Deschamps, tout sauf de la "chance" !

"Malheureusement pour moi, mon animal fétiche a eu un peu de retard. Il n’est arrivé que le lendemain, d’où ce tirage sympathique. Mais ne vous inquiétez pas, il est bien de retour". Même Didier Deschamps s'en amuse. C'était après le tirage au sort de l'Euro 2020, lorsque les Bleus ont tiré le groupe de la mort avec le Portugal et l'Allemagne. Mais la légendaire "chatte à Deschamps" existe-t-elle vraiment ?

Le retour de l'animal

Loin de nous le plaisir de nous adonner à de la vulgarité gratuite, mais le terme est ancré dans la culture footballistique de ces dernières années. Et s'il a semblé manqué de chance avec les forfaits de Kanté, Pogba ou Benzema, le tableau de cette coupe du Monde semble être une énième référence à cet animal mystique. Après la défaite de l'Argentine contre l'Arabie Saoudite, les coéquipiers de Messi semblaient se diriger vers les Bleus pour un 8e de finale électrique. Ce seront les Polonais qui succéderont aux modestes Australiens, Danois et Tunisiens sur le parcours tricolore. Après un crunch face à l'Angleterre, le tableau semblait offrir l'Espagne ou le Portugal pour la demi-finale. Finalement, c'est le Maroc ! Sans manquer de respect à notre adversaire du soir, l'aubaine d'offrir à la France une 4e finale de coupe du Monde est réelle. Alors, il ne reste plus qu'à conclure pour devenir le 2e sélectionneur double champion du monde après l'Italien Vittorio Pozzo (1934 et 1938).

"Certains en ont, d'autres en ont moins"

Une légende alourdie par la victoire des Bleus en 2018. Didier Deschamps s'en était de nouveau amusé en mai au micro de BeIN Sports : "Même les étrangers m'en parlent ! Personne ne doit m'offrir de chat, parce que cet animal se trouve à l'endroit où je suis. J'ai des photos. En Russie, elle était là à l'hôtel, on l'a nourrie et tout le monde s'est occupé d'elle, elle était magnifique. Cela m'arrive de choisir mon camp de base parce qu'il y a un chat ! Ca me fait rire plus qu'autre chose. Dans la réussite, il y a une part plus ou moins importante de chance. Certains en ont, d'autres en ont moins". Car oui, plus que de la chance, on peut parler de réussite. La réussite, c'est aussi de savoir provoquer la chance. Mais DD est avant tout un pragmatique inventif. Un modèle d'adaptation. Mais c'est aussi un talentueux, au sens propre du terme.

On ne gagne pas tout ce qu'il a gagné par hasard

En tant que joueur, il a remporté la Coupe du Monde, l'Euro, deux Ligues des Champions, des titres de champion d'Italie, de France. En tant qu'entraîneur, son côté gagneur est encore plus évident. Finaliste de la Ligue des Champions avec Monaco, puis il remontera en Série A une Juventus donnée pour morte avant de faire regagner l'OM, qui attendait un titre depuis 17 ans, et qui en attend un depuis 10 ans. Entre les deux, il en aura récolté six ! Puis, il y a les Bleus, avec une Coupe du Monde, une finale d'Euro et cette demi-finale à venir. Le tout en récupérant les ruines de Raymond Domenech et Laurent Blanc. On peut ceci dit évoquer cet animal fétiche dans ce parcours. Car Deschamps a toujours été là au bon moment. En Equipe de France, par exemple, il récupère une génération dorée faite de Griezmann, Varane ou Pogba, mais aussi celle qui suit avec Mbappé, Upamecano, Tchouaméni...

Finalement, Deschamps est un chat !

Mais Deschamps est aussi un tacticien hors pair, biberonné à différentes cultures, très marquées. Son style oscille, selon le contexte, du jeu à la Nantaise à la rigueur experte de la grande Juve. Sa palette est aussi large et il s'ajuste, avec le talent de poser le curseur au bon endroit. Brandao contre vents et marées ? Champion de France ! Matuidi ailier gauche, ridicule ? Champion du Monde ! Ajoutez à ses inspirations un extraordinaire sens du relationnel pour gérer les égos et vous aurez le cocktail du sélectionneur parfait. Finalement, Deschamps est un chat, qui retombe toujours sur ses pattes, qui se relève plus fort des échecs. Alors plus que de réussite, on peut parler d'inspiration, de mojo. En espérant que les bonnes ondes continuent de le suivre ce soir, puis dimanche, puis encore de très longues années.