Les joueurs ont-ils lâché Marcelo Bielsa ? C'est le fameux serpent de mer, et souvent le lot des équipes qui s'écroulent en fin de championnat. Pas toutes, bien sûr, mais lorsque les scores dépassent toutes probabilités, on est en droit de se poser la question. Les "vieux" suiveurs olympiens se souviennent tous des huit buts encaissés par l'OM en 1997 au Stade de Gerland face à Lyon (8-0). Cette équipe avait pourtant de la gueule, mais quelques éléments, excités par la rumeur d'une arrivée de Rolland Courbis la saison suivante, avaient réservé à leur entraîneur d'alors, Gérard Gili, un enterrement de première classe en laissant carte blanche à des attaquants lyonnais qui n'en demandaient pas tant. Deux ans plus tard, le grand Andreas Köpke, gardien transpercé à huit reprises, avait confié à l'auteur de ces lignes avoir ressenti ce soir-là la plus grande honte de son immense carrière. Ses défenseurs l'avaient lâché, et par là-même, leur entraîneur, démis de ses fonctions par la suite. Le siège était libre pour le nouveau prétendant.
Dans la série des scores improbables, les cinq pions encaissés vendredi au Vél' face à Lorient se posent là. On n'ira pas jusqu'à dire que les Olympiens les ont laissé passer volontairement, tant cette défense folklorique semble capable de tout, mais ce score laisse tout de même une grande place au doute. Une chose semble, en tout cas, évidente. Cette équipe qui luttait jusqu'au dernier souffle il n'y a pas si longtemps ne lutte plus. Elle a rendu les armes. Le reste est une question de sémantique. Entre lâcher l'entraîneur et lâcher tout court, la différence est mince, et le résultat est le même.
Reste qu'en agissant de la sorte, on lâche aussi une compétition vitale pour son club et ses supporters. Mais, finalement, est-ce vraiment un problème ? Il y a une vie après l'OM, peut-être même d'ici quelques semaines. La majorité d'entre-eux est-elle encore olympienne ? Pour les Gignac, Ayew, Fanni, c'est déjà plié. Pour Mandanda et Nkoulou, c'est aussi probable, à moins de faire traîner une saison de plus afin de décrocher le jackpot, comme leur collègues sus-cités. La jeunesse fringante du "projet Dortmund" n'a pas non plus beaucoup de souci à se faire, sa principale préoccupation étant d'apprendre l'anglais le plus vite possible, mais sans trop se fatiguer, évidemment.
Reste l'ami Marcelo, canonisé il y a quelques semaines, et moqué dans les grandes largeurs depuis vendredi. Ses soldats ne répondent plus. Il est seul. "Abandonado", comme dirait son mythique traducteur.