Lundi, McCourt est propriétaire. Et après ?

La page Louis-Dreyfus va définitivement se tourner lundi prochain, avec ce que l'on appelle le "closing", à savoir la fin des négociations, et la vente de l'OM à Frank McCourt, pour une somme évaluée à 45 millions d'euros. Une semaine symbolique, celle du clasico face au Paris-St-Germain que l'Américain dégustera en tant que nouveau propriétaire, aux côtés de son président délégué Jacques-Henri Eyraud. Mais on ne sait pas grand-chose de ce passage de témoin sur le plan administratif et humain, c'est encore trop tôt, comme l'explique sur le plateau du Talk (vidéo) le journaliste de L'Equipe Mathieu Grégoire : "Il y a le côté symbolique de faire ça avant le clasico, comme l'avait laissé entendre l'équipe McCourt. Mais sur le papier, c'est une question de droit, d'articulation de la holding, de répartition des parts des actionnaires minoritaires comme les 5% que conserve MLD... ce ne sont que des formalités administratives et juridiques".

Pour les bouleversements, sur le plan sportif comme administratif, avec les nombreux salariés que compte l'OM (entre 150 et 200), il est encore trop tôt pour évaluer quoi que ce soit, même s'il semble évident que McCourt va placer ses hommes. Ce qui n'a pas été le cas lors du dernier changement d'actionnaire en date, comme se souvient un ancien dirigeant présent à l'époque de l'arrivée de RLD : "Quand Robert est arrivé, il n'y a pas eu un seul changement d'organisation ni au niveau des salariés, qui étaient à peu près une centaine. Personne n'a été licencié ou remplacé. Aujourd'hui, un nouveau président va arriver et il va appliquer les instructions du nouvel actionnaire sur une éventuelle réorganisation, ce qui n'était pas le cas à l'époque puisque le président, Jean-Michel Roussier, était resté en place".

Reste à savoir quelles seront les premières annonces, notamment sur le plan économique, à l'approche d'un mercato de janvier très attendu. Pour un proche de la LFP qui connait bien le dossier, les chiffres qui circulent sur les investissements à venir n'incitent pas à l'optimisme : "Je suis très surpris, à la fois du prix de la vente et du montant de l'investissement, qui ne correspond qu'à des pertes. Je pense que McCourt n'a pas encore bien mesuré la réalité économique du chantier. Avec 45 millions à l'achat, ce qui est grosso modo la valeur du club, et environ 160 millions d'investissement, ce qui est annoncé, ça me parait très mince. Le capital joueurs n'existe pas, et avec cet effectif, le club perd encore une vingtaine ou une trentaine de millions chaque année. Ca fait quasiment 100 millions de pertes sur trois ans, sans compter les pertes en recettes billetterie, en droits tv. Son engagement financier est, en gros, de 200 millions achat compris, et c'est totalement insuffisant pour monter une grosse équipe. Le club perd de l'argent chroniquement, il va donc devoir couvrir ces pertes sur les trois années qui viennent. Pour faire quelque chose de consistant, il faut mettre 300 millions sur trois ans, il en manque donc la moitié. J'ai le sentiment que McCourt n'a pas mesuré où il mettait les pieds, et je ne serais pas étonné que dans les mois à venir, il soit obligé de se marier avec quelqu'un d'autre pour assurer une vraie solidité".

Une prédiction peu engageante, mais on ne sait rien pour le moment sur le visage définitif de la holding montée par McCourt, si ce n'est qu'il est évidemment l'actionnaire majoritaire. S'il s'est engagé dans cette histoire, ce n'est certainement pas pour perdre de l'argent, ni pour ne pas en gagner lors d'une éventuelle revente. Il n'y a qu'a voir la culbute effectuée à l'époque avec les LA Dodgers. Alors, attendons tranquillement les premières annonces, et surtout les premiers actes qui devraient suivre. Ils nous en diront certainement plus sur ce projet "OM Champion".