grâce à Dieu, j'ai eu la chance de faire deux saisons ici et j'en suis très fier". Il y a de quoi.