Bernès : "Avec Bernard Tapie, Marseille vivait, bouillonnait au rythme de l'OM"
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 08/10/2021 à 01:00
Alors que Marseille dit adieu au Boss ce vendredi, celui qui l'a accompagné durant toute la grande épopée à la tête de l'OM se souvient avec émotion.
Ce vendredi, Bernard Tapie sera inhumé au cimetière de Mazargues dans le neuvième arrondissement de Marseille. C'est toute une ville qui va dire un dernier adieu à celui qu'elle a adoré. À l'époque, Bernard Tapie formait un attelage incontournable avec son directeur général Jean-Pierre Bernès, son bras droit à la tête du club. C'est avec une grande émotion que ce dernier dira lui aussi adieu à son Boss, comme il l'explique au Phocéen.
Le grand OM 1986-1993 et tous ses succès, c'est avant tout le travail acharné du duo Tapie-Bernès. Comment avez-vous vécu la nouvelle de sa disparition ?
Jean-Pierre Bernès : "Avec une immense tristesse, même si c'est sûrement une délivrance, car il a tellement souffert. C'est tout un pan de ma vie qui part avec lui, car nous avons été indissociables durant ces sept années, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Une intensité et une complicité de tous les instants à la tête d'un club que Bernard a rendu immortel. Tous ces souvenirs sont remontés d'un coup, et croyez-moi, des souvenirs, il y en a beaucoup. Je l'ai connu à 29 ans, alors que j'étais un jeune dirigeant et surtout un supporter, et ça vous change une personnalité de vivre ces moments avec un homme pareil. Il m'a appris l'ambition, l'exigence et toutes ces choses qui nous ont permis d'atteindre les objectifs qu'on s'était fixés".
Des souvenirs que tous les Marseillais partagent, tant il a marqué leur vie...
JPB : "Bien sûr, depuis dimanche, je ne pense qu'à ça. J'ai survolé Marseille mercredi en revenant de l'étranger, et tout m'est remonté. J'ai vu la ville, le Vélodrome, le Vieux-Port où son bateau était amarré et où on faisait nos réunions tous les deux, le Sofitel où on a fait tant de mises au vert... j'étais vraiment secoué, tant cette période et cet homme ont marqué ma vie. J'étais supporter depuis mon enfance et je suis devenu dirigeant en 1981, alors que l'OM était sur le point de mourir. On comptait chaque franc qu'on dépensait, on jouait en D2, on se déplaçait en bus... et puis Bernard est arrivé et on a changé de dimension".
Tout ça jusqu'à l'arrivée au sommet de l'Europe !
JPB : "Voilà, l'apothéose. Le jeune supporter que j'étais n'aurait jamais pu imaginer que l'OM serait un jour champion d'Europe. Et il ne faut pas oublier qu'entre 90 et 93, s'il n'y a pas la main de Vata, l'OM fait trois finales de C1 d'affilée, ce qui est complètement fou. On ne peut pas réaliser tout le travail que ça demande, et ça démarre en 1989 avec le fantastique doublé de l'équipe de Gérard (Gili)".
Avec toutes ces victoires, Tapie n'a pas changé que l'OM, il a aussi changé Marseille et les Marseillais ?
JPB : "Tout à fait. Il faut se souvenir à quel point Marseille était une ville bouillante à cette époque, on vivait au rythme de l'OM. Trente ans après, quand je me balade dans Marseille et que je revois des restaurateurs, des commerçants, ils regrettent tous ce temps-là. Avec Bernard Tapie à la tête de l'OM, Marseille vivait, bouillonnait les soirs de match, et on en parlait toute la semaine. C'est l'effet qu'a eu Bernard, car sa personnalité correspondait à cette ville et il nous a décomplexés. Il ne se forçait pas, car il était fait pour Marseille".
On le célèbre depuis son décès, mais en fait, on n'a jamais cessé de le célébrer ?
JPB : "Exactement, il est au sommet de l'histoire du club. Il y a eu deux grands présidents à l'OM : Marcel Leclerc et Bernard Tapie. Le premier a fait de l'OM un grand club français avec les titres entre 69 et 72 face au grand Saint-Etienne, et Bernard l'a conduit au sommet du football européen vingt ans plus tard. Depuis, l'histoire de l'OM continue de s'écrire, et c'est avant tout grâce à eux".