À l'OM, derrière, c'est open bar !

On se répète, mais l'OM n'a toujours pas de défense, et pour une équipe ambitieuse, c'est plutôt gênant. À Nantes (2-3), pour la énième fois cette saison, l'arrière-garde olympienne s'est fait bouger dans les grandes largeurs, faisant passer l'attaque des Canaris pour une armada européenne alors qu'elle pointait à la dernière place de la Ligue 1 avec 15 misérables réalisations avant le coup d'envoi du match. Impardonnable et inquiétant.

Plus grave, sur la pelouse de la Beaujoire, les défenseurs marseillais ont affiché, en plus de cette lenteur endémique qui les caractérise, un manque d'agressivité criant, comme l'expliquait Rudi Garcia au coup de sifflet final : "Il y a eu un manque d'engagement de notre part, surtout en première période. Le football, ce n'est pas qu'un sport technique, il faut aussi remporter les duels". Un constat partagé par l'ensemble des observateurs, comme l'ancien défenseur marseillais Johnny Ecker : "J'en discutais récemment avec Seb Perez, et on était d'accord pour dire que cette défense manque cruellement de hargne. Elle ne fait pas respecter son territoire, on le voit sur le deuxième but où Stepinski fait ce qu'il veut dans la surface". Entre son contrôle de la poitrine et sa reprise de volée, Stepinski aurait effectivement eu le temps d'allumer un cigare et de passer un coup de fil, tout cela sous le regard impuissant de trois marseillais. Un je-m'en-foutisme qui rend dingue l'ancien libero olympien Bernard Bosquier : "C'est quand même fou de réussir à marquer deux buts à l'extérieur et de revenir avec une défaite ! Ce deuxième but, ce n'est pas possible que le gars ait le temps d'enchaîner contrôle de la poitrine, du pied, puis reprise de volée dans notre surface avec trois mecs sur le dos. Entre la perte de balle de Cabella et ce gag, ça m'a fait hurler !".

Un discours que l'on a entendu plusieurs fois depuis le début de la saison, mais le problème était connu, identifié, et il suffisait d'attendre le mercato pour y remédier. Raté. L'OM a retapé son côté gauche avec Evra, mais pas son axe, comptant visiblement sur sa paire Fanni-Rolando. Un acte manqué pour Bernard Bosquier : "Ne pas avoir recruté de défenseur central lors du mercato est une erreur, et elle coûte cher, d'autant que ça fait des années que ça dure. Regardez Paris ou Monaco, ils ont des monstres dans l'axe et ils ne sont quasiment jamais en danger". Même constat pour Johnny Ecker : "Globalement, l'OM est fébrile derrière et ça commence par le gardien. Quitte à investir, l'OM a fait une erreur de ne pas recruter un bon défenseur central pour stabiliser cette défense, c'était évident. L'OM met le paquet sur les phases offensives, avec des joueurs rapides, mais une fois le ballon perdu, le repli défensif est négligé, d'autant qu'on ne joue qu'avec un seul milieu défensif. Du coup, les équipes savent quoi faire, avec de longs ballons et des attaques rapides, et les Nantais l'ont très bien fait en jouant dans le dos de nos défenseurs qui manquent de vitesse. Personnellement, je n'étais pas très rapide, mais je me plaçais en fonction de l'attaquant que j'avais en face. Aujourd'hui, on se jette trop vite et on se fait éliminer trop rapidement".

Le mal est fait et il n'y aura pas de mercato de rattrapage. Alors, comment faire pour limiter les dégats ? Changer de tactique ? Densifier le milieu ? Peut-être. Mais selon Bosquier, il y a avant tout un travail de concentration et de réactivité à mettre en place : "On a des problèmes de couverture une fois qu'on est éliminés, ça manque de vitesse et d'intelligence. Prenez Evra qui monte beaucoup, les autres ne font pas l'effort de compenser, ou le font mal. On se fait bouger trop facilement. Je me demande s'il ne va pas falloir jouer avec deux milieux défensifs, car on ne s'en sortira pas comme ça". Garcia l'a fait en cours de match dimanche à Nantes, et on a noté un progrès, même si cela n'a pas suffi. Il ne serait pas étonnant de le voir travailler ce système cette semaine et le tester samedi face à Rennes, d'autant que Fanni et Sakai seront absents, car Paris approche, et si les choses en restent là, ça peut faire encore plus mal...