Amavi a tout pour gagner son pari

Au fil d'un mercato mouvementé, et souvent critiqué, Jordan Amavi (23 ans) est arrivé à l'OM en toute discrétion. Les yeux étaient évidemment braqués sur les postes d'avant-centre et de défenseur central, et l'arrivée d'un latéral gauche en doublure, voire plus, de Patrice Evra n'était pas franchement l'opération la plus clinquante de ce marché tant attendu. De plus, le nom de l'ancien niçois circulait depuis plusieurs mois parmi les pistes de Rudi Garcia, ce qui réduisait considérablement l'effet de surprise. Du coup, son prêt avec option d'achat (estimée à 10 M€ plus une location de 2 M€ pour la saison) est passé comme une lettre à la poste. Mais, mine de rien, l'OM a mis la main sur l'un des meilleurs potentiels à ce poste, ce qui tranche avec les trentenaires confirmés débarqués à la Commanderie cet été.

Il faut dire que Jordan revient de loin, avec un choix de transfert discutable à Aston Villa, une opération des croisés en décembre 2015, et une saison pénible en Championship. Mais le latéral gauche a réussi à passer outre ce lot de pépins en se refaisant une belle cerise et en retrouvant une place de titulaire en D2 anglaise. De quoi se maintenir dans les tablettes des observateurs et surtout décrocher un contrat au FC Séville, spécialiste des jeunes Français qui montent. Seulement voilà, les médecins andalous ont un doute sur son genou opéré, et Amavi est recalé à la visite médicale. Un diagnostic contesté, et surtout contredit par d'autres spécialistes qui confirment aux dirigeants olympiens que son opération n'est plus qu'un mauvais souvenir. Banco, Amavi est olympien, et le poste de Patrice Evra est enfin doublé, ce dont personne ne se plaindra.

Il faut se rappeler des débuts du natif de Toulon à Nice à seulement 19 ans, lors de la saison 2013-2014. Claude Puel fait appel à lui dès le mois d'août pour un choc face à Lyon, et le garçon se taille petit à petit une place de titulaire. "Il a tout de suite marqué les esprits, se souvient le journaliste niçois de France Info Dominique Poulain. Match après match, il s'affirmait comme un super joueur et n'a eu aucun mal à s'imposer dans cet effectif très jeune dirigé par Puel. Son activité dans le couloir gauche, défensivement et offensivement, était au-dessus du lot, et on en a rapidement fait l'un des plus gros espoirs à ce poste. Mais pour moi, il est parti un peu tôt". Un départ pas vraiment surprenant, car Nice réalisait une très belle opération à l'époque avec un transfert de 14 millions d'euros pour un jeune qui n'avait rien coûté. Malheureusement, si Aston Villa ne devait constituer qu'une courte étape avant le grand saut dans le Big 5 anglais, l'histoire n'a pas été aussi belle, comme l'explique l'agent Damien Comolli : "Il y avait beaucoup d'excitation autour de lui, car son transfert était important, mais il s'est blessé et Aston Villa a fait une saison catastrophique. Après, sa deuxième saison a été moyenne, comme toujours après une opération des croisés. Mais j'ai été surpris, connaissant son talent, qu'aucun club de Premier League ne bouge pour lui. En fait, il fallait attendre qu'il retrouve son niveau et il avait besoin d'une préparation complète cet été. Si on ne regarde que sa dernière saison, ce n'est pas un renfort pour l'OM. En revanche, s'il revient au top, c'est un très bon coup, sans aucun doute. Je pense que dans l'esprit de Rudi Garcia, c'est lui le titulaire à gauche. L'OM s'est souvenu du joueur qu'il était à Nice, et ils ont eu raison".

Des propos de spécialistes rassurants, même si ses premiers pas olympiens n'ont guère convaincu compte tenu de la médiocrité générale des dernières rencontres face à Angers (1-1) et à Monaco (1-6). Mais Jordan Amavi a tout pour gagner son pari, et l'OM aussi.