Avec le Vélodrome, l'OM va changer de dimension
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 13/07/2018 à 07:00
Hier jeudi, La Provence estimait que l'OM avait réussi "le meilleur coup du mercato" en récupérant l'exploitation du stade Vélodrome, après plusieurs mois de lutte acharnée avec Arema, filiale de Bouygues et gestionnaire du Vel' dans le cadre du PPP (partenariat public-privé) avec la ville. Il faut dire que les enjeux sont cruciaux, comme n'a jamais cessé de le répéter Jacques-Henri Eyraud dès son arrivée à la tête du club. Les négociations, entamées à l'automne de l'année dernière, ont été tendues, au point de se disloquer il y a un mois et demi avec la fin de la récré sifflée par le patron d'Arema Bruno Botella. Il faut dire que JHE n'y était pas allé de main morte, ne ratant jamais l'occasion de remettre le sujet sur le tapis, et passant même aux menaces en affirmant l'intention de l'OM de construire son propre stade si le consortium ne pliait pas. Des démarches entamées auprès d'un cabinet d'architectes américain étaient même dévoilées. Une charge à la hussarde qui a porté ses fruits, puisque Jean-Claude Gaudin, qui a soutenu le club dans cette bataille, a annoncé hier après-midi en conférence de presse les contours du protocole d'accord entre les deux parties. Dès la signature de l'ensemble des contrats, d'ici l'automne, et jusqu'à la fin du PPP en 2045, l'OM deviendra l'opérateur exclusif de l'enceinte du Boulevard Michelet. "C’est une nouvelle étape à notre projet, s'est réjoui Eyraud. Le stade appartient aux Marseillais, mais l’OM aussi. Notre projet est ambitieux. C’est une pièce qui nous manquait pour l’édifice que nous sommes en train de construire depuis deux ans". Conformément aux souhaits du président olympien, l'OM pourra donc faire du Vel' le vrai stade de l'OM, avec son musée, ses buvettes, ses propres animations et même la playlist rêvée du patron dans la sono les soirs de matches, comme il l'avait laissé entendre au retour du match d'Europa League à Bilbao.
Depuis l'arrivée de Frank McCourt, l'OM rêve d'un stade à l'américaine, un stade qui rapporte et aide efficacement à combler le déficit structurel du club, ce que ne parviennent pas à faire pour l'instant les recettes comme la billetterie, le sponsoring ou les droits télé. Pour JHE, la solution passait par là, comme il le déclarait encore le mois dernier à Capital : "Quand on regarde nos concurrents étrangers et même français, soit ils sont propriétaires de leur stade, soit ils en ont la gestion exclusive". L'OM n'étant pas propriétaire du Vel', il faut donc faire autrement, et surtout mieux, pour en tirer de plus grosses recettes, notamment en terme de billetterie. Par exemple, le PSG, qui exploite le Parc des Princes, pour lutter contre le marché noir lors des gros matches, a décidé d'en tirer profit en lançant sa propre plateforme de revente de billets au lieu de les voir partir sur Ebay ou Leboncoin. Un système malin, quand on sait que l'OM, gros remplisseur de stade par excellence, n'enregistre que 13 % de ses revenus grâce aux jours de matches, contre 19 % au PSG ou 21 % au Barça. Des revenus billetterie appelés à augmenter grâce, aussi, aux loges et salons VIP, l'ensemble de la restauration, le musée, les visites guidées, les concerts et autres événements, et même un projet de tournois réunissant de grandes équipes européennes en périodes de préparation.
Le changement ne sera pas que commercial. Il sera aussi sportif, puisque l'OM peut enfin envisager de jouer rapidement sur une pelouse digne de son rang, ce qui était loin d'être le cas la saison dernière. "Tout le monde sait ce que je pense de la pelouse du Vélodrome, n'a pas manqué de souligner JHE. C’est pour cela qu'avec cette exploitation, nous allons apporter des changements avec un investissement dès cette saison et avec de gros changements la saison prochaine". Une meilleure pelouse, mais aussi un éclairage plus performant et des tribunes aux couleurs de l'OM, pour un investissement annoncé de 7 M€ et partagé entre le club et Arema. Arema qui a obtenu avec cet accord le maintien du niveau de bénéfices dont elle jouit actuellement, alors que l'OM devient, de fait, un club beaucoup plus "bankable" s'il devait être revendu un jour. Bien joué !